Chapitre 24 : Juste une mise au point ✔️🍀

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Je me stoppe net. Je rêve ou Max vient de laisser échapper que je l'agaçais. Quel sale con.

Mon esprit embrumé par l'alcool hésite entre, la rébellion avec l'envie de lui dire que lui aussi m'agace et l'envie de rire.

Ma main est toujours dans la sienne sur sa joue et ses yeux verts me fixent. Il ne dit plus rien et semble gêné par ses derniers mots. Comme s'il en avait trop dit.

Mon cerveau se reconnecte enfin et je réalise : "Putain Léa, je t'aime autant que tu m'agaces, c'est fou".

Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il dit, lui ? Comment ça ? Je pense intérieurement en une fraction de seconde.

"Max ? Tu es sérieux ? " Je bafouille. Je le regarde, et avale difficilement ma salive, mes lèvres sont sèches et j'ai subitement soif. Je passe ma langue pour les humidifier, je suis sans voix, pour une fois.

Max soupire bruyamment et sa main attrape ma nuque d'un mouvement vif.

"Putain..." Il ne me laisse pas le temps de réfléchir ou de dire quoi que ce soit de plus et m'embrasse.

C'est loin d'être un baiser tendre ou romantique. Il est brusque et je ressens de l'urgence dans cette étreinte. Mes mains remontent le long de son flanc pour se glisser sous son t-shirt. Je ne le caresse pas, non, je m'agrippe à lui, ne voulant pas le lâcher de peur de tomber. Où de sombrer.

Il s'écarte de moi vivement. Me laissant complètement hébétée. J'inspire profondément afin de me calmer.

"Il est tard, je vais y aller, on a du travail demain". Il a une voix lasse, l'euphorie de l'alcool a fait place à une voix à peine audible.

Je le regarde et sans lui laisser le temps de dire un mot de plus, je me jette littéralement à son cou pour l'embrasser à mon tour.

"Tu me soûles, je n'en peux plus de toi." Je murmure contre ses lèvres.

Il attrape mes fesses et me soulève, mes jambes viennent immédiatement s'enrouler autour de ses hanches.

"Tu plaisantes, j'espère, tu es insupportable" me glisse t'il en se déplaçant vers le lit. En arrivant au bord du matelas, il me laisse tomber sans ménagement, je perds l'équilibre, mais me retiens avec mes coudes. Je suis affalée sur le lit et lui me toise de toute sa hauteur.

"Sale con". Je murmure.

Il se penche vers moi et s'allonge au-dessus de moi. Il me domine et me regarde dans les yeux.

À cet instant précis, je sais que nous allons franchir une barrière, qu'il n'y aura plus de retour en arrière. Mais je m'en contre-fiche, l'alcool altère nos pensées, le désir, la colère maintenue, la frustration, et le manque de ne pas s'être vu depuis cinq ans est plus fort que tout.

La musique de Barry Manilow "Copacabana" me vrille les tympans. J'ouvre les yeux difficilement. À la recherche de cette source de musique inconnue au bataillon. Je tends la main et tombe sur un torse. Qui n'est vraisemblablement pas le mien vu qu'il n'y a pas de bonnet C sur celui-ci.

En un quart de seconde, les événements de cette nuit me reviennent comme un boomerang. Max. Je grogne une plainte sortie des tréfonds de mon âme. Un geignement de fatigue, de mal de tête et de frustration. Il est trop tôt, beaucoup trop tôt.

Max passe au-dessus de moi, et attrape son téléphone portable qui est sur mon chevet. Il arrête l'odieuse sonnerie. Une pensée saugrenue me traverse l'esprit, depuis quand un militaire mets une mélodie pareille sur son téléphone.

Je sens des lèvres au creux de mon cou, un léger baiser sur mon épaule, et une main qui caresse mon dos en descendant dangereusement sous la couette.

"Je vais y aller, je ne voudrais pas tomber nez à nez avec quelqu'un."

Je réponds d'une petite voix un vague "ok" et referme les yeux. Faisant semblant de me rendormir, hors de question de discuter maintenant, il est trop tôt, vraiment trop tôt.

Max s'est levé rapidement, et me tourne le dos, j'en profite pour ouvrir un œil discret et le mater sans vergognes. Il enfile son caleçon, et j'en profite pour observer cette vilaine cicatrice qu'il a dans le dos. Un souvenir ramené d'Afghanistan. Il met son jean et récupère son t-shirt un peu plus loin dans la chambre, prends ses chaussures à la main et part en fermant la porte discrètement sans faire de bruit.

Je bascule sur le dos, et ouvre les yeux en grand cette fois-ci. Regardant le plafond, je me repasse dans ma tête, la fin de soirée. Son baiser, mon refus de le laisser partir, ouvrant les vannes à une envie réciproque qui couvait en nous. Son corps sur le mien, ses mains sur mes seins, ou dans mon cou. Lui. En moi, sur moi, sous moi. J'en rougirais presque. Incapable de me rendormir avec ses images, je me lève et décide d'aller me passer sous la douche rapidement pour me réveiller complètement.

Sous la douche, je me dis qu'il faudra vraiment que nous ayons une mise au point sur cette nuit. Il est encore marié, bien qu'en procédure de divorce, et nous n'habitons pas la même ville, voir ni le même pays encore moins le même continent. Je ne veux pas me lancer dans une histoire en sachant que je vais y laisser des plumes, voir me brûler les ailes.

Alors que je suis en train de m'essuyer sommairement avant d'enfiler un legging et un t-shirt pour aller courir à la salle de sport de l'hôtel, j'entends qu'on frappe à ma porte.

Je vais ouvrir et y découvre un Hugo blanc comme un linge.

"Hugo, qu'est ce qu'il se passe ? " Je lui demande en m'écartant pour le laisser passer. Par pur réflexe professionnel, je regarde derrière lui pour voir s'il est seul ou n'a pas été suivi. Je referme la porte et me tourne vers lui.

Il ne prononce pas un mot en me tends une lettre. Je l'ouvre et y découvre un message identique à ceux que l'entraîneur a reçu auparavant. Une lettre de menace. Le concernant, mais aussi le reste de l'équipe cette fois-ci. Le psychopathe a encore frappé. Reste à savoir comment cette missive a pu atterrir sous la porte du capitaine de l'équipe sans que personne ne s'en aperçoive.

J'attrape mon téléphone et tape un message rapide pour l'équipe : Code Rouge. Meeting point. ASAP.

Je regarde l'homme qui s'est assis sur mon lit, le visage entre les mains avec ses grands yeux tristes et son visage pâle.

Je m'agenouille devant lui, pose une main sur son genou et lui dit : "Hugo, calme toi, on va retrouver ce mec, je te le jure. Concentre-toi sur ton premier match de tout à l'heure, fais nous confiance, on est les meilleurs. Ton équipe compte sur toi, et un milliard de fans de foot aussi".

Il me regarde et acquiesce sans grande conviction, quand je vois une étincelle apparaître dans ses yeux.

"Tu as raison, Léa, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités" me dit-il en se levant.

Je rêve où il vient de me citer du Peter Parker ? Je rigole et lui dit : "Allez Spiderman, en salle de réunion, on y va".

Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant