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PDV ADAM

Rose s'essuie les larmes et dit encore :

-Je suis désolée, vraiment désolée.

Je voudrais répondre mais lorsque j'ouvre ma bouche, aucun n'en sort.
A vrai dire, je n'ai aucune idée ce que je pourrais dire.

J'ai peur de ce qu'elle pourrait penser à présent.
Me déteste t-elle ?

-Adam, ce n'est pas ta faute, murmure  t-elle comme si elle lisait dans mes pensées. 

-Est-ce que t'en avais envie ?

-Je...oui j'en avais envie.

Un soulagement naissa en moi mais cependant je ne comprenais toujours pas pourquoi elle m'avait repoussée.

Était-ce sa première fois ? Je lui posais donc la question et elle me répondit :

-Oui, mais le problème ne vient pas de là. J'en avais vraiment envie.

-Je ne comprends pas. Tu n'oses pas te montrer nue ? Tu ne veux pas que je te voie plus que ça ?

-Non, non, tu n'y es pas. Écoute, c'est difficile d'en parler. Je ne sais pas si je suis prête.

-Prête à quoi ?

-A en parler.

Un silence grandit entre nous et je vis ses yeux se remplir de larmes pour la deuxième fois de la soirée.

Je me rapprochais d'elle et la pris dans mes bras.

-Rose, ça va aller. Détends-toi.

Elle sanglote et je dis :

-On va y aller tout doucement. Pas maintenant bien sûr, mais quand tu seras prête.

-Merci.

Je souris et l'embrassa prudemment. J'étais rassuré qu'elle ne me repousse pas une nouvelle fois.

J'espère vraiment qu'elle ira mieux.

Nous nous allongeons sur son lit, main dans la main, en silence.

Nous fixons le plafond puis tout à coup, Rose murmure :

-Il y a presque un mois, je me suis fait agressée.

Mon cœur s'arrête.
Je me redresse d'un coup.

-Pardon ?

-Un homme m'a agressée, Adam.

-Mais...

-J'étais à une soirée, me coupa-t-elle. Lorsque je me suis retrouvée seule hors de la maison, un homme s'est approchée de moi et m'a emmenée encore plus loin.

J'écoute tandis qu'elle parle et lui prend de nouveau la main.

-J'essayais de me débattre, de crier à l'aide mais personne ne nous entendait. Tout le monde s'amusait, et il y avait de la musique alors...

Elle s'interrompt puis reprend :

-Il m'a embrassé partout. Dans le cou, sur le visage, le ventre, la bouche, partout. Quand je criais, il se mettait à me frapper pour que je me taise. Et puis, il a commencé à me déshabiller.  J'ai vraiment essayé de me débattre, de le frapper pour qu'il me lâche, mais rien n'y faisait. Il continuait encore et encore. Ses baisers n'en finissaient plus. Il me caressait et avant qu'il n'aille plus loin, il s'est fait assommé par des adultes qui m'avaient enfin entendus.

Des larmes coulent de nouveau sur ses joues, je les essuie et elle me sourit puis continue :

-Ils m'ont aidés, ont appelés un médecin, l'homme s'est fait arrêter mais apparemment, il s'est quand même fait libéré. Et à partir de ce soir-là, tout avait changé. Absolument tout. Je le voyais sans arrêt dans mes cauchemars, je l'ai même vu dans ma salle de bains mais ce n'était que des hallucinations. Et tout à l'heure, je te jure que j'en avais envie, mais ses baisers me sont revenus et j'avais l'impression que c'était lui et je n'ai pu le supporter. Je suis désolée.

-Rose, ne sois pas désolée. Ce n'est en rien de ta faute. Tout est de la faute de cet homme. Tu le connaissais ?

-Non. Vraiment pas.

-Putain.

-Adam, je vais mieux.

-Non, tu ne vas mieux. Regarde, tu es toujours sous son emprise. T'as l'impression qu'il est là partout où tu es !

-Je sais.

-Excuse-moi. Ça m'énerve de savoir qu'un homme ait pu faire une chose pareille. Personne ne mérite ça.

Elle reste silencieuse.

-Quoi ? Tu penses l'avoir mérité ?

-Non. Enfin, je ne sais pas. Il n'arrêtait de me dire que je le méritais, et que tout ça était de ma faute, alors je ne sais pas...

-Rose ! Ce n'est pas de ta faute ! Tu n'as rien fais pour mériter une telle chose ! Je me répète mais je le ferai jusqu'à ce que tu le comprennes ! Personne ne mérite de vivre ça ! Personne !

-Alors pourquoi ?

Je ne m'attendais pas à cette question. Vraiment pas. 

-Rose, c'est tombé sur toi sur du hasard. Ce merdeux était au même endroit que toi cette nuit-là, au même moment. Il a eu envie de coucher avec quelqu'un sans demander l'avis de l'autre personne et t'a vu. Ce n'est pas un coup du destin. C'est du hasard, pur et simple.

Rose a simplement hoché la tête sans grande conviction. 

-Rose, crois-moi.

-Je ne crois pas au hasard.

-Ah oui ? Pourquoi ?

-Je crois en Dieu et au destin. Je crois que malgré toutes les choses qui peuvent prouver le contraire, que Dieu existe et qu'Il a inventé le destin lui-même.

-Dis m'en plus.

Sa vision m'intéresse. Même si je ne suis pas croyant, j'ai bien envie de connaître ses pensées.

-Je pense que Dieu, qui nous créé, donne un destin à chaque individu de la planète. Chaque individu a donc une vie déjà toute tracée.

-C'est intéressant. Mais alors tu crois vraiment que Dieu a voulu te faire subir une telle chose ? Ça semble absurde.

Elle a réfléchi. Puis elle a dit :

-Je sais que c'est étrange, mais peut être qu'Il ne regarde pas vraiment ce qu'indique le destin. Ou alors que c'est comme une épreuve.

-Une épreuve ?

-Oui. Je sais, c'est ridicule.

-Non, absolument pas. Tu as une belle façon de penser.

Elle rougit. Même après avoir pleuré, elle est magnifique.

-Et toi, tu crois en quoi ? me demande t-elle.

-Je crois à la Science, aux hasards, et à l'amour.

-À l'amour ?

-Oui, l'amour est une des plus belles choses au monde.

-J'y crois aussi, à l'amour.

Elle me sourit, et m'embrasse doucement.

-Si tu devais remercier Dieu d'une seule chose, tu le remercierai de quoi ? je lui demande.

-De t'avoir mis sur ma route.

Ne me laisse pas seul Où les histoires vivent. Découvrez maintenant