Ne me laisse pas seul

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PDV ANNA

J'ouvre les yeux et la luminosité me fait mal aux yeux.

Je ne reconnais pas la chambre dans laquelle je suis allongée. Je m'assois et redécouvre les égratignures sur mes bras et les bleus.

Je me lève mais ma tête me cogne. Comme si quelqu'un me donnait des coups de marteaux.
Je me rassieds quelques secondes espérant calmer le mal de tête mais rien n'y fait.
Alors je réessaie, je me lève, j'aligne mes jambes et fais quelques pas.

J'ai de plus en plus au crâne et mes jambes menacent de lâcher.

J'atteinds le miroir près de la porte de la chambre et lorsque je me vois dans la glace, tout me revient.

Je me souviens de tout.
D'absolument tout.

Je me revois avec lui, après avoir essayer de le dénoncer.

Je me revois essayer de me débattre le plus possible pour qu'il me lâche enfin.

Je me revois hurler et pleurer pendant qu'il me frappait.

Je me revois le supplier de me laisser partir et d'arrêter tout ça.

Je me revois essayer de le calmer, ce qui provoquait encore plus de colère en lui.

Je me revois lui donner un coup de pied dans son visage et enfin réussir à m'échapper de son emprise.

Je me revois sortir de la maison, le cœur battant, courant aussi vite que je le peux.

Je me revois arriver chez Tessa, mon visage rougit de larmes et demander de voir Rose au plus vite.

Je me revois lui demander pardon.

Je me souviens de tout.

Et pourtant, j'aurais aimé pouvoir tout oublier.
Tout oublier.

Ou préférer que ça n'était qu'un cauchemar.

Un horrible cauchemar.

Mais en général, les pires cauchemars sont simplement la réalité.

L'horrible et méprisable réalité.

Pourquoi?

Pourquoi le monde est si cruel?

Pourquoi la majeure partie du monde s'envoie de la haine au lieu de s'aimer?

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que j'entends des voix autour de moi.

J'ai l'impression qu'elles sont si proches et si loin de moi en même temps.

Je sursaute lorsque la porte s'ouvre et je rougis lorsque je vois Tessa et Rose rentrer dans la chambre.

Rose me sourit mais je vois bien qu'elle se sent mal à l'aise d'être ici.

Je la connais beaucoup plus qu'elle ne le croit. Et j'aurais aimé apprendre à la connaître encore plus.
Mais mon idiotie m'a prouvé le contraire et m'a éloignée d'elle. Et je le regrette amèrement.

Tessa s'avance prudemment vers moi et le demande :

-Tu vas mieux?

Je reste quelques secondes à la fixer mais voyant son air perdu, je réponds :

-Oui, je viens de me réveiller.

-Tu as mal quelque part?

-Non, non, je mens.

Je ne veux pas abuser de son hospitalité, elle est déjà très gentille de bien vouloir m'accueillir chez elle.

-Bon, tu veux manger un truc? Tu dois avoir faim, tu n'as rien avalé depuis hier soir.