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Les larmes coulent sur mes joues. Je n'arrive pas à me calmer pour les arrêter.

A quoi bon ?

Le policier ouvre la porte et la seconde d'après Adam est là.

Il prend mon visage dans ses mains et m'oblige à le regarder ce qui me fait une fois de plus fondre en larmes. Je crois qu'il l'a compris car il enfouit mon visage sur son torse. Son odeur me calme. Elle  me fait tant de bien.

J'essaie tant bien que mal de reprendre mes esprits, mais ça m'est impossible.

Ce n'est pas lui.

Il n'a pas été arrêté et il est toujours là, dehors, en liberté.

Prêt à sortir à tout moment de sa cachette et à m'attaquer, moi ou même n'importe qui d'ailleurs, à n'importe quel moment.

N'importe qui, n'importe où, n'importe quand.

Et cette idée m'est insupportable.

Cela veut dire que je peux le croiser n'importe quand.

Adam ne dit pas un mot et m'encercle de ses bras. Rien que ça suffit à me faire du bien.

-Respire, respire, Rose. Je suis là.

Ses mots me font penser à notre premier rencontre. Lors du premier jour de cours, lorsque j'ai fais ma crise d'angoisse au lycée. Et je réalise qu'il est là depuis le début.

Depuis le tout début.

Et il n'a jamais cessé de m'aider. Même si ce n'était que des mots ou des gestes, il a su m'aider comme personne d'autre n'a su le faire.

-Merci Adam.

Sans répondre, il m'essuie les larmes du bout de ses doigts et m'embrasse doucement.

J'arrive enfin à respirer normalement et mise à part mon cœur totalement brisé, je me sens mieux et je sens que je peux tout de même réussir à me sortir de cette épreuve.

Adam se lève et me tend la main pour m'aider à me redresser. Debout, je réalise que l'homme n'est plus dans la pièce en face de nous. Tant mieux.

Même si ce n'était pas lui, le fait que cet homme soit un potentiel agresseur face à ses anciennes actions me terrifie. Et je suis ravie qu'il ne soit plus là.

Le policier qui nous a laissés seuls quelques instants revient à nous. Il toque poliment à la porte et entre.

-Vous allez mieux, mademoiselle ? me demande t-il.

-Oui, merci beaucoup.

-Bon, suivez-moi. J'ai quelques choses à vous dire. J'ai aussi appelé vos parents pour qu'ils veillent sur vous. Ils sont dans la salle d'attente et je vais les appeler à se joindre à nous.

Mr Cooper nous laisse quelques secondes et revient avec mes parents.

Ces derniers me regardent et me lancent de regards interrogateurs auxquels je réponds d'un simple hochement d'épaules. Adam leur chuchote quelque chose que je n'arrive pas à entendre, et mes parents acquiescent en me regardant de nouveau, inquiets.

Mr Cooper nous demande de le suivre sans plus attendre et nous demande de nous assoir autour de son bureau de travail.

-Bien, Rose, j'ai appelé vos parents, étant mineure, pour vous interroger une nouvelle fois. Rien de grave, ne vous en faites pas.

Je sens le regard de mes parents sur moi mais je ne bouge pas, je me contente de regarder droit devant moi, de regarder Mr Cooper. Cela me permettra de ne pas flancher une nouvelle fois.

J'en ai marre de pleurer, marre des larmes et de tout ça. J'ai seulement hâte que tout se finisse. Une bonne fois pour toutes.

-Vous êtes prête ?

-Oui.

-Très bien, allons-y. Je voulais vous parler d'Anna. Anna Maria.

Il marque une pause et reprend :

-J'ai appelé chez elle, mais quelque chose de très étrange s'est produit : après plusieurs sonneries, quelqu'un a décroché, j'ai commencé à parler, mais lorsque j'attendais une réponse, personne ne répondait. J'ai donc répété, et une petite voix de fille s'est élevée, elle a commencé à parler mais n'a pas eu le temps de finir, elle a commencé à pleurer et après on a raccroché.

-Vous pensez que la voix appartenait à Anna ?

-Nous avons enregistré l'appel et nous comptons sur vous pour identifier la voix, vous êtes d'accord pour nous aider ? demande t-il.

-Oui, oui bien sûr, je vais vous aider.

-Merci.

Mr Cooper sourit  puis sort un casque audio du tiroir de son bureau, il le branche à l'ordinateur puis me le tend.

-Quand je te fais signe, mets le casque, ça marche ?

J'hoche la tête et attends le signal. Il appuie sur son clavier et sur sa souris puis après quelques secondes, il me fait signe d'enfiler le casque. Je le mets et entends les premières sonneries de l'appel. Comme l'a dit le policier plus tôt, quelqu'un décroche et Mr Cooper commence à parler expliquant la raison de l'appel et la situation. Puis, pendant quelques secondes personne ne parle. Des frottements et des pas se font entendre de l'autre bout du fil et au bout d'une minute, une voix se fait entendre. Puis des pleurs, un cri. Et plus rien.

Je demande au policier de revenir à deux secondes de la fin de l'enregistrement et de ralentir la vidéo. Il accepte et remet la vidéo en route.

"Je v..."

C'est elle, c'est sa voix, je la reconnaitrais entre mille.

C'est Anna.

J'enlève le casque de mes oreilles.

Adam prend ma main et la serre contre la sienne.

-C'est Anna. C'est elle.

-Vous en êtes vraiment sûre ?

-Sûre et certaine, Mr Cooper.

-Bien, merci beaucoup. Je vais aller leur rendre visite. Je vais vous laisser partir. Merci beaucoup de votre aide Rose. Je vous appelle bientôt.

Mes parents se lèvent et serrent la main de Mr Cooper.

-Au revoir.

Le policier nous raccompagne jusqu'à la porte puis ma mère se tourne vers moi et dit :

-Tu as été formidable ma chérie. Mais maintenant, on va bien prendre soin de toi car ça a dû être une dure et longue journée.

Ce n'est pas moi qui vais dire le contraire, alors je les suis, toujours main dans la main avec Adam.

Je suis mes parents jusqu'à la voiture lorsque mon téléphone se met à sonner. Pensant que c'est important, je décroche sans attendre.

-Rose ! C'est Tessa ! J'ai besoin de toi s'il te plaît, viens vite à la maison !

-Quoi ? Mais que se passe t-il ?

-C'est Anna ! Elle est en pleurs, et ne demande qu'à te voir ! Elle est blessée de partout ! Il faut absolument que tu viennes ! Maintenant !

Ne me laisse pas seul Où les histoires vivent. Découvrez maintenant