Ne me laisse pas seul

19

PDV Rose

Je sursaute en entendant mon réveil sonner. Je grimace ne voulant pas me lever et aller au lycée.

La journée de la veille a été longue et j'ai peur de ce que pourrait donner la suite.

Que pourrais-je découvrir sur les agresseurs d'Adam ? Pourquoi ne veut-il pas m'en parler ? Je comprends que ça soit dur pour lui d'en parler mais s'il accepte mon aide il faut m'aider à comprendre. En plus de ça, d'après Claire, ça durerait depuis l'année dernière, ce qui m'inquiète vraiment. Que s'est-il passé pour que ces garçons s'acharnent tant sur lui ?

En voyant l'heure avancer, je me précipite hors de mon lit malgré l'envie d'y rester, puis je me dirige vers la salle de bain, avec des vêtements propres afin d'y prendre ma douche.

Je file sous la pomme de douche qui propulse l'eau chaude et me mets à chanter. J'espère passer une bonne journée.

-Rose, dépêche-toi ! Tu risques d'être en retard si tu restes plus longtemps dans la salle de bains !

Je sors et m'habille puis je descends prendre mon petit déjeuner avec mes parents dans la cuisine.

-Bonjour !

-Bonjour, ça va mieux, chérie ? demande mon père.

-Oui vraiment mieux, on s'est parlés hier soir et ça va mieux.

Je leur demande ce qu'ils ont prévus de leur journée, puis nous continuons de parler de tout et de rien. Ensuite, je me lave les dents et brosse mes cheveux puis je file au lycée avant d'arriver en retard.

Je marche pendant dix minutes avec mes écouteurs dans les oreilles et lorsque je suis presque arrivée, je sens la présence de quelqu'un derrière moi. J'enlève mes écouteurs et fais semblant de ne rien sentir malgré la peur qui me tiraille. Que dois-je faire ?

-Qu'elle est jolie, la demoiselle ! dit-il.

J'essaie de me contenir mais des larmes coulent déjà sur mes joues. Les souvenirs de l'agression me reviennent et j'éclate en sanglots. Est-ce le même homme ?

Je n'ose pas me retourner pour le regarder, que ferais-je s'il me voyait si faible ?

Je comprends comment Adam devait se sentir lors de la bagarre, impuissant.

-Tu es vraiment une coquine, ma belle. Retourne-toi, tu veux bien ?

Il m'attrape le poignet et me force à me retourner.

C'est lui. C'est le même homme.

Je me mets à hurler et essaie de me débattre mais ses mains me tiennent très fort les poignets et je n'arrive pas à m'en défaire.

-Hé, ma jolie, ne t'en fais pas. Je ne pas te faire du mal, en tout cas pas maintenant. Je voulais juste te prévenir, je serai toujours là, même si tu ne me verra pas, je serai là, pour finir ce que j'ai commencé, tu te souviens ? me fait-il avec un sourire en coin.

Mes larmes coulent, encore et encore.

-Allez, bonne journée, rit-il.

Il me lâche le poignet et disparait. Je me laisse tomber sur le sol et mes sanglots doublent et se déversent sur mes joues.

Des passants marchent à coté de moi et me regardent avec un regard de pitié que je n'arrive pas à supporter. Pourquoi ne viennent-ils pas m'aider ? Est-ce que je leur fais peur ?

-Rose ! Que s'est-il passé ?

Tess accourt vers moi, inquiète. Je me sens soudainement honteuse qu'elle me voie dans cet état.

-Rose ? Pourquoi pleures-tu ?

-Ce n'est rien.

-Quoi ? Non, ce n'est pas rien, que s'est-il passé ?

Elle m'essuie les larmes avec ses pouces et m'aide à me lever.

-Viens, on va aux toilettes. On y sera mieux. On pourra aussi te passer de l'eau sur le visage, ça te rafraîchira.

Je la suis jusqu'aux toilettes du lycée, les yeux rougis de larmes.

-Bon, regarde-moi, c'est en rapport avec Adam ?

-Non, non pas du tout.

-Alors c'est à cause de quoi ? De qui ?

-C'est rien, je t'assure.

-Sérieusement, je vois bien que ça ne va pas fort en ce moment, et là je te retrouve en pleurs dans la rue ! Quelqu'un t'a fais du mal ?

Je ne réponds pas et Tessa insiste :

-C'est ça, n'est-ce pas ? Quelqu'un t'a fais du mal ? Parle-moi, je t'en prie.

Je prends une profonde inspiration et me lance :

-Tu te souviens la soirée, juste avant la rentrée ?

Tess acquiesce, alors je continue :

-Au bout d'un moment, à force de danser, j'ai commencé à avoir très chaud, alors je suis sortie quelques instants pour prendre l'air. Je me suis éloignée, loin de la maison, loin de la musique et des cris, assez loin pour que personne n'entende, ni ne voie ce qu'il s'est passé juste après. Je me suis assise près de la cabane tout au fond du jardin. Et je n'ai pas eu le temps de réaliser qu'un homme, que je ne connaissais pas, s'est jeté sur moi et a commencé à m'embrasser. J'étais terrorisée, je ne savais pas quoi faire, j'essayais de me défendre mais j'étais bloquée sous son corps !

Mes larmes sont toujours là, sur mes joues. Tessa s'assied et m'invite à faire de même. Elle pose sa main sur la mienne en guise de soutien, ce qui m'aide à continuer.

-Je criais pour appeler à l'aide, et il se mettait à me frapper pour que j'arrête. Il m'embrassait partout, dans le cou, sur la bouche, sur les joues, sur la poitrine. Il a enlevé son pantalon et enfin, des adultes m'ont aidés. Ils l'ont assommés, puis ont appelés un médecin et mes parents.

-Oh merde. Je suis vraiment désolée, j'aurais dû être là. Rien ne serait arrivé si je n'étais pas occuper à boire ! Merde !

-Tessa ! Ce n'est pas de ta faute !

Elle reste silencieuse un moment et demande :

-Et aujourd'hui, tu l'as revu n'est-ce pas ?

-Oui, c'est la troisième fois que je le vois aux alentours du lycée. Et j'ai eu des hallucinations lorsque je prenais ma douche, j'ai l'impression qu'il est partout.

Et c'est bien son intention. D'être partout.

-Es-tu sûre de ne pas le connaître ? Tu ne l'as jamais vu avant ?

-Non, jamais ou alors je ne m'en souviens plus. Mais je sais qu'Anna le connaît.

-Anna ?

-Oui, je les ai vus ensemble à la sortie du lycée.

-Il faudrait aller lui parler. Il faut prévenir quelqu'un. Qu'il ne s'approche plus de toi.

Tess réfléchit un instant et demande :

-D'ailleurs, comment se fait-il qu'il soit toujours en liberté ? Il devrait être en prison s'il s'est prendre et assommé, non ?

Putain.

Pourquoi est-il toujours en liberté ?

Pourquoi n'y ais-je pas pensé plus tôt ?

J'essaie de me remémorer la soirée pour savoir comment cela se fait-il mais je ne m'en souviens plus.

Le trou noir.

J'avais fais un malaise ce soir là, il a dû s'échapper à ce moment là.