18

1.7K 168 25
                                    

J'avais passé l'après-midi à noircir les pages de mon carnet. Je relisais ce que j'avais écrit, en me demandant ce que j'allais faire de tous ces textes. Je pourrai les donner à Jarod, il saurait quoi en faire, sauf que... Je n'avais aucune envie qu'ils soient interprétés par quelqu'un d'autre que moi, ou... Nocturne... C'était un peu égoïste de ma part, mais je n'étais pas parolier et mes textes correspondaient parfaitement à ce que le groupe faisait. Je me retrouvai à nouveau à réfléchir à la proposition de reformer le groupe.

La sonnerie de mon téléphone me sortit de mes réflexions, je jetai un œil sur celui-ci, j'avais perdu l'habitude de l'entendre sonner. Le numéro qui s'affichait m'était inconnu, je décidai de ne pas répondre, d'ailleurs même s'il avait été dans mon répertoire, je n'aurais pas répondu. J'allai pour l'éteindre quand la petite sonnerie m'indiqua un message vocal. J'allai quand même prendre la peine de l'écouter.


Bonjour Jaden, c'est Jarod. Je suis étonné que tu aies pris la peine de laisser ton téléphone allumé, même si tu ne réponds pas. Bref, j'aimerais que tu passes au studio d'ici trente minutes. J'ai à te parler. Ah, et si toutefois, tu ne viens pas, ne sois pas surpris de voir débarquer.


Il ne me laissait pas vraiment le choix de le voir. J'avais envie de prendre un peu l'air, marcher jusque chez lui me ferais du bien. Je n'avais pas spécialement envie d'écouter ce qu'il avait me dire. Mais, au fond si ça ne plaisait pas, j'étais libre de partir, alors que s'il venait ici, je ne pouvais pas le mettre dehors. Il était chez lui...

*****

Quand j'arrivai derrière la villa de Jarod, ce dernier était installé à une table près du studio, en compagnie de Victor. J'aurai dû m'en douter. Peu importe, au point où j'en étais, je n'avais plus rien à perdre. Une fois à leur hauteur, je lâchai un bonjour du bout des lèvres. Jarod m'invita à m'asseoir, ce que je fis sans broncher. Je sentis le regard de Victor sur moi, celui qui exprimait la compassion et je n'en avais rien à foutre de sa pitié. Parce que lui, il aurait pu aussi mettre son grain de sel quand il avait su que Loan se droguait, mais il n'en avait rien fait. Il ne nous avait même pas écoutés quand on lui avait dit que cela devenait de moins en moins gérable.

-Je vous écoute, dis-je en m'adressant à Jarod.

-J'aimerais que tu me montres les textes que tu as écrits, afin que nous puissions...

-Hors de question, le coupai-je

-Ecoute ce qu'on a...

-Toi ! Ferme-la Victor.

-Jaden !! Cria-t-il.

-Quoi ?! T'as un problème ? Tu peux partir si tu veux. Je ne te retiens pas. Après tout, qu'est-ce que t'as fait quand on t'a dit pour Loan ? Hein ?! Dis-moi ? Tu as fait la sourde oreille. Tu as ignoré le problème. Et t'as vu le résultat ? Alors, ferme-la !

-Loan voyait un psy à ma demande. Je l'emmenai moi-même trois fois par semaine. Il devait commencer une cure de désintoxication après la tournée. Il m'avait promis qu'il diminuerait la dose en attendant. Seulement, il ne l'a pas fait, et je ne pouvais pas être avec lui et surveiller ses faits et gestes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J'ai voulu lui faire confiance, j'ai eu tort.

Quoi ? J'avais dû louper un truc. Impossible, Loan me l'aurait dit, il m'en aurait parlé. Victor racontait n'importe quoi. J'avais de l'estime pour lui, enfin, j'avais eu. Et si je mettais trompé sur son compte.

-Loan ne voulait pas en parler. Tu sais comment il était, tu le connaissais mieux que moi. Il n'aimait pas se dévoiler, même si en apparence, il n'était pas le dernier à faire le con. Le succès l'avait changé. Il n'était plus celui que tu as connu. Il jouait un rôle devant vous, devant toi. Il y a des choses que tu ne sais pas parce qu'il ne voulait pas que je t'en parle. Il ne voulait pas que tu t'inquiètes pour lui.

Nocturne - Jaden - Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant