𝟖 : Feeling

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Changbin
Je me trouvais présentement à l'hôpital. J'abhorrais cet endroit, partout s'exhalaient des effluences artificielles.

Ce lieu était infesté de personnes âgées atteintes de maladies incurables, de médecins présomptueux et pompeux, ainsi que de jeunes infirmières en blouse blanche qui se défilaient devant leurs patients en leur répétant, telle une litanie monotone, qu'ils allaient bientôt pouvoir partir, leur donnant ainsi l'illusion d'une future guérison.

Guérison d'ailleurs inexistante.

L'adolescent qui s'était évanoui devant moi avait vraiment eu l'air mal en point, c'est pourquoi je n'avais pas eu trente-six solutions. Malgré mes réticences et mon dégoût pour l'hôpital, je l'y avais emmené.

J'avais d'abord eu besoin de donner des informations le concernant, mais n'en ayant eu aucunes, j'avais dû improviser. Oui madame, il était bien mon cousin. Non madame, je n'avais jamais remarqué ses blessures auparavant. Son nom et prénom... euh... Seo Yongbok.

J'avais dû inventer par nécessité. J'espérais qu'il comprendrait.

On l'avait ensuite conduit dans une chambre, et j'avais eu interdiction d'entrer avant d'avoir reçu une autorisation. Les infirmières et le médecin des lieux avaient d'abord dû s'assurer de la stabilité de son état.

Ils m'avaient ensuite informé qu'il avait de multiples hémorragies internes, quelques plaies infectées depuis plusieurs jours, ainsi que maintes ecchymoses parsemant tout son corps.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer tout un tas de scénarios différents sur la façon dont il avait pu essuyer autant de blessures corporelles. Tentative de suicide ? Altercation ? Cela m'était impossible d'en être absolument certain.

— Ça ira, m'avait assuré le médecin, l'état de votre cousin n'est pas si grave. Il pourra même repartir demain.

Ce docteur devait probablement avoir une case en moins. L'adolescent était tellement amoché que j'étais certain que ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait le corps couvert d'hématomes.

Finalement, on me laissa entrer dans la chambre. J'aperçus l'adolescent allongé sur un lit, des bandages lui enveloppant les bras, le torse et le ventre.

Et maintenant que je pouvais clairement distinguer son visage, je le trouvais plutôt mignon. Il avait une chevelure châtain, dont les mèches épaisses étaient entremêlées, et de petites taches de rousseur parsemant ses pommettes et son nez délicat. Ses lèvres étaient pulpeuses, et ses traits, parfaitement bien dessinés. Les seules imperfections étaient son œil au beurre noir, et les nombreux bleus qui tavelaient ses joues laiteuses.

Son souffle était profond. Il semblait paisible, trop même.

Mon téléphone sonna soudainement, et je décrochai.

— Allô ?

Putain Changbin, t'es où ? retentit la voix de Chan près de mon oreille, me faisant grimacer de douleur. On avait rendez-vous chez moi pour écrire, ne me dis pas que t'as oublié ?

— Non, il y a juste eu un petit incident.

— De quoi ?

— Je suis à l'hôpital.

Putain ! paniqua Chris. Qu'est-ce que t'as ?

— Pas pour moi, abruti ! Pour un gars que j'ai... trouvé dans la rue, on va dire.

Ah... il va bien ?

— Ouais, on peut dire ça comme ça.

Du coup, j'imagine qu'on reporte ? questionna l'Australien.

Insondables | ˢᵗʳᵃʸ ᵏⁱᵈˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant