𝟐𝟖 : I'll Be Your Man

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Changbin
À peine effleurai-je les lèvres de Felix qu'il s'écarta brutalement, comme si ce contact l'avait brûlé. Je cherchai alors à m'excuser, mais il sortit en courant de la chambre sans me lancer un seul regard.

Mon cerveau tarda à comprendre, mes neurones étaient en ébullition. J'avais tenté d'embrasser le châtain, et lui était parti.

J'avais fait fuir Lix. Tout était de ma faute, une fois encore. Je n'étais vraiment qu'un connard, j'avais profité de notre proximité pour assouvir un besoin que je venais tout juste de découvrir.

Le pire, c'était que je ne parvenais pas à regretter mon geste. J'avais aimé, beaucoup plus que les quelques autres baisers que j'avais donnés dans ma vie.

J'aimais Felix.

Et à cause de moi, il avait détalé. Mais je n'allais pas le laisser s'enfuir. J'allais le rattraper et m'excuser, et tout allait redevenir comme avant.

Je repris mes esprits et, déterminé, m'élançai dans les escaliers, bousculant ma mère au passage.

— Maman, t'as vu Felix ? demandai-je, le souffle court.

— Oui, il vient de sortir de la maison. Il avait l'air plutôt pressé, d'ailleurs.

— Merde !

J'ouvris violemment la porte d'entrée et me précipitai au-dehors, mais il n'y avait aucune trace du châtain.

Mon regard fureta en direction des allées désertes.

Felix avait disparu.

Moi :
Lix je suis désolé
S'il te plaît
Pardonne-moi
Reviens
Je suis inquiet
Réponds-moi...

Je retournai à la maison et me mis à tambouriner contre la porte de la chambre de Chris.

— Chan !

Elle s'ouvrit sur un Australien courroucé qui me foudroya du regard.

— Quoi ?!

— S'il te plaît, viens m'aider...

Ma voix se brisa et je fondis en larmes devant sa mine alarmée.

Felix
Je ne pouvais pas.

Je ne pouvais pas me laisser aller.

Il avait dû se tromper.
Il n'aurait pas dû faire ça.
Jamais.

Mais je ne pouvais pas lui en vouloir, car c'était de ma faute, tout de ma faute.

J'aimais Changbin.

Il était ma force.
Il était ma faiblesse.

Il était tout pour moi.

Il m'avait sauvé des millions de fois, et moi, je n'avais jamais su lui rendre la pareille. Je n'étais qu'un pauvre être faible et misérable, condamné à être délaissé une fois encore.

Changbin valait mieux, méritait mieux que moi. Pas parce que j'étais un garçon, mais parce que j'étais moi, Lee Felix.

Il méritait absolument n'importe qui, mais pas l'être méprisable et hypocrite que j'étais.

C'était absolument impossible qu'il soit attiré par moi.

Je n'étais rien, je ne valais rien par rapport à Changbin.

J'étais aussi fragile que du verre, aussi abject que ma conscience était pourrie.
Je me sentais dépressif, je m'éteignais petit à petit.

Le noiraud était ma seule source de joie, de lumière.

Je m'étais promis que je ne lui ferais pas l'insulte de l'aimer.

Mais c'était trop tard.

J'étais tombé pour lui, et ce depuis notre toute première rencontre.

Mais lui... lui ne l'était probablement pas.
Jamais.

Il ne pouvait pas.
Il ne devait pas.

Et s'il en était persuadé, je l'en empêcherais, pour son bien.

Changbin
Felix ne m'avait pas répondu. Il n'avait même pas lu mes messages.

Ma conscience n'était plus qu'une tornade de culpabilité et d'inquiétude.

J'arpentais ma chambre en me mordant la lèvre inférieure sous la nervosité. J'étais anxieux, je ne cessais de me triturer les doigts, de tapoter sur les touches de mon portable dans l'espérance d'une réponse.

En vain.

Rester oisif me tuait, j'avais besoin de sentir que je faisais quelque chose d'utile.

— Changbin, sérieusement, calme-toi, lança Chan, m'observant depuis le sofa.

— Je ne peux pas ! criai-je. Je dois le retrouver, je ne veux pas qui lui arrive malheur...

Lorsque mes yeux se remplir de larmes, Chris s'approcha de moi pour m'étreindre.

— Viens, on va continuer à chercher, murmura-t-il avec compassion.

J'opinai de la tête et nous sortîmes tous les deux de la maison.

Nous fîmes le tour des quartiers aux alentours, nous demandâmes aux gens s'ils avaient aperçu un adolescent châtain. Mais Felix semblait s'être complètement évaporé de la surface de la terre.

Complètement désespéré, une idée avait ensuite fini par germer dans mon esprit, et aussitôt, je me précipitai vers la demeure de celui qui m'était cher, Chan sur les talons.

Je secouai frénétiquement la poignée, mais la porte était fermée.

— Merde ! jurai-je entre mes dents.

J'avais un pressentiment étrange qui me disait que Felix était passé chez lui : il fallait absolument que j'entre.

Me rappelant brusquement que les gens avaient tendance à cacher leurs clés juste devant le perron, je me mis à fouiller sous le paillasson, dans les pots de fleurs, derrière les statuettes décoratives.

Finalement, je la trouvai.

J'ouvris la porte et nous pénétrâmes à l'intérieur de bâtisse. Je passai en long et en large toutes les pièces du rez-de-chaussée avec l'aide de Chris, mais elles étaient toutes désespérément vides.

Je montai à l'étage et finis par trouver sa chambre. Une expression indescriptible se peigna sur mon visage lorsque mon regard tomba sur son lit.

Entre ses draps de lin, une feuille de papier était repliée. Dessus, un mot était écrit au stylo. L'écriture était tremblotante, cela avait probablement été fait à la va-vite.

Je m'approchai et la saisis entre mes mains.

Changbin, lus-je alors.

Je dépliai la feuille avec anxiété.

Insondables | ˢᵗʳᵃʸ ᵏⁱᵈˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant