Les Prodiges des Valar

Chapitre 12 - Mauvaise vision.

       Métamorphosée en Léopard des Neiges, Elërinna marchait à travers les arbres de la forêt. Il faisait encore nuit, mais la jeune femme n'en avait rien à faire, car malgré la présence de son épaisse fourrure tachetée, on pouvait voir des sillons tracés par des larmes. Ce n'était pas dans ses habitudes de pleurer sans aucune raison, mais depuis quelques jours, elle faisait des cauchemars plus horribles les uns que les autres. Sur ce qui s'était passé à Amon Sûl, dans le Moria contre les Orques et le Balrog et sur ce qui pourrait certainement arriver dans le futur. Dans ses cauchemars, elle voyait tout le monde mourir et la Terre du Milieu rongée par le mal sombre répandu par Sauron. Parfois, Elërinna rêvait même que la planète Terre était atteinte par le Seigneur des Ténèbres et que là-bas, tout le reste de sa famille, sa meilleure amie et les autres personnes qu'elle connaissait, étaient réduits en esclavage ou bien tués sans aucune pitié. Tous ces cauchemars étaient particulièrement traumatisants et à chaque fois, elle se réveillait, en pleure et en sueur, puis, ne voulant pas déranger ses deux frères aînés, la jeune femme sortait de la maison et se transformait en Léopard pour marcher seule dans les alentours de Caras Galadhon. En temps normal, Elërinna aurait eu peur de se promener toute seule et de plus la nuit, mais il y avait quelque chose dans le royaume elfique. Quelque chose l'empêchait de prendre ses jambes à son cou et de partir en courant pour se cacher sous sa couette en attendant le petit matin. Enfonçant ses larges pattes dans la terre humide du sol recouvert de feuilles mortes, Elërinna se ratatina sur ses pattes arrières pour bondir sur une esplanade en pierre sortant du sol, juste au-dessus d'un petit cour d'eau. Tout en s'allongeant au bord du rocher pour laisser ses deux pattes avant pendre dans le petit vide qui la séparait de la rivière. La Prodige fixa l'eau qui s'écoulait calmement. Être ainsi transformée en son animal préféré, en face d'une rivière et avec le calme de la forêt, la jeune femme se sentait... Reposée,mais aussi très mélancolique. Dans sa mémoire s'imposa l'image de sa meilleure amie, assise devant son lit avec son ordinateur portable blanc posé sur la couette. Une grosse larme roula sur sa joue féline avant que le craquement d'une branche ne la fasse sursauter. Méfiante, la jeune femme se releva et regarda tout autour d'elle, avant de s'arrêter et de lâcher un soupir en se rallongeant.

- Vous devriez être chez votre frère, en sécurité, dit la voix de la personne ayant fait craquer la branche.

- Cela m'étonnerait fortement que les Orcs de la Moria s'aventurent dans votre forêt, elle est très bien garder.

Dans son dos, Haldir ne répondit pas et l'argentée se demanda s'il était parti, la laissant donc tranquille pour qu'elle remette ses idées en place, mais elle fut étonnée de le voir s'asseoir sur le bord du rocher à côté d'elle. L'Elfe était assez étrange et Elërinna devait avouer qu'en-dehors des fois où ils s'étaient rentrés dedans, elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de discuter avec lui. Pourtant, le blond semblait très proche de Lenwë. Perplexe, la jeune femme garda sa forme de Léopard,mais observa du coin de l'œil Haldir, se demandant pourquoi le Capitaine des Gardes ne s'en allait pas.

- Comment trouvez-vous la Lothlórien ? lui demanda soudainement l'immortel, la prenant de court.

- Eh bien... commença Elërinna avec hésitation, j'ai vu peu de lieux de ce monde, juste la Comté, Fondcombe et la Moria, avec maintenant votre royaume. Mais je crois que de tous, la Lorien est le plus beau, bien que j'ai beaucoup apprécié la Cité du Seigneur Elrond.

- Vous n'avez pas d'endroit comme ceux-là chez vous... ?

- Chez moi... répéta-t-elle lentement, son cœur se serrant douloureusement, ils se font rares... Très rare, je n'ai jamais eu l'occasion de les voir.

Et pourtant, elle aurait aimée. Ses plus grands rêves avaient toujours été d'aller voir des temples Maia, de découvrir les pyramides de Guisé, de faire un voyage dans plusieurs pays de l'Est pour découvrir des trouvailles archéologiques et d'aller au Japon avec sa meilleure amie. Mais malheureusement, maintenant, elle ne pouvait plus le faire. Elle griffa la pierre à l'aide de ses longues griffes acérées.