Chapitre 33 : Eden

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Tout le monde essaie de me faire sa petite morale et je n'en peux plus. « Cette fille ne te méritait pas », « Tu peux trouver beaucoup mieux », « C'est une garce » ... mais ce qu'ils ne comprennent pas c'est qu'elle me manque réellement.

Je sais que c'est fini, je ne suis pas stupide ni un harceleur, je ne vais pas la poursuivre jusqu'à ce qu'elle change d'avis. Mais j'ai besoin de temps pour accepter qu'elle ne fasse plus partir de ma vie.

Rien que d'entendre son prénom me met dans une colère noire. Elle aurait dû me dire en face ce qu'elle voulait vraiment, autrement dit, retourner avec son ex...

Jay, Cruz et Charly entre dans le studio d'enregistrement alors que je suis toujours perdu dans mes pensées, allongé sur ce putain de canapé. Je n'ai pas le courage d'enregistrer la chanson avec Deborah, mais Paul me dit qu'il faut au moins que j'essaie...

– Alors mec, toujours dans tes pensées ? me demande Cruz.

– Déborah et les ingénieurs du son vont arriver dans cinq minutes Eden, il faudrait que tu te bouges, me rappelle Jayden.

J'arrive tant bien que mal à m'asseoir pour ne pas montrer que ma vie est devenue un enfer depuis presque trois semaines, même si je pense qu'ils s'en sont rendu compte.

Quelques secondes après les autres, Paul entre accompagné de mes ingénieurs du son.

– Comment ça va Eden ? Me demande Paul toujours inquiet pour moi.

Je déteste me voir comme ça, comme une loque. En fait, j'en ai tout simplement marre de ce que je vis. J'ai envie d'autre chose, mais j'ai l'impression d'être coincé dans ce corps d'Eden Parker et de ne plus pouvoir en sortir.

– Ça va.

Je réponds sans grande conviction dans la voix. De toute façon à quoi bon, il me connait par cœur.

Alors que tout le monde commence à discuter et rigoler, je prends à part Charly et m'éloigne légèrement pour que personne n'entende.

Après avoir regardé une dernière fois qu'une oreille indiscrète ne traînait pas, je lui demande :

– Tu l'as recherché ?

Je sais que je ne devrais pas, mais j'ai juste besoin de savoir où elle habite et si elle va bien. Je ne compte pas aller lui parler, elle a pris sa décision et je m'en tiendrais là.

– Non, désolé Eden. Je n'ai rien trouvé sur elle.

– Pourtant son père bosse dans l'immobilier, il doit être connu ?

– Je continue les recherches mais New York est tellement grand...

Je soupire en baissant la tête. Je me doutais que ça ne serait pas facile. Je pourrais demander à sa cousine, mais je ne veux pas qu'Aria apprenne que je la recherche.

– Ok merci Charly.

Je n'en peux plus de me sentir mal, il faut que je fasse quelque chose pour me la sortir de la tête.

Alors que Charly était sur le point de rejoindre les autres, je le rattrape par le bras et m'approche de son oreille. Encore une fois avant de parler, je fais attention que personne ne m'entend.

– Prépare-moi une fête pour ce soir. Avec tout ce qu'il faut. Et de la bonne « blanche ».

Inquiet, Charly fronce les sourcils en me regardant. Il jette un œil derrière lui et remarque que tout le monde rigole à l'autre bout du studio, puis me fixe.

– Tu n'as dit à personne que c'était moi qui te fournissais ?

– Bien sûr que non, je ne suis pas fou.

Charly travaille pour moi depuis deux ans. Et depuis autant de temps, c'est lui qui me fournit en drogue, principalement de la cocaïne. Si Paul venait à l'apprendre il le virerait sur le champ et je me retrouverais sans dealer. Charly y trouve bien son compte puisque je lui paie toujours un peu plus que ma dose.

Je suis le seul de la bande à toucher à ça, Jay et Cruz, ce n'est pas vraiment leur trip.

– Ok, je te ramène ça ce soir et je te prépare une fête dans une boite de nuit.

Je hoche la tête avant de tourner les talons et de repartir un peu plus léger.

Au moins, ce soir je pourrais tout oublier...


***


– Cette chanson est magnifique Eden, tu as un talent fou.

Déborah est en extase en écoutant cette chanson que j'ai écrit lors de mon séjour en Californie. A l'époque où j'avais de l'inspiration, où elle était mon inspiration...

J'ai longtemps hésité à utiliser l'une de ces chansons car elles me rappellent toutes Aria, mais finalement, je me dis que peut être un jour elle l'entendra quelque part et qu'elle saura ce qu'elle a perdu en me plaquant comme une merde.

Déborah et moi sommes toujours au studio et elle relit pour la dixième fois les paroles de la chanson.

Nous ne sommes plus que tous les deux, les autres sont partis. Sauf bien sur mon fidèle compagnon Luke ainsi que le garde du corps à Déborah.

– C'est qui cette fille dont tu parles dans la chanson ?

Cette question me fait l'effet d'un coup de poignard dans l'estomac.

Je suis bloqué, je ne peux même pas répondre à Déborah. L'idée de parler d'Aria avec elle me fait trop mal.

– Eden, je vois bien qu'il y a un truc depuis qu'on a commencé à travailler ensemble. Ça a un rapport avec la fille de la chanson ? « Tes cheveux aux reflets auburn et tes yeux or me font chavirer », « je n'image pas un seul instant continuer sans toi » ...

Elle me site plusieurs phrases de la chanson. Chaque mot a été écrit pour Aria.

– Eden... je n'aurai pu écrire des phrases aussi belles que pour ma copine.

Personne n'est au courant mais Déborah entretient une relation amoureuse avec une actrice célèbre qui ne souhaite pas non plus dévoiler son homosexualité, d'où le fait que nous fassions semblant d'être en couple.

D'ailleurs, je n'arrive pas vraiment à les comprendre. Lorsqu'on est amoureux, on devrait pouvoir le dire à tout le monde sans que personne n'ait rien à redire. Mais, d'après elles, cela mettrait un frein à leur carrière respective.

– Alors tu vas me répondre !

– C'est une fille que j'ai rencontrée quand j'étais en vacances en Californie.

Finalement, je décide de me dévoiler un peu.

– Et ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sois si nostalgique ?

Nostalgique ? Moi, j'aurais plutôt dit au fond du trou...

– Elle m'a quitté... Enfin, non, techniquement, elle ne m'a même pas quitté puisqu'elle n'a pas eu le courage de me le dire, elle a préféré laisser le message à Charly.

Déborah se lève de son fauteuil et vient s'asseoir avec moi sur le canapé. Elle passe amicalement sa main sur ma cuisse. Au moins, je sais qu'avec elle il ne peut pas y avoir de malentendus.

– Tu devrais lui parler. Elle a peut-être ses raisons... si vous avez vécu d'aussi jolis moments que tu le décris dans la chanson, alors elle doit encore penser à toi.

Souvent, je me dis qu'elle n'a pas pu tout oublier, faire comme si rien ne s'était passé. Mais cela ne change rien au problème, elle est partie sans me laisser ne serait-ce que son numéro de téléphone.

– Elle ne veut plus me voir, fin de l'histoire Déborah.

Je n'ai plus envie de repenser encore à tout ça. J'ai envie de me changer les idées et la petite fête qu'organise Charly ce soir sera parfaite pour ça.

– Bon, je dois y aller. On se voit demain.

Après avoir embrassé sur la joue Debbie, je prends mes affaires et, accompagné de Luke, je me décide à partir.

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