Chapitre 43 : Eden

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Je suis partie très tôt de chez moi pour éviter les photographes. J'en ai donc profité pour passer au cimetière où sont enterrés mes parents. Je n'y vais pas très souvent mais j'aime m'y rendre le jour de Thanksgiving.

J'ai de très bons souvenirs avec eux ce jour-là, eux et moi regardant la parade à la télé avant de s'empiffrer. Ma mère était la meilleure cuisinière au monde, même si elle n'avait pas toujours le temps.

Je n'arrive pas à croire que ça fait aussi longtemps. Je les revois partir tous les deux au travail ce fameux onze septembre deux mille un. Ils m'ont embrassé et sont montés dans leur voiture, comme tous les jours. Sauf que ce fameux jour, c'est la dernière fois que je les ai vus. Ce qui s'est passé ensuite tout le monde le sais... les terroristes, les avions qui percutent les tours, mes parents enfermés dans l'une d'elle et enfin celles-ci qui s'effondrent emportant avec elle mes parents.

Je touche instinctivement mon collier en pensant à eux. J'aimerais trouver la force d'écouter leur voix, leurs dernières paroles, mais je n'y arrive toujours pas.

Après plusieurs minutes à regarder la pierre tombale, je regarde ma montre. Je dois passer prendre Aria, il est temps d'y aller.

J'ai vraiment été touché qu'elle m'invite à manger chez son père pour Thanksgiving. Je sais à quel point elle est proche de lui, alors que je le rencontre, représente beaucoup pour moi.

Mais, je dois bien avouer qu'une partie de moi est un peu en panique. Je n'ai jamais rencontré les parents d'une de mes petites amies avant aujourd'hui. Pour la simple raison que je n'ai jamais aimer quelqu'un au point de m'investir dans une relation.

Lorsque je remonte dans la voiture, je regarde instinctivement à droite et gauche pour m'assurer que personne ne me voit. La dernière chose dont j'ai besoin aujourd'hui c'est que quelqu'un me voit sur la tombe de mes parents.

Une demi-heure plus tard, Aria monte dans ma voiture. Je suis si heureux de pouvoir passer cette journée avec elle. Surtout que notre dernière soirée ne s'est pas vraiment déroulée comme prévue. J'espère bien pouvoir me rattraper aujourd'hui.

– Tu es magnifique, comme à chaque fois Aria.

– Merci. Tu portes quoi sous ta veste ?

Je sais que je devrais trouver sa question très étrange, mais je commence à la connaitre et je sais où elle veut en venir.

– Tu veux savoir si ton père verra mes tatouages ?

Arianna se pince les lèvres pour ne pas rire. J'ai vu juste.

– Mon père est assez traditionnel donc, même s'il ne te jugerait pas sur ça, je ne préfère pas qu'il les voit.

– J'ai un pull noir, ça ira ? Et j'ai même coiffé mes cheveux aujourd'hui.

En effet, moi qui aie l'habitude d'avoir les cheveux toujours en bataille, je les ai soigneusement coiffés en arrière ce qui me donne un air de premier de la classe.

– J'ai vu, j'ai même failli ne pas te reconnaitre. Heureusement que tu avais ta montre hors de prix pour que je sache que c'était toi.

Si quelqu'un d'autre m'avait dit ça, j'aurais été vexé, mais avec elle, j'ai juste envie d'en rire. Aria a ce don que personne d'autre n'a, celui de me détendre et de me faire prendre les choses avec plus de légèreté.

Après plusieurs regards qui me font fondre, Aria passe sa main sur ma joue et caresse ma barbe naissante alors que je conduis en direction de la maison de son père.

– Je suis heureuse de passer Thanksgiving avec toi Eden.

Mis à part Paul, je n'ai plus de famille, alors pouvoir passer du temps avec celle que j'aime est magique.

***

La première heure avec le père d'Aria ne fut pas de tout repos. Dès qu'il m'a vu, il a commencé à me poser mille questions. Et j'avais décidé de ne mentir sur rien. De toute façon il a juste à taper mon nom sur internet pour connaitre toute ma vie. Il a commencé à inspecter mes moindres faits et gestes en essayant de me trouver tous les défauts de la terre.

Je sais qu'il veut jouer le rôle de père protecteur, mais il n'a rien à craindre. Je ne compte pas faire de mal à sa fille.

Meredith, quant à elle, est absolument adorable. Elle connait même la plupart de mes chansons. Comme quoi, mes fans peuvent venir de mondes très différents.

Une fois la dinde sur la table, le père d'Aria a commencé à être beaucoup plus détendu. Il m'a même proposé de l'appeler Bruce.

– Alors Eden, tu habites dans quel quartier ? Me demande ce dernier.

– Sur Park Avenue, mon appartement donne en face du zoo de Central Park.

Bruce hoche la tête, l'air bien impressionné. C'est vrai que mon logement coûte une véritable fortune, mais maintenant, j'ai les moyens.

– Je connais ce quartier, il est très prisé. Tu as dû le payer très cher.

Le magnat de l'immobilier qui sommeille en lui vient de se réveiller apparemment.

– Papa, arrête d'embêter Eden toutes tes questions.

– Quoi ? j'ai le droit de parler avec ton ami ! En parlant de ça, je sais que vous vous êtes connus à "Lorelaï Resort", mais vous êtes ensemble ou simplement ami ?

Je tourne la tête vers Aria qui n'a jamais été aussi gênée qu'à cet instant. Au moins son père n'y va pas par quatre chemins pour poser des questions.

Pour ma part, il est clair que nous sommes beaucoup plus que ça.

– Nous sommes amis, c'est tout papa. Eden et moi ne sommes pas ensemble.

Mais pas pour elle apparemment... subitement mon cœur se met à saigner. Alors d'après elle, nous ne sommes pas en couple !

Je sens son regard sur moi mais je préfère ne pas y faire attention. Parce que ce qu'elle vient de dire me brise le cœur. Prétendre que nous ne sommes qu'amis après ce qu'il s'est passé entre nous en Californie me met en colère. Pour moi nous sommes très loin de l'amitié qu'elle déclare à son père.

Elle a fait son choix, sans même essayer, elle a décidé que nous ne pouvions pas être ensemble.

– Eden tu veux reprendre de la dinde. Il en reste beaucoup, comme Aria ne mange pas de viande...

Sans attendre ma réponse Meredith me ressert une part de dinde avec un peu de purée de patates douces.

– Merci beaucoup Meredith, ce repas était délicieux.

Je commence une nouvelle assiette de ce repas de Thanksgiving en essayant, pour le moment, de faire abstraction des paroles d'Aria.

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