Chapitre 46 : Eden

556 41 2
                                    


 Dès que je franchis la porte de ma loge, Paul me tombe dessus. Mais pour une fois, il n'a pas sa tête d'enterrement habituelle. Il me sourit en me tapant l'épaule.

– Eden, tu étais super sur scène, bravo fiston.

Ses compliments sont tellement rares qu'ils me touchent de suite en pleins cœur.

Depuis que j'ai décidé de reprendre ma vie en main et d'arrêter les conneries, mes performances sur scènes s'en ressentent.

Et surtout, je me sens tellement mieux dans ma peau.

– Oui, je me suis bien éclaté, et Debbie était au top aussi.

– Tu sais que tu es fortement pressenti pour gagner l'Awards la semaine prochaine à New York.

C'est une cérémonie très importante qui aura lieu la semaine prochaine. Je ne devais pas y aller mais depuis que j'ai sorti ce duo, ma côte de popularité a augmenté et j'ai été invité à y chanter. Je suis également pressenti pour gagner l'Awards de l'interprète masculin de l'année. Autant dire une très grosse récompense.

– C'est génial. Et je me sens tellement mieux sur scène ces derniers temps.

Nous venons d'interpréter, pour la cinquième fois en deux jours, notre chanson sur une scène anglaise. Il y a quelques jours nous étions en Allemagne et demain nous partons en Italie, qui marquera la fin de notre petite tournée promotionnelle en Europe.

J'ai tellement hâte de revenir à New York...

J'ai eu des nouvelles d'Aria pratiquement tous les jours depuis que je suis partie. Finalement, depuis que je suis ici, nous nous parlons très souvent au téléphone. Je suis sûr que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle comprenne enfin que je suis celui qu'il lui faut.

– Eden, il y a Déborah qui veut te voir dans sa loge, me dit mon nouvel assistant, Ted.

– Dis-lui que je prends une douche et que j'arrive.

Debbie et moi sommes de plus en plus proches, amicalement parlant bien sûr. Elle ne s'intéresse pas du tout aux hommes et de mon côté, je ne vois plus qu'Aria.

D'ailleurs, en pensant à elle, j'ai une subite envie de lui téléphoner. Je prends mon portable et compose aussitôt son numéro que je connais maintenant par cœur.

– Salut monsieur le chanteur à midinettes !

Sa voix me réchauffe le cœur immédiatement. Elle me manque plus qu'elle ne peut l'imaginer.

– Salut tu fais quoi ?

– Je me prépare pour aller à une manifestation pacifiste contre les essaies de laboratoires sur les animaux. Et toi ? Tu as encore chanté ta chanson ?

– Oui, et on m'a encore demandé qui est cette fille avec les cheveux aux reflets auburn et au regard or.

Depuis que ma chanson est sortie, c'est devenu le rituel des journalistes, cette question. Je réponds simplement qu'elle est dans mon imagination. Mais je dois avouer que j'aimerais répondre que c'est celle que j'aime.

Malheureusement, pour le moment Debbie et moi faisons toujours en sorte que les gens croient que nous sommes en couple. L'idée de nos agents est de laisser croire les journalistes et les fans, sans affirmer quoi que ce soit, ni leur donner une preuve.

– J'ai hâte que tu rentres Eden. On doit vraiment se voir, se parler...

– Je sais, je pense que je serais de retour d'ici quatre jours.

Nous sommes restés sur trop de non-dit ou de quiproquo ces derniers temps. Et le fait que mon voyage promotionnel tombe maintenant n'arrange pas les choses.

– Eden, je peux te demander quelque chose ?

Je m'installe sur le fauteuil de ma loge et l'écoute attentivement. Ce n'est pas son genre de prendre une voix si sérieuse.

– Bien sûr, je t'écoute.

– Certains magazines parlent de ta possible relation avec Déborah Honey et je sais que c'est fake, mais d'autres magazines disent que tu ... profites beaucoup de ton séjour... avec beaucoup de filles...

Comme à chaque déplacement, les journalistes racontent des choses sur moi. Souvent, ce sont des choses vrais, mais ils aiment bien aussi inventer quand ils n'ont rien de bien croustillants à se mettre sous la dent, ce qui en l'occurrence est le cas.

Je peux comprendre les inquiétudes d'Aria. D'autant que je n'ai pas été bien intelligent en lui disant que je pouvais me taper une demi-douzaine de filles...

– Aria. Je ne suis avec personne. Et je sais que c'est dur à croire mais...

Je regarde rapidement autour de moi avant de finir ma phrase. Paul est aussi au téléphone. Ted et Luke sont quant à eux en train de discuter.

– Il n'y a eu personne depuis toi, en Californie. Et je te promets qu'il n'y aura pas d'autre fille. Je n'en veux pas d'autre. Je te veux toi, rien que toi.

– Merci Eden. Je sais que notre relation est compliquée et bizarre mais c'est ce que j'avais besoin d'entendre. Tu m'appelle quand tu rentres ?

– Bien sûr.


***


Quand je rentre dans la loge de Debbie, je la trouve recroquevillée sur le canapé, en pleure. Ce n'est pourtant pas son genre d'être comme ça. Il a dû se passer quelque chose.

– Qu'est-ce qui se passe Debbie ?

Je m'approche d'elle et m'installe à ses côtés. Aussitôt, elle se blottie dans mes bras en reniflant.

– C'est Ashley.

Ashley est sa copine, une actrice très célèbre. Tout comme avec Déborah, les journalistes se posent beaucoup de questions quant à sa vie sentimentale. D'où le fait qu'elle ait accepté de jouer le jeu avec avec moi.

Mais je sais que ces derniers temps, leur relation est de plus en plus compliquée, surtout dû à la distance entre elles. Ashley vit à plus part du temps à Los Angeles contrairement à Debbie qui a, tout comme moi, sa maison de disque à New York.

– Tu as eu de ses nouvelles ?

– On peut dire ça oui... me répond-elle entre deux reniflements.

Je passe mon bras autour de ses épaules et l'incite à me raconter la suite.

– On s'est disputées. Elle pense qu'il est temps qu'on se montre ensemble. Mais je ne me sens pas prête.

Je n'ai jamais compris pourquoi Déborah ne voulait pas faire son coming out. Elle a le droit de faire ce que bon lui semble, sans que les gens n'ai à dire quoi que ce soit.

– Deb, ce n'est pas mal d'aimer une fille. Les gens doivent t'apprécier pour ta musique. Le reste c'est ta vie privée.

– Tu sais très bien que dans ce milieu, tout compte.

– Oui, mais tu dois être une personne entière. Et cette relation fait partie de toi. Tu ne devrais pas cacher tes sentiments parce que tu as peur de la réaction des gens.

Moi qui donne des leçons de moral à une fille aussi bien que Déborah, c'est vraiment une première. Décidément, je crois que le nouvel Eden a beaucoup changé.

Debbie ne me répond pas, se contentant de se blottir contre moi pendant plusieurs minutes. Seul le bruit de ses pleurs, qui s'estompe petit à petit, se font entendre.

Elle finit par se calmer et se redresse pour me regarder.

– Merci Eden. Tu es vraiment un mec bien. Elle a de la chance ta copine de t'avoir.

Si seulement Aria étaitlà pour l'entendre.

Notre destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant