chapitre 4 : Aria

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Ma cousine va me tuer, c'est sûr et certain. D'ailleurs, je pense que je peux déjà faire ma valise car au moment où elle va savoir comment j'ai parlé à Eden Parker, elle va me virer d'ici.

Mais en même temps, je ne pouvais pas le laisser jeter sa bouteille de bière dans l'océan comme s'il avait tous les droits. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est l'incivilité des gens !

En plus, sur le coup, je ne l'ai même pas reconnu. C'est au moment où il m'a demandé si je savais qui il était que j'ai compris que c'était le fameux Eden Parker. Mais il était hors de question que je ne dise rien, ou pire que je m'excuse parce que ce mec est mondialement connu.

C'est moi qui ai donné à mon père cette idée d'hôtel totalement écolo, en hommage à ma mère qui se battait tous les jours pour cette cause. Et je ne supporte pas de voir quelqu'un détruire ça... bon certes, ce n'était qu'une bouteille, mais quand même. Si tout le monde fait comme lui, demain la plage ressemblera à une décharge publique.

Lorsque j'arrive devant le bureau d'Esther, je ne sais toujours pas comment me sortir de cette histoire. Sois-je lui dit ce que je viens de faire et signe mon arrêt de mort. Soit, je ne dis rien et attends que le staff de la star à midinettes vienne le faire.

Allez Aria, soit courageuse ! Tu l'as bien été pour dire à Eden Parker que c'était un abruti et un pauvre type.

Je frappe sans grande conviction à la porte et espère très fort qu'elle soit partie brusquement à l'autre bout de la planète pour ne pas avoir à lui raconter.

– Entrez !

Merde !

Je pénètre dans son bureau sur la pointe des pieds. J'aimerais être à un million d'endroits plutôt qu'ici, mais je n'ai plus le choix, il vaut mieux qu'elle l'apprenne par moi.

Ma cousine est en train de travailler sur son ordinateur et lorsqu'elle me voit, elle me sourit aussitôt. J'ai bien peur qu'elle ne garde pas son sourire très longtemps une fois que je lui aurais tout dit.

– Ça va Arianna ?

Finalement, une idée me traverse l'esprit. J'utilisais souvent cette méthode lorsque j'étais plus jeune et que j'avais peur de dire quelque chose à mon père.

Je fais la moue tout en venant m'installer sur le fauteuil face à ma cousine.

– Non, ça ne va pas trop. J'ai du mal à savoir ce que je dois faire en ce moment, j'ai l'impression de ne plus être moi-même...

– Je comprends ma chérie. Toute cette histoire avec Harry n'est pas facile à digérer. Ce mec s'est vraiment comporté comme un connard avec toi.

Je hoche la tête avec mon air de chien battu comme je savais si bien faire étant plus jeune. Mais réellement, à cet instant, je me fiche royalement d'Harry. D'ailleurs, je n'ai pas repensé à lui depuis que j'ai croisé Eden !

– J'ai l'impression d'être agressive avec tout le monde et je n'aime pas ça.

– Ma pauvre cousine chérie.

Elle se relève de son fauteuil de Big Boss, fait le tour de son bureau et vient s'installer sur le siège à côté du mien tout en me prenant la main.

Ça marche, elle tombe dans le panneau !

– C'est vrai Esther, j'ai l'impression que je te parle mal, que je parle mal à Stephen...

– Mais non, ne t'inquiète pas. On sait que tu traverses une période difficile.

Allez, c'est le moment. Il faut que je lui dise.

– Même à Eden Parker, je lui ai mal parlé...

Le visage d'Esther, si sympathique envers moi il y a quelques secondes, se fige. Elle fronce subitement les sourcils et continue de me fixer comme si je venais de lui annoncer la fin du monde.

– Euh... de quoi tu parles ?

Ma cousine me lâche la main. Je sens qu'elle ne va pas tarder à exploser.

– Et bien, tu sais Eden Parker, le chanteur... celui qu'on voit souvent dans les magazines et la télévision...

– Oui, je sais qui c'est. Mais comment ça ? Tu lui as mal parlé ? me demande ma cousine énervée.

Je refais ma moue de jeune fille qui vient de se faire plaquer, mais je n'ai pas l'impression que cela fonctionne vraiment.

– Ben oui, tu sais à quel point je fais attention à l'écologie ? Et lui, il ose balancer sa bouteille de bière dans l'océan devant moi. Tu te rends compte ?

Plus les secondes passent et plus je vois le visage de ma chère cousine devenir rouge. Elle se relève de son fauteuil tout en continuant de me fusiller du regard mais sans prononcer une parole.

– Esther, ce n'est pas si grave. Je veux dire, ça ne doit pas être la première fois que quelqu'un le traite d'abruti ou de pauvre type.

Voilà maintenant qu'elle se met à tourner en rond en passant plusieurs fois sa main dans les cheveux. Je pense que ce n'est pas le moment de lui rappeler qu'elle est en train de foutre en l'air son brushing.

– Pauvre type et abruti ? Tu lui as vraiment dit ça ? me demande Esther encore sous le choc.

Je hoche la tête. J'ai, d'un coup, envie de me faire toute petite. Je sens la colère monter en elle et je dois avouer qu'elle me fait un peu peur quand elle est comme ça.

– Bon. Ok ! Aria, tu veux que mon entreprise coule c'est ça ? Pourquoi ? Tu es jalouse de ma réussite ? Pourtant tu sais que si tu demandes à ton père il t'offrirait la lune pour en faire un commerce, alors pourquoi détruire le mien ? Ton père a des parts ici, un jour ce sera aussi à toi, alors pourquoi faire ça ?

Là, elle abuse. Ce mec ne va pas faire couler son hôtel de luxe simplement parce que quelqu'un lui a mal parlé... si ?

Je me lève à mon tour et la prends par le bras pour essayer d'attirer son attention et surtout la calmer.

– Esther, je suis désolée mais je te promets que je vais tout arranger, tu n'auras aucun souci. Tiens, tu n'as qu'à dire que j'étais une employée et que tu m'as viré.

Finalement, Esther refait le tour de son bureau et s'installe de nouveau dans son fauteuil de présidente directeur général De « Loreïla Resort ».

– Si tu étais « vraiment » une employée, je t'aurai « vraiment » viré.

Puis s'en suis un long moment de silence où je me sens de plus en plus mal à l'aise. Ma cousine prend sa tête dans ses mains et le silence devient pesant.

Bon, c'est vrai que je n'aurais pas dû mais ce n'est pas la fin du monde quand même. Esther est une femme d'affaire et si son complexe fonctionne aussi bien, ce n'est pas Eden Parker qui va changer les choses.

Enfin, après plusieurs secondes qui m'ont paru être des heures, Esther fixe son regard au mien.

– S'il te plait Aria, tu peux me laisser seule, il faut que je réfléchisse à tout ça.

– Si je peux faire quelque chose...

– Je pense que tu en as assez fait pour aujourd'hui. Je te demande juste de ne pas recommencer à insulter mes clients VIP.

– Euh... oui, ça doit être possible... Bon, je vais te laisser alors...

Je me dirige tranquillement vers la porte pour la laisser seule comme elle m'a demandé.

– Aria, je te déteste, vraiment. Mais... je t'aime quand même.

C'est la fameuse phrase que nous nous disions tout le temps lorsque nous étions petites et que l'une de nous était en colère contre l'autre.

D'un coup, le sourire me revient en entendant cette phrase.

– Moi aussi Esther, je t'adore.

Puis, je quitte son bureau en me disant que j'ai bien mérité un verre.

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