Chapitre 3

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Cinquième jour de cours ; depuis lundi c'était sans cesse la même chose, chaque fois Taehyung venait se moquait d'elle, chaque fois elle essayait de répliquer, et par-dessus tout, chaque fois il quittait les cours avec de l'avance et chaque fois elle l'entendait coucher avec une fille différente quand elle passait devant sa porte.

Alors chaque fois elle se demandait comment il pouvait être aussi en forme...

Le vendredi avait débuté sous les meilleurs auspices, du moins en apparence : il faisait beau, Charlie s'était acheté son petit croissant à la boulangerie près de chez elle, et les rues étaient bruyantes mais pourtant tranquilles. C'était un climat très différent de celui qu'elle connaissait en France.

Lorsqu'elle arriva à l'université, après sa longue marche, elle leva immédiatement les yeux sur le ciel dégagé et sourit avec bonheur. Elle avait la sensation d'avoir une chance immense – c'était le cas d'ailleurs. Néanmoins, il y avait toujours cette même ombre au tableau, son voisin stupide à qui elle craignait sans arrêt de devoir faire face.

Arrivée devant sa salle de cours, elle s'installa devant la porte et sortit son téléphone avant d'entendre des pas dans les marches. Ils n'étaient que deux à être systématiquement en avance d'une demi-heure, tous les autres arrivaient deux à cinq minutes avant l'heure.

« Salut Kook, lança Charlie sans grand intérêt en retournant sur internet.

- Salut. Comment tu vas ? s'enquit-il en venant s'installer à côté d'elle.

- Ça dépend : Taehyung est malade ?

- Non.

- Mourant ?

- Non.

- Blessé ?

- Non plus.

- Au stade avancé d'une terrible maladie ?

- Non.

- Il a déménagé ?

- Non.

- Il a décidé d'arrêter de s'acharner sur moi sans raison ?

- J'en doute.

- Donc je ne vais pas bien, râla Charlie.

- Oh allez, vous devriez essayer de vous entendre, sourit le brun avec sincérité.

- Mais c'est lui qui m'en fout plein la gueule ! Moi j'ai rien demandé !

- Et pourquoi il agit de cette manière ?

- Mais j'en sais foutrement rien putain, le jour où on s'est rencontré le seul truc qu'il m'a demandé c'est si j'étais une fille...

- Aïe, ça fait mal.

- En même temps il était pas de bonne humeur, ça pouvait pas bien se passer de toute façon... mais il était pas obligé de persister et de continuer de se moquer de moi depuis !

- Tae est un mec sympa mais quand il a décidé d'un bouc émissaire, il a du mal à s'en séparer. On s'en foutait plein la gueule au lycée, t'aurais vu ça, et finalement on est devenus potes, même nous on a pas compris comment ça avait changé, mais bon. C'est mieux comme ça.

- Tu crois qu'il va se lasser ?

- Euh... je te le souhaite plutôt, disons... »

Charlie haussa les épaules. Elle avait rencontré Jungkook le jour de la rentrée : c'était lui le brun assis à côté de Taehyung, son plus proche ami. Ils étaient comme les deux doigts de la main, et ça il n'avait pas fallu plus de deux jours à la jeune fille pour le comprendre. Au début, elle avait cru qu'il aurait le même tempérament insupportable que le châtain, or ils étaient deux strictes opposés : Jungkook était calme, discret, gentil.

Elle s'en était rendu compte rapidement, car comme il avait remarqué qu'elle arrivait toujours en avance elle aussi, il avait commencé à venir lui parler pour apprendre à la connaître. Elle n'avait pas vraiment compris ses intentions, mais il était de bonne compagnie, alors elle ne l'avait pas repoussé, préférant discuter un peu avec lui pour faire passer le temps. Ainsi, avant le début de la journée, ils avaient pour habitude depuis peu de parler pendant une petite demi-heure, adossés à la porte de leur salle.

C'était un moment agréable qu'ils appréciaient partager, même si après quatre jours ça ne signifiait encore strictement rien ni pour l'un ni pour l'autre. Ça avait au moins le mérite de permettre à Jungkook de parler un peu avec la nouvelle – il adorait qu'elle lui parle de la France – et à Charlie de décharger sa colère vis-à-vis de Taehyung qui, pour une raison qu'elle ignorait complètement, se sentait constamment obligé de se moquer de son look – et plus généralement de tout ce dont il pouvait se moquer chez elle.


Amour insoupçonnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant