Chapitre 2

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C'était officiel : Charlie allait commettre un meurtre... ou un suicide... ou les deux.

« Bah alors Charlène, tu réponds pas ? »

La rentrée avait eu lieu ce matin même, et elle l'avait tout de suite remarqué : son abruti de voisin était dans la même université qu'elle, dans la même filière qu'elle, dans la même année qu'elle. Et bien évidemment, dès l'instant où il l'avait remarquée, il avait décidé d'en faire son jouet – ou du moins son sac de frappe.

Désormais, Taehyung (tel était son nom) était assis à côté d'elle et semblait décidé à tout faire pour lui pourrir l'existence et l'empêcher de travailler, à commencer par son inlassable question : « attends, attends... t'es sûre d'être une fille ? »

Elle allait le buter.

Mais n'ayant cependant pas envie de s'attirer des ennuis dès le premier jour – car cette histoire de meurtre lui tenait sérieusement à cœur – elle se leva et changea de place sous le regard circonspect de l'enseignant qui, voyant son cours dérangé, lui pria de lui dire pourquoi elle se déplaçait.

« Quelque chose dégage une odeur nauséabonde au fond de la salle, indiqua la jeune fille d'un ton calme, je suis désolée mais je n'arrivais pas à me concentrer. »

Les quelques élèves qui avait surpris la conversation entre Charlie et son voisin lâchèrent des rires discrets qui déplurent fort à Taehyung qui les rabroua d'un simple regard. La jeune femme à son tour se tourna vers le châtain pour le toiser d'un air moqueur, amusée de constater que même le brun assis à côté de lui – son meilleur ami d'après ce qu'elle avait cru comprendre en les entendant rire bruyamment avant le début du cours – riait lui aussi.

Elle allait finalement peut-être le tuer à coup de mots, ça serait encore plus drôle...

À la fin de la matinée Charlie fila chercher un endroit tranquille où déjeuner. Elle s'était acheté le matin même un sandwich avant de venir en cours et elle trouva sans aucun souci un couloir presque désert, à l'exception d'une fille qui le traversait avec l'air pressé, comme si elle devait rejoindre quelqu'un au plus vite. Ce fut là que s'installa la jolie blonde, après une très courte hésitation.

Elle avait la sensation d'un petit havre de calme, c'était agréable, elle s'y sentait à son aise et mangea si rapidement qu'elle eut le temps de travailler un peu.

La journée se déroula comme elle était supposée se dérouler, et même d'autant plus tranquillement que la dernière demi-heure de cours se passant en amphithéâtre, elle avait remarqué que Taehyung avait quitté la salle.

En même temps ce cours était d'un ennui monstrueux...

Charlie donc rentra paisiblement, profitant d'être à pieds pour flâner un peu dans l'immense ville de Séoul. Elle vérifia sa boîte aux lettres et grimpa rapidement les étages qui la séparaient de son appartement, priant pour ne pas croiser son voisin.

Et son vœu fut exaucé, elle ne le croisa pas ; en revanche elle entendit une jeune femme hurler son plaisir, et aucun doute quant au fait que la jeune femme était avec le châtain (la preuve : c'était son prénom qu'elle criait).

En bref, Charlie sprinta jusque chez elle et s'enferma, heureuse de constater que l'isolation phonique était miraculeuse. De toute évidence, Taehyung n'était pas parti plus tôt de la fac parce qu'un cours l'ennuyait, mais bel et bien parce qu'une fille l'intéressait.

La blonde haussa les épaules : si les deux jeunes gens voulaient s'amuser ainsi, qu'ils s'amusent, c'était tant mieux pour eux. Elle, elle était venue ici pour étudier. Chacun ses priorités... et puis c'était après tout la première fois qu'elle entendait ça, alors elle ne jugeait pas, elle s'en moquait (du moins tant qu'ils ne lui faisaient pas profiter de leurs gémissements).

Chassant de ses pensées son voisin, elle se concentra sur son travail qu'elle entama tandis que chauffait dans son micro-ondes un petit carton de nouilles instantanées. Ses vacances avaient été paisibles et sa rentrée plutôt calme. Même Taehyung ne parviendrait pas à changer la perception qu'elle avait de cet endroit dont elle avait toujours rêvé. Séoul était une belle ville, certes grande, mais par chance elle n'habitait pas loin ni de l'université ni d'un supermarché, autrement dit elle ne connaissait de Séoul qu'un minuscule endroit, mais ça lui suffisait pour l'instant – elle verrait tôt ou tard pour visiter de façon plus approfondie la ville, une fois qu'elle aurait quelqu'un pour l'accompagner et l'aider à se repérer.


Amour insoupçonnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant