Amour insoupçonné

Chapitre 24

Charlie attrapa sa sacoche ainsi que son gilet. Elle se redressa et s'apprêtait à s'en aller quand Jungkook revint de la cuisine, un bol de chips dans la main. Les basses de la musique avaient dissimulé les cris aussi bien que les rires, et il manqua de lâcher ce qu'il tenait quand il vit l'état dans lequel était son amie.

« Eh, Charlie, qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'en vais, murmura d'une voix brisé la jeune fille, j'aurais dû savoir que j'avais rien à faire ici.

- T'es folle, il fait nuit et froid dehors, tu vas pas marcher vingt minutes avec des habits trempés. Viens il y a une salle de bain au-dessus, on va arranger ça. »

Incapable de refuser un peu d'aide et de bienveillance, elle acquiesça, ne quittant pas le sol des yeux de peur de croiser les regards moqueurs des autres invités. Jamais personne ne l'avait ainsi humiliée, elle ne comprenait pas ce qu'elle ressentait pour Taehyung : il l'attirait, mais il était si infect avec elle que ça la repoussait clairement.

Ils grimpèrent les escaliers et entrèrent dans une petite pièce carrelée. Jungkook lui donna un morceau de coton et une bouteille :

« C'est du démaquillant, expliqua-t-il, sèche ces larmes et enlève ton maquillage, redeviens la jolie Charlie que j'adore. Je vais aller te chercher de quoi être au sec. »

Elle acquiesça silencieusement avant d'obéir, tentant de calmer ses sanglots sans y parvenir. Elle se sentait minable, prise pour une moins que rien, et c'était atrocement douloureux. Elle revoyait les regards altiers de ses camarades, elle entendait leur rire moqueur, et plus encore elle revoyait l'air méprisant du châtain.

Deux minutes plus tard, alors qu'elle avait retiré de son visage ce maquillage ridicule, la porte s'ouvrit sur Jungkook qui lui adressa un sourire chaleureux et réconfortant. Elle le lui rendit mais un sanglot la fit hoqueter et elle reporta son regard sur le carrelage blanc.

« Tiens, j'ai trouvé ça, ce sont les seuls trucs susceptibles de ne pas être beaucoup trop grands. »

Un t-shirt blanc trop large qui dénuderait à coup sûr une de ses épaules et un jean slim en simili-cuir qui serait probablement assez près du corps. Elle connaissait ces vêtements, elle avait vu le brun les porter plus d'une fois. Alors elle tendit le bras et les accepta, le visage un peu plus serein.

« Et après faudra qu'on parle. Change-toi, je reste derrière la porte, d'accord ? »

Elle opina une fois de plus et ferma à clé avant de se changer et de rouvrir quelques instants plus tard.

« T'es tellement plus jolie quand t'es naturelle, » sourit alors Jungkook en la prenant avec tendresse dans ses bras.

Debout au milieu de la salle de bain, les bras ballants, Charlie posa finalement les mains dans son dos pour renforcer leur étreinte, et à mesure qu'elle sentait à quel point il l'aimait, elle versait de petites larmes qu'elle était incapable de contrôler.

« Dis-moi tout Charlie, lui susurra-t-il à l'oreille.

- Kook, je suis laide, tellement laide, pleura-t-elle doucement.

- Bien sûr que non, Charlie, je t'assure que tu es magnifique. T'es différente, bourrée de charmes. Si tu savais...

- Ils se moquent tous de moi parce que j'ai l'air d'un garçon...

- Tu n'as rien d'un garçon, tu as des doigts fins, un corps superbe, et un visage doux. Et tes cheveux, moi je les aime courts.

- Jungkook... »

Ses yeux larmoyants exprimaient toute sa détresse, et quand elle sentit son ami la serrer encore un peu plus fort et poser les lèvres sur son cou, elle finit par se laisser complètement aller dans ses bras, en tension entre la douleur qu'elle ressentait et la joie d'avoir Jungkook à ses côtés.

Il était là, il serait toujours là pour elle, c'était tout ce qui comptait à présent. Jungkook et uniquement Jungkook. Il était le seul capable de lui permettre de se sentir bien, de se sentir belle. Alors il se recula légèrement, mais voyant qu'elle continuait de s'accrocher à lui de peur qu'il ne s'écarte, il se contenta de placer son visage face au sien, détaillant chacun de ses traits avec dans les yeux un amour profond.

« Charlie, j'ai besoin de savoir : qu'est-ce qui s'est passé ? »