Chapitre 3

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- Tu as aimé ?

- J'ai adoré. Affirma t-il en me faisant un clin d'œil.

Je sortis de la cabine des toilettes pour aller recoiffer mes cheveux devant le miroir. Puis, j'entendis les pas de ce garçon - dont je n'avais même pas conscience du prénom - se diriger vers la sortie, en refermant sa braguette.
Aucun remerciements, ni même un infime "au revoir". Quelle attitude était la pire ? La sienne, dénuée de tout respect ou la mienne, habituée d'être une personne éronnée...?
Je soupirai, en regardant le reflet de mon corps. Si il pouvait parler, il en aurait des choses à dire. Il m'insulterait même. 《 sale fille facile 》 Pour toutes les horreurs que je lui fait subir. C'était si paradoxal de se détester pour son attitude, alors que c'était celle-ci qui me faisait vivre. Ou plutôt survivre. Cette petite carapace hideuse que je m'étais construite, entre sexe et alcool, pour cacher l'être sensible qui s'y cachait en dessous.
Mais j'y tenais, et, la seule idée de vivre sans, me faisait mourir de peur. Car sans elle, toutes mes plaies encore ouvertes seraient aux yeux de tout le monde, et ça, il n'en était pas question.
Parfois, j'avais envie d'abandonner. Abandonner toute cette mascarade, crier au monde entier que j'étais en réalité une petite fille fragile giflée par les coups bas de la vie.
Mais abandonner était-il dans les habitudes d'Emy ? Certainement pas. C'était une lionne, avide de pouvoir qui se battrait jusqu'à son dernier soupirs pour enterrer le fait qu'elle soit asservie par ses affreux démons. Car c'était ce qu'elle était réellement. La fille dominée par ses démons.

Je sortis à mon tour des toilettes et pris le chemin qui menait jusqu'à chez moi, décidant de ne pas aller en cours cette après-midi. Mon esprit était trop embrumé pour essayer de comprendre un seul des cours que l'on essayait de me faire avaler.
Je sortis du bus, et passa le pas de ma porte.

En rentrant chez moi, je sentis une bonne odeur qui provenait de la cuisine. Pas de doute, ma mère était rentrée. Pour une fois qu'elle était présente lors du déjeuner, c'était une chance.

Sans m'en rendre compte, j'ai repris le train de vie de chez ma mère. Après avoir divorcé avec Mattew, je suis tombée en dépression et est répartie vivre chez ma maman.
Et comme une mère, elle a sue me donner tout l'amour dont j'avais besoin. Après ceci, je me suis réinscrite à l'université et est repris ma vie normalement.

- Bonjour ma fille.

Je l'embrasse sur la joue et lui souris :

- Coucou maman.

- Tu n'as pas froid habillé pareil ? Me demande t-elle.

- Non, ça va on s'habitue.

Elle me sourit et pose la table. Non, elle ne dira rien à propos de ma tenue. A vingt ans, elle estime que je m'habille comme je le souhaite mais n'hésitera pas à me remettre dans le droit chemin si jamais je dérape.

Nous mangeons son gratin en silence en regardant les informations.
Après ce déjeuner, je décide de monter me reposer dans ma chambre, épuisée par cette journée.

Pdv Morgan

Non je n'arrive pas à dormir. Cette fille m'intrigue. Emy m'intrigue.
Je me tourne et me retourne dans mon lit en espérant trouver le sommeil. En vain.
Ce midi, au réfectoire, quand ses deux amies humiliaient cette fille, j'ai vu dans ses yeux qu'elle avait mal pour elle.
Elle le cache mais je suis sûr qu'elle a un coeur en or derrière son immense décolleté. Elle joue à la pute.
Elle fait semblant je le sais. Quand elle s'exprime, on voit l'amour qu'elle a pour la vie dans ses yeux mais on entend aussi la haine dans sa voix. Comme si elle était brisé de l'intérieur. Je dirais même détruite.
Et si sa façon d'agir n'était-elle pas une carapace ?
Peut être que son coeur ne s'attache à personne car il a trop souffert. Je ne sais pas. Elle m'intrigue. Emy m'intrigue.

Pdv Emy

Je remet une touche de gloss sur mes lèvres et suis prête à partir.
Je ferme la porte à double tour, et me dirige vers mon arrêt de bus.
Je crois qu'au loin j'aperçois le gars a qui j'avais pris le numéro dans le bus. Oups, j'ai complètement oublié de l'appeler.
Je ne veux pas le recroiser, c'est pas grave, je vais partir à pieds.
Je détourne d'une rue, et commence à marcher en direction de mon université. Elle n'est qu'à quelques pâtés de maison de la mienne. Éclairée par les lampadaires, je lève les yeux de mon téléphone pour apercevoir le regard lourd des gens sur le trottoir qui pèse sur moi. J'entends plusieurs remarques salaces, mais je ne réplique pas, estimant qu'une femme peut s'habiller comme elle le souhaite. Mini jupe ou pas, une femme à droit au respect.

J'arrive devant l'université, quand subitement une main s'accroche à mon épaule. Je déteste ça. Combien de temps faudra t-il aux gens pour le remarquer ?

*Flash-back*

J'apporte nos deux assiettes à table, tandis que Mattew glisse ses pieds sous celle-ci. Ce soir, j'ai cuisiné de simples steak-pates, par manque d'inspiration.
Je nous sers de l'eau et m'installe à mon tour sous la table.

- Ba putain, tu t'es pas foulée ce soir.

Encore une remarque. C'est la troisième en cinq minutes. J'en ai plus qu'assez. J'ai une terrible envie de partir de cette maison. De vivre une nouvelle vie et partir loin de lui. De mon souffre douleur. Mais une raison me retient. Je l'aime.

Nous commençons à manger en silence, Mattew omnibulé par la télé.
Il met une première bouchée dans sa bouche et recrache aussitôt.

- C'est dégueulasse.

"C'est dégueulasse" avait-il dit. Ses simples mots avaient suffit à me glacer le sang. Il me regardait avec haine et dégoût. Il se leva et se posta devant moi.
Un élan de courage me pris, et je me mise à partir en courant de la table. J'avais détallée comme un lapin apeuré. Mais manque de chance pour moi, il pose sa main sur mon épaule, comme pour me rattraper. Je déteste cette sensation.
Il me retourne et agrippe mes cheveux d'une main avec beaucoup trop de poigne. Il me fait terriblement mal. Je tremble de peur.

- Mattew ! Lâche moi ! Arrête ! Tu me fais mal, je t'en suppli arrête ! Criais-je.

Des larmes innondent mes joues. Il me jette au sol, tel un yaourt qui aurait dépassé sa date de péremption.
En m'y attendant, je reçois un de ses fameux coups de poing dans la mâchoire. Elle craque. Aïe. Je pense qu'elle est déboitée.

- Tu ne mérites que ce que tu as !

Je touche ma mâchoire endolorie. D'après lui, c'est encore de ma faute.
Il lève une nouvelle fois la main sur moi, prêt à me donner de nouveau un coup.

- *pleur* Ma... Mattew arrête. *pleur*

Je tends la main vers moi en signe de protection. Dieu qu'il me fait peur dans ses moments pareil.
Il recule et retire sa main, toujours la même expression sur le visage. J'ai l'impression qu'il veut ma mort.

- Pauv' fille.

Il s'habille de son manteau et de ses baskets et part faire un tour dehors, sans doute pour se calmer.

*Fin du flash-back*

Je rouvre les yeux, Morgan se poste devant moi. De petites perlent de larmes coulent sur mes joues. C'est comme si je venait de sortir de trans.
Je recule et glisse le long du mur derrière moi. Cette fois-ci c'est trop, je craque. Je pleure encore et encore. J'ai versé beaucoup trop de larmes pour ce con.
Morgan glisse à son tour à côté de moi, et me prends dans ses bras. Je me crispe au début, puis me laisse faire. Après tout, à quoi bon ?

- Chut... C'est fini...

Je ne respire pratiquement plus, comme apeurée par la situation. Je pleure dans les bras de... A oui, Morgan. Jamais je n'aurais voulue qu'il me voit comme ça...

Emy [TERMINÉ MAIS EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant