partie 15

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Abdou Karim Ndiaye

Amina, dis-je à ma femme qui est assise sur le lit en train de vérifier pour la énième fois les croquis de sa nouvelle collection.

- Hun ! Dit elle de manière lasse.

- Peux-tu m'aider avec ma cravate stp ?

Elle détache ses yeux de son ordinateur un moment pour les poser sur moi, avant de continuer ce qu'elle faisait.

Depuis notre dispute de la dernière fois, elle ne m'adresse plus la parole.

Elle fait comme si je n'existais pas.

Elle a même arrêté d'accomplir ses devoirs d'épouse. Je n'ai jamais fait le nœud de ma cravate. C'est elle qui s'occupait de tout. Le matin, quand je sortais de la salle de bain, je trouvais mes habits et ma montre,posés sur le lit, et mon café matinale chaud sur la commode.

Mais depuis qu'elle a appris le retour de Khadija, elle est devenue une autre personne.

L'autre jour, lorsqu'on se disputait, elle m'a clairement fait comprendre qu'elle ne comptait pas renoncer encore à sa fille.

Et vue son changement, je suis presque sûr qu'elles ont renoué . Ces derniers temps elle m'a l'air plus... vivante, joyeuse et en forme.

Je retourne devant le miroir, pour enlever la cravate et ouvrir les deux premiers boutons de ma chemise, de manière que ça soit du style décontracté.

Ce n'est pas dans mes habitudes d'être mal habillé, mais aujourd'hui, je n'ai pas le choix. J'aurais très bien pu la remettre à sa place, mais je n'ai ni la morale ni le temps de lui casser la gueule.

Apparemment, c'est le seul langage que madame comprenne. J'ai essayé maintes fois de m'excuser et lui faire comprendre que Khadija n'existais plus pour nous de la manière la plus douce que je connaisse, mais rien.

Je prends et mets ma montre, après avoir mis mon parfum, récupère mon sac et me dirige vers la porte.

Je voulais l'ignorer aussi, mais elle m'a tellement énervé que je ne m'empêcher de lui lancer quelques mots.

- Tu as de la chance que je sois pressé sinon je t'aurais bien cassé la gueule. Espèce d'imbécile. Comme c'est le seul langage que tu comprennes. Tu commences à pousser des ails, et moi, je chargerai de te les couper. Ici, c'est chez moi et c'est moi l'homme. Il ne se passera que ce que je veux. Et puis basta !

Elle ne réagit même pas, c'est comme si elle ne m'avait pas entendu. J'ai horreur qu'on ignore. Pour moi c'est un très grand manque de respect.

Exacerbé, je trace ma route avant que je ne me décide d'annuler mon rendez-vous pour lui faire payer son insolence.

Ce n'est qu'en arrivant au seuil de la porte que je l'entendis prononcer des mots qui m'ont échappé, des mots que je n'ai pas pu bien entendre. J'ai patienter quelques minutes pour voir si elle aurait le cran de se répéter mais non.

Hun amna chance Ndakh fimako lakk Soriwoul !

J'ai failli retourner et lui donner une bonne correction, mais l'heure qu'affiche ma montre me fait renoncer à cette idée.

J'ai rendez-vous avec ce con de Jules Diagne, à Diamnadio, dans l'un des chantiers inachevés qui se trouvent là-bas. Il a tenu à ce que ça soit dans un endroit discret et calme.

Nos rencontres sont toujours organisées de la manière la plus discrète qui soit. Disons que ça nous arrange tous les deux.

Je ne sais pas ce qu'il me veut, ce déchet, mais je suis sûre que Khadija à un rapport avec cette rencontre.

Règlement de comptesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant