partie 11

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C'était comme si j'avais reçu un coup sur la tête. Il m'était difficile d'assimiler les propos d'Anna.

Ses mots faisaient le même effet qu'un coup de poignard en plein cœur. Mes larmes parcouraient les traits de mon visage sans que je ne puisse les arrêter.

J'avais mal ! Oui très mal !

Car je la considérais comme ma sœur, ma confidente. Je lui racontais des choses que je n'aurais jamais confiées à ma mère et à chaque fois que je devais prendre une décision, je la consultais d'abord.

Elle savait tout de moi, combien de fois, j'ai pleuré dans ses bras tout en me maudissant, croyant que je ne méritais pas son amitié ?

Combien de fois je me suis confiée à elle sur les problèmes dans mon ménage ?

La confiance que j'avais pour elle m'empêchait de bien raisonner, car oui je comprends le sens de certains de ses phrases maintenant.

Comme quand elle me disait " prépare-toi hein, car avec un mari comme Mohamed, une rivale peut surgir de nulle part et te l'arracher. "
Ou " tu ne sais même pas ce qu'une femme amoureuse est capable de faire "
Et bien sûr, comme toujours, je croyais qu'elle me taquinait ou me conseillait.

Ce jour-là, j'ai compris qu'elle me mettait en garde discrètement.

J'étais restée silencieuse pendant des minutes à la regarder, me demandant s'il s'agissait vraiment de la même Anna, celle avec qui j'avais passé presque toute ma vie.

Et c'était avec une voix presque cassée que je lui avais répondu

Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu fasses une chose pareille ?

Pourquoi m'as-tu fait ça ?

Te rends-tu compte qu'à cause de toi, j'ai perdu mon honneur et ma dignité, et toute ma famille m'a reniée et tournée le dos ?

Je... Je...

Je ne trouvais plus les mots pour m'exprimer. La douleur que je ressentais, était indescriptible. Comment quelqu'un peut-il détruire ainsi la vie d'une personne et venir le lui dire sans gêne, et prendre ses actes avec une telle légèreté ?

J'étais assise sur le sol, et je sanglotais comme je ne l'avais jamais fait. Je n'arrivais pas à croire que c'était moi qui vivais toutes ces atrocités.

Après cela, elle a pris ma valise qu'elle avait jetée par terre, avant de démarrer en trombe sa voiture me laissant seule au bon milieu de la nuit, dans cette localité que je venais de connaître.

Je marchais sans savoir où aller, je ne faisais qu'avancer, jusqu'à ce que j'aperçoive un groupe de garçons. Rien qu'en les voyant, on devinait qu'ils étaient des malfrats.

Ils m'avaient pris tout ce que j'avais, le peu d'argent qu'il me restait,
mes habits, tout.

Ils avaient même failli me violer, j'ai dû les supplier en les disant que j'étais enceinte. Ils ne m'avaient pas cru au début, mais je leur avais montré les papiers de l'échographie que j'avais faite le matin.

C'est ainsi qu'ils ont fini par partir, amenant avec eux tout.

J'ai passé une semaine dans la rue, le matin, je cherchais un travail comme femme de ménage, et le soir, j'allais me réfugier dans un coin calme attendant impatiemment qu'il fasse jour pour recommencer.

Tantôt, je dormais dans les marchés, tantôt dans les bancs publics. Et je me nourrissais grâce aux talibés qui partageaient avec moi les repas qu'on les donnaient et que la plupart du temps, je vomissais après les avoir avalés.

Règlement de comptesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant