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— Est-ce que tu essaies de nous dire que tu as des sortes de « pouvoirs magiques » ?
— A vrai dire, je préfère parler de « capacités ». Ou ne pas en parler tout court.
Sophie, bouche bée, ne pouvait croire à ce qu'elle venait d'entendre. Confuse, elle consulta du regard Mac Queurty, qui semblait tout aussi perdu. L'air hagard, il commençait à se demander si Charlie n'était pas en train de les mener en bateau.
— Je ne sais pas quoi en penser.
Ils n'eurent pas l'occasion d'épiloguer car Sophie se mit à tousser. Les réminiscences de Charlie avaient fait oublier au médecin de donner à la jeune fille ses médicaments. Soucieux de la santé de sa patiente, Mac Queurty porta la main à la poche de son manteau. Elle était vide. Sophie avait épuisé le stock.
— Ça va aller, ne vous inquiétez pas, dit-elle entre deux expectorations.
Charlie, fou d'inquiétude, installa sa sœur sur sa couchette. Malgré un sourire qui se voulait rassurant, son teint n'en paraissait pas moins livide. Quant à ses lèvres, elles deviendraient bientôt aussi violettes que l'iris de ses yeux.
— On ne peut pas la laisser comme ça, conclut Mac Queurty, la voix grave. Il faut faire quelque chose.
— Je... vais... bien... articula Sophie, avant de s'écrouler de fatigue.
Mac Queurty se jeta aussitôt à son chevet et l'examina. Son pouls était faible, sa tension en chute libre. Dans la gorge de Mac Queurty, remonta lentement une boule de culpabilité : il n'aurait jamais dû la laisser l'accompagner.
— Il vous reste des médicaments dans votre bunker ? s'inquiéta Charlie.
— Oui, et nous avons un purificateur d'air, mais nous sommes à une heure et demie de trajet. Elle ne le supportera pas.
— Je sais où l'emmener, décida Charlie. Suivez-moi.
▲
Un quart d'heure plus tard, les deux hommes se retrouvaient face à une immense porte blindée, le corps inanimé de Sophie entre les bras. Sans plus attendre, Charlie composa le code. Il n'y avait pas une minute à perdre.
A l'intérieur, Jerry Ryner les attendait, accoudé à la rambarde d'une impressionnante structure en métal, reliant les échafaudages accolés aux couchettes les plus élevées. De là où il était, il surplombait la pièce, dont les murs avaient pris une teinte bleutée à cause de la lumière des écrans.
Plongés dans cet univers onirique, Charlie et Mac Queurty ne purent s'empêcher d'entrouvrir la bouche, ébahis, malgré l'urgence de la situation. Tout à leur contemplation, ils n'en remarquèrent pas la présence de Ryner, à une trentaine de mètres au-dessus du sol.
Soudain, s'éleva dans la pièce une voix caverneuse, semblant venir de nulle part.
— Si prévisible... Je n'en attendais pas moins de toi, Charlie.
— Qui êtes-vous ? s'effraya ce dernier.
Instinctivement, les deux hommes levèrent les yeux au ciel, tombant nez à nez avec leur pire cauchemar. Au début, ils ne virent qu'une vague silhouette noire, perdue dans l'obscurité ambiante. Puis, l'ombre s'avança, dévoilant aux deux hommes sa véritable identité.
— Je croyais que vous l'aviez attrapé ! s'exclama Charlie, fou de rage.
— Je le pensais aussi... murmura Mac Queurty, complètement dépassé par la situation.

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L'homme en gris
Science Fiction"C'était logique, mathématique, cartésien. Mais la vie n'est pas logique. Dénuée de tout fil conducteur, la vie s'écoule, à l'aveuglette. La vie blesse, la vie donne, la vie trompe, vole, s'évapore, arrache et punit. La vie se joue de nous tous sans...