Ray m'installe dans le canapé, je regarde autour de moi pour être sûr que la pièce ne soit pas pleine de sang, les images sont encore si fraîches dans mon esprit. Je regarde autour de moi, inquiète... L'homme de mon cauchemar se trouvait au milieu du séjour, que me voulait il ? Il a dit que je vais regretter ce que j'ai détruit, parlait-t-il du Créateur ? Soudain, la détresse s'empare de moi. Je prend Ray par le poignet et ferme les yeux. Je le sens s'accroupir près de moi. Je me concentre pour tenter de ressentir ses émotions. Je me détend alors quand je sens qu'il est inquiet pour moi, qu'il ressent un mélange de plusieurs sentiments, comme s'il ne saurait pas quoi faire s'il m'avait perdue... Mon coeur se serre, j'ai ressenti la même chose que lui quand j'étais seule dehors...
Ray attrape mes poignets, ce qui me fait revenir à la réalité. Je porte mon regard sur lui.
- Lila, je veux que tu m'explique ce qu'il s'est passé.
- Je... Euh... Je...
Les mots me manquent. Après un petit instant, je trouve le courage de tout lui dire, parce que je sais que je n'arriverai pas à combattre ce qui m'arrive sans lui. Et si ce que j'avais vécu me dépassait, si c'était quelque chose d'encore plus grand ? Alors je lui raconte tout, mon cauchemar, l'homme au milieu de la pièce avec tous ces corps en sang, mon réveil au milieu du parc, le retour à l'appartement et l'homme ivre qui m'a suivi. Il fronce les sourcils à la fin de mon récit.
- Comment je me suis retrouvée là bas d'après toi ? Je lui demande.
- Je pense que tu as fait une sorte de crise de somnambulisme. Tu as été en ville toute seule sans t'en rendre conte.
Je frémis, comment ai je pu aller jusque là bas en dormant ? Cela me parait impossible. Je me lève pour aller prendre un verre d'eau fraiche dans la cuisine, Ray me suis du regard, l'air inquiet.
- Je veux pas que tu t'inquiète pour moi, c'était qu'un cauchemar. Je tente, même si je n'en suis pas convaincu moi même.
Mes pieds me font encore mal dû à ma petite escapade nocturne. Je décide d'aller à la douche pour éclaircir mes idées. Un étrange pressentiment m'habite, comme si je savais qu'au fond de moi, une grande menace nous rodait autour, et je suis persuadée qu'Ultra est derrière tout ça. L'eau chaude coule sur ma peau, cela détend mes muscles et me permet de réfléchir. Et si les cauchemars recommençaient ? Et si ça continuait ? Je frémis à cette pensée. Une fois propre, je sors de la salle de bain vêtu d'un pull et de sous vêtements. Ray n'est pas dans la chambre, je décide donc d'aller sur le lit, je ne pense pas réussir à retrouver le sommeil. Soudain, un bruit de verre brisé se fait entendre dans tout l'appartement. Je me lève soudainement pour aller au séjour, là d'où vient le bruit. J'ouvre la porte d'un coup, Ray est appuyé contre l'ilot central, des bouts de verres sont au sol à côté du mur. Il a dû envoyé un verre se briser contre le cloison. Je m'approche de lui doucement, il serre le bois de la table si fort que ses jointures sont devenues blanches.
Quelque chose ne va pas, je le sais, je le sens. Je viens glisser mes doigts entre les siens pour qu'il arrête de serrer aussi fort. A peine ma peau est entrée en contact avec la sienne qu'il se relâche complètement et se redresse pour me faire face. Ses yeux ont une drôle de lueur. Je pose une main sur sa mâchoire délicatement pour tenter de le calmer, sa peau est brûlante.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Je murmure.
Mon regard se porte un instant sur les bouts de verres par terre un peu plus loin. Il saisit mon menton entre ses doigts pour que je le regarde dans les yeux.
- Je ne veux pas que tu m'en veuille...
Mon coeur fait un bond dans ma poitrine, comment je pourrais lui en vouloir un jour ? "Pourquoi je t'en voudrais ?" Je demande par la pensée. Il regarde un instant l'extérieur.
- Quand je reviendrais on en saura plus sur tout ce qu'il se passe.
Mon expression se fige.
- Quand tu reviendra ?
Mes doigts serrent les siens, j'ai peur de comprendre. Son regard porte de la tristesse, de la détermination et du regret... Pas ça non...
- Je vais revenir, je ne sais pas encore quand mais il faut savoir à qui on a affaire.
- Je t'accompagne. Dis je en me reculant.
Il me saisit soudainement par le poignet, m'empêchant d'aller plus loin.
- Lila, tu ne peux pas m'accompagner.
Je me fige.
- Ne me fais pas ça, ne m'abandonne pas. Dis je, une pointe de détresse dans la voix.
Il est déterminé, je le sais. Rien ne pourra lui barrer le chemin, pas même moi. Mon coeur se serre. Il serre la mâchoire et détourne le regard. "Je t'en prie ne rends pas les choses plus difficiles" je le vois s'écarter de moi pour se diriger vers la porte d'entrée. Mon sang ne fait qu'un tour, je cours vers lui d'une telle vitesse et ma place entre lui et la porte, ma gorge se noue quand je vois son regard froid. On ne ressent clairement pas la même chose l'un envers l'autre. Je ne réfléchis plus et vient entourer sa taille de mes bras, pour le serrer fort contre moi...
- Tu n'as pas le droit de faire ça, je t'en supplie ne me laisse pas toute seule. Tu vas te faire tuer si tu y vas seul. Je... Je ne veux pas que... que tu meurs... Je murmure, le coeur meurtrit.
Il ne me rend pas mon étreinte, ce qui me bouleverse. Comment ? Comment ce que je ressens pour lui réussit à me faire aussi mal ? Je le serre d'avantage contre moi quand je sens un aiguille me rentrer dans le bras, je sais ce qu'il fait. Je n'ai pas réussi à voir en lui, je n'ai pas réussi à voir qu'il voulait m'injecter de DMM pour m'empêcher de le suivre. Mais il me faudra plus qu'une dose de drogue pour me faire lâcher prise. Mes yeux se remplissent de larmes, je sens sa respiration s'accélérer contre moi. Il n'a pas le droit de faire ça, il ne peut pas me laisser toute seule, pas encore. Ma gorge se noue encore plus quand je croise son regard que je suis incapable de décrire.
- Pour... quoi...
Je sens mes jambes se dérober sous moi, mais ses bras me retiennent. Il vient délicatement me porter, je dois rester éveillée et concentrée, je ne dois pas le laisser partir. Je vois un gun sur la table de chevet, jamais je ne pourrais l'utiliser contre lui, jamais. Il me pose doucement sur le lit, le regard froid et distant, qu'est ce qui lui arrive. Je lutte contre la drogue dans un grognement, pour me redresser et attraper son poignet, sa peau est toujours aussi chaude. Son regard ne me quitte pas.
- Ray je t'en supplie tu ne peux pas, je... Je le supporterai pas... J'ai besoin de toi...
Mes mots semblent l'atteindre peu à peu, mais je ne vais pas tenir, je sens le liquide faire doucement effet sur moi. C'est le moment, je ne dois plus refouler ce que je ressens, il doit savoir ce qu'il représente pour moi.
- Je pourrais pas... Parce que... Un grognement s'échappe de mes lèvres, cela fait si mal...
- Ne résiste pas Lila, laisse agir cela sera plus...
- Je t'aime
Il ne termine pas sa phrase, son regard reste planté dans mes yeux humides. La douleur est maintenant insoutenable mais je perçois en lui un sentiment que je ressens aussi. Il s'approche de moi et me prend dans ses bras, j'utilise les dernières forces qu'il me reste pour enrouler mes bras autour de son cou.
- Pardonne moi... Murmure-t-il dans mon cou. Je te reviendrais vite Lila, rien qu'à toi. Je suis désolé de ne pas avoir toujours été là quand tu en avais le plus besoin dans ton enfance, cet inatteignable que tu n'as pas pu avoir dans le passé. Mon inatteignable aujourd'hui c'est toi. Tu dois vivre même si je met du temps à revenir. Tu ne sera jamais à moi, et c'est la chose la plus difficile que je n'arriverai jamais à admettre. Ces quelques mois à tes côtés m'ont permis de me rendre compte que j'étais encore capable d'aimer, de t'aimer.
Mes yeux se ferment sous la douleur, laissant les larmes couler. Le dernier contact que je ressens est un baiser dans le cou, ses lèvres sur ma peau laissent une trace brûlante et indélébile. Il s'écarte de moi et je sens mes mains retomber sur mes cuisses, impuissantes.
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Epsilon [Tome 3]
Ciencia FicciónQuand j'étais petite, je croyais aux monstres dans la nuit, aux démons dans la pénombre et aux succubes dans l'obscurité. Je me suis rendu compte que les véritables montres étaient humains... Alors je me suis battue, dans quel but ? Libérer un peupl...