Chapitre 18 - Emetteur

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Je gare la voiture sur le parking et Hayden m'interrompt quand je m'apprête à sortir de l'habitacle.

- Laisse, je m'en charge. Me dit il.

De toute façon vu le ton qu'il a employé je ne sortirai pas du véhicule, donc autant capituler. Je le regarde sortir pour se diriger vers le petit magasin d'électroménager avec sa pancarte "ouverte" accrochée à la porte. Hayden disparait dans la boutique. Je soupir et m'allonge sur le siège. Pourquoi Ultra chercherai à priver le district d'électricité, c'est quand même une organisation qui ne fonctionne qu'avec ça... Après quelques minutes de réflexion je vois Hayden revenir avec un carton dans les bras, mais qu'est ce qu'il a acheté ?

Il entre dans la voiture avec son carton, je lui jette un regard interrogateur. Il me regarde avant de sortir un petit boîtier gris du carton.

- Ils appellent ça une pile localisable.

- Ils vendent ça ici ? Je demande.

Un sourire se plaque sur le visage de mon frère.

- Pas exactement, je sais qu'ils récupèrent du matériel illégal ici alors je savais qu'on pourrait trouver ce qu'on cherchait.

- J'imagine que le vendeur ne te les a pas donné comme ça ?

Il me fait non de la tête et je n'insiste pas.

- Tu sais où on va les placer et comment elles marchent ? Je demande.

Hayden tourne le boîtier pour me montrer une petite LED qu'il allume.

- Je vais les connecter sur mon téléphone pendant que tu roulera et suite à ça on ira les mettre un peu partout dans le district. J'en ai une vingtaine on a donc de quoi faire. Me répond il.

J'acquiesce et commence à sortir du parking en suivant ses instructions pour placer les piles. On les place de sorte à quadriller toute la ville pour être sûr de pouvoir tomber sur l'émetteur quand la prochaine onde sera émise. Je roule vite sur les routes désertes, c'est plus facile quand il n'y a personne sur le bitume. Rapidement, on peut voir une grille de petits points rouges se former sur la carte du téléphone d'Hayden et une fois toutes les piles en place on rentre au chalet. Les boîtiers sont dissimulés dans des conduits d'aérations, des gouttières ou derrière des grilles de ventilations.

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Hayden a surveillé son écran jusqu'à ce que je me gare devant le chalet. Il faut vite aller brancher le téléphone sur l'ordinateur pour pouvoir enregistrer tout ce qu'il se passe. J'ai à peine le temps de sortir de la voiture qu'Hayden est déjà à l'intérieur, c'est un combat qu'on doit gagner. Je rentre à mon tour, Eveline est aux côtés d'Hayden, je les entends discuter sur cette mission. Je monte à l'étage, un but bien précis en tête, je me change rapidement avant de redescendre. Eveline me voit et me demande :

- Tu vas courir ?

- Oui, vous pourrez me joindre si y a du nouveau je prend mon téléphone. Dis je.

Elle hoche la tête, je glisse mon portable dans la poche de mon legging avant de sortir. Je prend un petit chemin et commence à courir dans la forêt. Il fait gris aujourd'hui et franchement, les temps comme ceux là me déprime un peu. Je foule le sol de plus en plus rapidement jusqu'à courir au maximum de ma vitesse entre les arbres, je les évitent de justesse pour certain. Soudain, une pente abrupte me fait aller encore plus vite, ma respiration s'accélère en même temps. Je ne dois pas perdre l'équilibre si je ne veux pas me retrouver avec des blessures. Alors je fais ce que je peux pour éviter les troncs mais je ne peux rien faire quand ma vitesse augmente encore, je frôle de trop près un arbre et l'écorce me griffe la peau, j'essaye de freiner ma course quand je vois des ronces arriver vers moi bien trop rapidement mais encore une fois, je vais beaucoup trop vite alors je prend encore un peu de vitesse et saute pour les éviter. C'était sans compter sur mon pied qui s'était déjà emmêler dans les ronces. Alors je plonge dedans la tête la première. Bordel ce que ça fait mal !! Mon instinct prend le dessus et je me roule en boule pour me protéger. Je ressort de ce buisson de l'enfer. Je me retrouve sur le dos, essoufflée.

Mon visage me pique et quand je porte mes doigts à ma peau, ils sont tâchés de sang. Merde, je me suis pas loupée. Quelle idée de courir à toute vitesse dans une forêt aussi dense aussi... Mon bras me fait aussi mal avec l'écorce avant les ronces. Je stop tous mes mouvements et touche la poche de mon legging. Ouf, mon téléphone est toujours là. J'allume l'écran, aucun message ni d'Eveline ni de mon frère. La prochaine onde ne devrait pas tarder. Et si celle là était encore plus puissante ? A tel point qu'elle pourrait nous atteindre au chalet ? Merde je dois rentrer. Rien que de voir la montée que je viens de dévaler je sais que je vais être épuisée en rentrant. Je peux m'en prendre qu'à moi je n'avais qu'à pas courir aussi vite.

En marchant je réfléchis et je me rend compte que c'est la première nuit depuis plusieurs semaines que je vais dormir sans lui à mes côtés, le lit va me paraître si froid maintenant qu'il n'est plus là, sa chaleur va tellement me manquer... Il me manque. Je sais que ça ne fait même pas 12h que je suis séparée de lui mais ça fait si mal que le temps semble jouer contre moi... La dernière fois que je me suis retrouvée toute seule dans une forêt c'était pour échapper à Hélias. Cet homme capable de se métamorphoser en sorte de reptile volant surpuissant. Et cette nuit là quand le froid me lacérait la peau, quand l'humidité collait mes vêtements à mon corps et que je m'était réfugiée dans le creux d'un tronc d'arbre... Il est venu... Il m'a sauvé la vie encore une fois. Je me souviens de chaque geste, chaque soupir de cette nuit là comme si je l'avais vécu il y a quelques minutes.

Je suis soulagée en voyant le chalet apparaitre entre les arbres. J'entre sans frapper mais je m'arrête tout de suite. Ces deux là ne m'ont pas entendu arriver. Je me racle la gorge et Eveline repousse Hayden pour pouvoir se dégager du mur. Quelle atmosphère électrique ici, je fais un clin d'oeil à Eveline et monte tout de suite dans ma chambre dans le but de me débarbouiller et de désinfecter mon visage. J'entre dans ma salle de bain et me déshabille, je commence par sortir la trousse de secours et des cotons. Le spray du désinfectant est frais sur ma peau chaude, dû à l'effort. Les petites griffures cicatriseront vite mais celle sur ma pommette me tracasse un peu plus... Une chose est sûr, je ne me suis pas loupée. Je fais pareil pour mon bras avant de l'entourer de bandage car la plaie recommençait à saigner. Je change de vêtements et me laisse aller sur la méridienne de la fenêtre. Le vent s'est levé, faisant plier la cime des arbres. "Lila vient vite !!" J'entend la voix d'Eveline dans mon esprit. Je saute sur mes jambes engourdies et me précipite vers le rez-de-chaussée, dévalant les escaliers. Je saute dans le canapé à côté d'Eveline, les yeux rivée sur l'écran.

L'onde. Chaque piles s'éteignent les unes après les autres dans un ordre bien précis, chaque point rouge disparait en formant un cercle noir de plus en plus grand. Cela va très vite et bientôt c'est une cercle qui couvre l'entièreté du district qui s'affiche sur l'écran de l'ordinateur. L'onde ne va donc pas plus loin que le périphérique routier, juste avant les premiers champs. Hayden appuie sur le clavier et nous fait revisualiser la scène au ralenti. Il met sur pause et pose le curseur au centre du cercle noir.

- Ici. Déclare-t-il.

Epsilon [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant