Chapitre 20 - Réalité

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Je suis bien incapable de bouger, son regard me l'en empêche. Je ne peux que le détailler, il est vêtu tout de noir avec un manteau et un jean, ses poings et sa mâchoire sont serrés, mais ses yeux, je ne sais pas si j'arrive à les reconnaître, il semble si différent d'il y a quelques jours à peine... Mon coeur se serre d'avantage. Je vois ses lames bouger au rythme de sa respiration, et j'ai comme l'impression que sa musculature s'est développée pendant cette séparation. Soudain, il détache son regard du mien et se dérobe, bondit une nouvelle fois dans la cheminée pour disparaître. Je ne perds pas une seconde et tente de le suivre, je monte difficilement sur la sphère mais je ne peux pas aller plus loin, la cheminée est haute de plusieurs mètres. Je ne suis pas une Alpha, pas comme lui. Mais une surdose d'adrénaline me prend quand je vois des barreaux d'échelle sur la paroi blanche. Je saute dessus et commence à grimper aussi vite que je le peux, je fais abstraction des appels de mon frère et continu mon ascension. J'arrive à l'extérieur en manquant de tomber, la cheminée donne sur le vide, comment peut elle être aussi haute ?

Je laisse mes questions de côté quand je le vois sur le toit de l'immeuble d'en face. Mon coeur tambourine et je saute dans le vide pour atterrir deux mètres plus bas. Je roule dans la poussière du toit pour me redresser tout de suite, je cours dans sa direction. Je ne sais par quel miracle il saute à terre sans se blesser, pour ma part je dévale les escaliers de secours à toute vitesse. Je le vois entrer dans un nouvel immeuble, il ne m'échappera pas. Je sais qu'il n'a plus ses ailes mais ce n'est pas une raison pour crier victoire tout de suite. Il prend les escaliers, je fais de même. Mais je suis à la traîne, heureusement que l'immeuble n'est pas très haut car je manque de souffle. Il franchi la porte du toit, je me précipite à sa suite, je n'ai pas le temps de franchir la porte que tout va si vite mais je vois la scène au ralenti. Ses bottes émettent une lumière aveuglante quand il saute dans le vide, je m'apprête à sauter aussi quand il se retourne dans les airs, nos regards se croisent, il saisit deux couteaux à sa ceinture pour les lancer avec une telle puissance dans ma direction. Les lames me frôlent les épaules pour venir se planter dans la porte derrière moi dans un grand bruit, je suis pétrifiée sur place, la peur s'est brusquement insinuée en moi. Mais je dois me battre, me battre pour lui. Je fais abstraction de ses couteaux et cours vers le vide. Je ne me laisserai pas impressionnée aussi facilement.

Je prend appuie sur le rebord et me propulse à mon tour dans les airs, je ne sais plus ce que je fais, l'adrénaline parle pour moi. Son regard plonge dans le mien, j'y vois de l'étonnement mais je ne peux pas le décrire plus car je sens la gravité reprendre le dessus. Il m'empêche de tomber et vient me saisir par la taille pour me maintenir contre lui pour m'empêcher de tomber dans le vide. La peur de tout à l'heure grandit encore quand je me rend compte qu'il doit bien y avoir une vingtaine de mètres sous moi. Néanmoins, je n'ai pas le temps de m'agripper à lui qu'il me renvoie vers le toit, j'atterris sur le dos, lui toujours au dessus de moi. Puis, plus personne ne bouge. Nos regards sont encrés l'un dans l'autre. Sa respiration est saccadée et pour la première fois depuis que je le connais, je vois un regard noir qui évite les sentiments. Qu'a-t-il fait de la brillance qui habitait ses yeux ? Son corps au dessus du mien réveille quelque chose en moi qui s'était brisé quand il était partit, la simple vision de ses lèvres me rappelle son sourire, ses caresses et tous ces moments qui ne se sont jamais effacés de mon esprit, mais il ne laisse rien d'autre renaître et s'écarte soudainement pour sauter du toit.

Je met du temps à me remettre de mes émotions, toujours allongée sur le dos, je regarde le ciel bleu du début d'après midi, la respiration encore haletante. Il était là, à quelques centimètres de moi... J'entends la porte qui donne sur le toit s'ouvrir brusquement, laissant Hayden et Eveline faire irruption dans le vent. Je ne sais pas comment ils ont réussi à me suivre. Eveline court vers moi.

Epsilon [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant