Chapitre 2

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Il était impensable pour mes camarades de me voir passer les portes du lycée sans Liam. Alors comme tous les matins depuis une dizaine d'année, je déposai mon vélo dans la cour et attendis quelques secondes avant que mon ami arrive.

« Tu as mangé quoi, ce matin ? rit-il en accrochant son vélo au mien. Tu avais si hâte d'aller en cours ?!

− Ouais, je suis tellement impatiente d'avoir un contrôle de maths...

− Si tu as la moyenne, je sors le champagne !

− Si tu attends que j'aie la moyenne, ton champagne sera imbuvable ! Et c'est qui qui a eu 5 au dernier contrôle ? répliquai-je avec malice. »

Liam leva des yeux innocents vers le ciel. Nous nous complétions dans de nombreux domaines, mais les mathématiques étaient bien la seule chose où aucun de nous ne pouvait venir en aide à l'autre. Et c'était pour cette raison-même que nous avions raisonnablement convenu que nous ne nous asseyerions pas à côté dans ce cours. Liam était à côté de Russell, un garçon qu'il connaissait de son club de boxe et qui, hormis sa carrure, ne laissait absolument pas penser qu'il puisse pratiquer un tel sport. Quant à moi, c'était à côté du remarquable Nikola Nielsen que j'avais l'honneur de m'asseoir. Le grand blond aux yeux bleu océan, génie en mathématiques et très grand sportif, dont le père était un grand homme d'affaire danois : il était clairement un des garçons les plus populaires, ce qui ne le rendait pas pour autant hautain et dédaigneux. Il répondait gentiment à mes indénombrables questions, ce qui me valait souvent des regards haineux de la part de quelques filles.

Le professeur posa les contrôles sur les tables et j'adressai un dernier regard anxieux à Liam, quelques rangs derrière moi. Quand je me retournai, Nikola me murmura :

« Bonne chance, Diane.

− Ce n'est plus de la chance dont j'ai besoin, mais d'un miracle ! »

Il rit silencieusement avec son petit sourire de charmeur et examina le sujet. Je fis de même, priant pour que les formules me reviennent.

Au bout d'une heure, je laissai tomber mon stylo dans la trousse, dépitée mais peu surprise, et tendis ma copie au professeur. En sortant de la salle, je vis Liam me faire signe de ne pas l'attendre, alors j'obéis et me dirigeai vers mon casier pour y récupérer quelques cahiers. Je refermais le cadenas quand deux mains se posèrent sur mes hanches, me faisant sursauter. Un rire satisfait résonna derrière moi et je me retournai, un regard noir sur le visage.

« Shauna, tu es insupportable... maugréai-je.

− Je sais, mais c'est drôle ! s'esclaffait mon amie. »

Hormis Liam, je n'avais que rarement eu de véritables amis, contrairement à ces groupes de dix filles qui sont toutes soi-disant meilleures amies. Je m'étais souvent bien entendue avec quelques filles de ma classe, mais jamais assez pour les qualifier de « bonnes amies » ; jusqu'à ce que je rencontre Shauna, l'année passée. Un couple composé d'une danseuse aussi belle que populaire et d'un joueur de foot s'embrassait fièrement et fougueusement au milieu de la cour ; je n'avais pas pu m'empêcher de lâcher un « Répugnant... », et j'avais entendu, comme un écho, tout près de moi, un « Dégueulasse, même... ». Une jeune fille brune à la peau halée, un peu plus grande que moi, regardait le même spectacle écœurant. Puis sans gêne et avec un sourire amusé, elle avait crié : « Faîtes ça ailleurs, on ne tient pas à profiter du spectacle ! »

C'était Shauna : naturelle et indubitablement joyeuse, dynamique et drôle, et pourtant attentive, sincère et douce. Nous étions devenues proches aussi simplement que ça, et depuis, je devais supporter tous les jours ses blagues.

Diam [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant