Chapitre 9

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Partout, dans les couloirs du lycée, se dressaient les affiches pour le bal d'hiver. Je devais avouer qu'Alice et Samuel avaient, encore une fois, fait un sacré boulot : de petits flocons stylisés se déposaient autour de l'annonce, et les mots « Bal d'Hiver » semblaient gravés dans la glace. Suivaient les informations plus précises : « Vendredi 18 décembre, de 19h à minuit. Rendez-vous au réfectoire. Pour toute information, veuillez vous adresser à Samuel Crew ou Alice Matthew. »

« Plus que dix-huit jours... constata Shauna en soupirant. Et je n'ai toujours pas de tenue !

- Ni de cavalier, ajoutai-je en pouffant.

- Tu n'en sais rien ! s'exclama mon amie, faussement vexée. Qu'est-ce qui te dit que personne ne m'a invitée ?

- Tu me l'aurais dit ! »

Shauna ne trouva rien à ajouter. Conclusion : elle n'avait pas de cavalier. Mais je savais bien qu'elle faisait partie des 45% de ceux qui ne se rendaient pas au bal pour passer la soirée la plus romantique de leur vie.

A en entendre les discussions des autres groupes de filles, Shauna et moi devenions des exceptions et le nombre de gens qui ne comptaient pas trouver l'Amour le 18 décembre, du moins parmi les filles, se réduisait petit à petit. On voyait certaines filles sauter au plafond en poussant des petits cris suraigus ressemblant vaguement à quelque chose comme : « Il m'a invité ! ». Alors Shauna et moi échangions un regard qui voulait dire : « Arrête de rêver, ma grande. C'est juste pour ne pas y aller seul, mais il te lâchera dès que minuit sonnera ! ». En les voyant, je me vantais intérieurement de ma situation : j'y irai avec mon meilleur ami, de qui je n'attendrai rien de plus qu'un câlin à la fin de la soirée, et pour qui je ne me plierai pas en quatre pour être la plus belle. Ce qui me fit penser...

« Moi non plus, je n'ai pas de tenue.

- Parfait ! On ira les acheter ensemble ! Tu sais que je suis de bon conseil, alors tu n'as pas de soucis à te faire ! ironisa-t-elle en me donnant un coup de coude. »

Si je suivais à la lettre les conseils vestimentaires et alimentaires de Shauna, je ressemblerais à une hippie daltonienne faisant une crise de foie. Il n'y avait qu'à elle que les vêtements loufoques et aux couleurs éclatantes allaient, et qu'elle que les cuisines « fourre-tout » ne faisaient pas vomir.

Shauna ne prenait jamais soin de son style. Elle ne se mettait jamais physiquement en valeur, mais elle n'en avait pas besoin pour qu'on remarque sa beauté. Une beauté spéciale, tout comme elle. Elle n'avait pas des yeux de biches, des lèvres fines et un visage doux. Elle avait un regard dur mais assuré, et une cicatrice qui lui barrait le front due à une chute en skate-board quand elle était plus jeune. Shauna avait la beauté d'une guerrière, d'une femme battante et indépendante, un charisme naturel qui lui collait à la peau. On n'avait pas tous cette chance là...

« Hé ! Salut Diane ! me héla quelqu'un derrière moi. »

Oh non, pas elle...

J'avais reconnu la voix d'Amelia et s'il y avait bien une personne que je ne voulais pas voir, c'était elle. Shauna le savait, mais je ne pouvais pas l'empêcher d'être son amie.

Amelia se joignit à nous, le sourire aux lèvres, comme toujours. Même sous le ciel nuageux de ce premier jour de décembre, elle était belle et cela me dégoûtait. Vous savez, comme un plat délicieux mais si sucré qu'il en est écœurant à la deuxième bouchée. Même si j'avais officiellement accepté que Liam vive sa vie et moi la mienne sans nous éloigner pour autant, je n'aimais toujours pas l'idée que cette fille lui tourne autour, et encore moins depuis ce week-end.

Samedi, en fin d'après-midi, j'avais sonné chez lui, le DVD de San Andreas à la main. Mais ce n'était pas Liam qui m'avait ouvert, mais sa mère, qui m'avait informé qu'il était chez Amelia qui avait la gentillesse de lui apporter de l'aide en mathématiques. A l'idée de savoir Liam et Amelia assis à la même table, seuls et probablement dans sa chambre, j'avais eu envie de vomir.

Diam [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant