Diam [TERMINÉE]

Chapitre 17

Il était impensable pour nos camardes de me voir passer les portes du lycée sans Liam. C'est pourtant ce qui se produisit. Le lundi 14 décembre, Diane Vidal arriva seule sur son vélo. Au début, il n'y eut aucune remarque : j'arrivais souvent avant lui. Je voyais Penny et Russell fixer le coin de la rue tandis que j'accrochais mon vélo. Mais ils ne savaient pas que ce matin, je n'avais pas attendu Liam, que ce matin serait différent, car Diam était différent.

Que dis-je ! hurla ma conscience. Diam n'existe même plus !

Shauna s'approcha en pouffant, fixant toujours l'horizon.

« Dis donc ! Tu l'as tracé, ce matin ! »

Je ne répondis pas. Je remontai l'allée en l'ignorant, ainsi que tous les yeux qui se posaient sur moi, sur moi seule. La tête haute, je tentai de conserver ma fierté, mon regard dur et ma confiance. Mais à l'intérieur, j'étais vidée.

Un trou considérable s'était formé en moi depuis le samedi soir. Errant comme un fantôme entre les murs de ma maison, plus rien ne m'atteignait, hormis peut-être la révélation de mes parents. Or comme je n'y pouvais rien, toute mon âme entière était concentrée sur lui, sur nous, ou plutôt ce qui avait été nous, nos souvenirs et la déchirure dans ma poitrine.

Je pensais que le sommeil m'aurait aidée : il n'en fut rien. Bien au contraire. Cette nuit-là, Liam était venu, dans mon rêve, frapper à ma porte pour m'annoncer ses fiançailles avec Amelia Edwards.

Je fus d'ailleurs bien heureuse de ne pas trouver cette dernière auprès de Shauna, ou de ne pas la voir dans la cour. Son espérance de vie aurait chuté instantanément.

Devant mon silence et mon indifférence apparente, mon amie me rattrapa et me fit face, le visage paniqué, alors que j'entrai dans le hall.

« Vous n'êtes pas venu ensemble, c'est ça ?

− Il n'a pas besoin que je lui montre le chemin.

− Diane, je suis sérieuse.

− Moi aussi, répondis-je en recommençant à avancer dans les couloirs. »

J'aurais aimé ne pas avoir à lui expliquer la situation mais malheureusement, elle ne lisait pas dans mes pensées. Shauna me tira par le bras.

« Vous vous êtes disputés. »

Je regardai ses yeux inquiets, angoissés. Que voyait-elle dans les miens ? La même personne que j'étais une semaine plus tôt, un an plus tôt ? Ou la ruine que j'étais depuis deux jours, qui luttait pour ne pas exploser de colère.

« Il ne fait même plus partie de mes connaissances. Je le hais et je ne lui parlerai plus.

− Diane, tu prends toujours tes décisions trop rapidement. Il ne t'a rien fait de mal ! »

Je m'arrêtai sur place, le regard furieux.

« Ah bon ? Qu'est-ce que tu en sais ? »

Je n'eus pas besoin d'en dire plus pour que Shauna comprenne. Elle afficha un regard désolé, mais je n'avais pas besoin de sa pitié. J'avais besoin de courage pour avancer sans lui, qui avait toujours été à mes côtés et dont le cœur battait pour une autre.

J'avais besoin de courage pour ne pas frapper celui qui venait de passer les portes battantes du hall.

Nous nous dévisageâmes un moment. Son calme me dégoûtait. Tout, chez lui, me dégoûtait. Mais qu'est-ce que je l'aime malgré tout...

La douleur de mon cœur déchiré me fit regretter mes pensées et dirigea mes pas vers la salle d'histoire, lui tournant le dos avec fierté et haine.