Les nuages défilaient sous l'aile de l'avion. Je me laissais bercer par leur lent mouvement et leur forme cotonneuse, perdue, l'esprit ailleurs. Il était dix heures et demi, et nous atterrissions à Saint-Brieuc dans quinze minutes. La France, un autre monde, m'ouvrait ses bras, et je n'attendais que de m'y jeter. Pour oublier.
Les événements de la veille avaient tourné dans ma tête toute la nuit. Même si j'étais rentrée tôt, je n'avais pas trouvé le sommeil avant une heure du matin. Je n'avais rien dit à mes parents au sujet de la bagarre. En fait, je ne voulais pas y croire moi-même. Tout me semblait si faux, improbable. Je me forçais à penser à autre chose, comme si j'attendais de me réveiller d'un cauchemar, que quelqu'un vienne me dire que tout ça n'était qu'une erreur, que ça n'était jamais arrivé. Et c'est alors que me revenaient les dernières phrases de Liam. Ça, j'avais envie d'y croire.
Je n'avais pas rallumé mon téléphone depuis que j'avais quitté le bal. J'avais peur qu'un message me ramène à la réalité. J'avais désormais une semaine devant moi pour penser à autre chose, en attendant que tout ça s'éclaircisse. Une semaine avec mes cousins, l'océan et – je l'espérais – le calme.
Le bruit sourd des roues contre le tarmac me sortit de mes pensées. Je n'avais pas fais attention à l'atterrissage, mais le brouillard m'aurait sans doute empêché de distinguer la côte.
Dans l'aéroport, les discussions, les valises, les annonces me vrillaient les oreilles et m'insupportaient. Je voulais du silence, de la solitude, mais personne ne semblait le comprendre. Les bagages défilaient devant mes yeux avec une lenteur insoutenable.
« Est-ce que Louise t'a envoyé un message ? demanda ma mère en soulevant sa valise du tapis roulant.
− Je ne sais pas. Je n'ai pas allumé mon téléphone. »
Ma mère fronça les sourcils, étonnée, mais je ne lui donnai aucune précision.
« Est-ce que tu pourrais regarder, dans ce cas-là ? poursuivit-elle. Ça pourrait être utile pour les retrouver ! »
Je grognai et plongeai la main dans mon sac. Une fois mon téléphone entre les mains, j'hésitai, le cœur battant un peu trop fort. Que découvrirai-je à la suite de la soirée de la veille ? Combien de messages, de combien de personnes ? Qui se soucierait de moi ? Qui s'acharnerait sur moi ou me blâmerait ?
Fixant l'objet dans ma main, je me mis à rire nerveusement en prenant conscience de la situation. Aujourd'hui, ma seule source d'angoisse ne se trouvait pas dans le monde réel qui m'entourait, mais derrière un simple petit écran d'apparence inoffensif. Quelle ironie ! J'appuyai donc sur le petit bouton latéral. Je rangeai mon téléphone dans ma poche pour récupérer ma valise et je paniquai lorsque je le sentis vibrer une dizaine de fois. Je fis mine de ne pas m'en préoccuper pour le moment.
Arrivés dans le hall de l'aéroport, ma mère me lança un regard impatient que je compris sans peine. Je sortis à nouveau mon portable et ignorai tous les messages ne venant pas de Louise. Apercevoir quelques noms connus me pinça le cœur ; je ne savais pas si j'avais hâte ou peur de les ouvrir.
« Ils nous attendent sur le parking B, informai-je mes parents d'un air assuré. »
A peine eu-je repéré la voiture de ma tante qu'une petite tête brune en bondit pour me serrer dans ses bras. Je lâchai mes bagages pour la prendre à mon tour.
« Loulou ! Tu m'avais manqué ! lâchai-je en l'ébouriffant.
− Toi aussi, ma British préférée ! rit ma cousine. »
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Diam [TERMINÉE]
RomanceLa vérité est parfois juste sous nos yeux... Diane Vidal et Liam Scott sont meilleurs amis depuis leur première rencontre, à la maternelle. Grands sportifs au caractère fougueux et joueur, ils sont inséparables, ils sont《 Diam 》, et leur amitié et l...