Chapitre 7

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Durant les deux jours qui suivirent, je ne parlai que pour le strict nécessaire. Je ne me sentais plus vraiment à ma place lorsqu'Amelia était dans les parages, sans savoir pour autant où est-ce qu'elle aurait pu être, si ce n'était proche de Liam. Il avait toujours été évident que Diam ne se séparerait jamais, mais si les choses pouvaient changer ? Ou plutôt, devaient-elles changer ? Était-ce ainsi que nous devions vivre désormais ? En amis, mais rien de plus, pour ne pas s'immiscer là où se trouvait l'amour, pour ne pas franchir la frontière ? Oui, sans doute ; mais cette réalité serrait mon cœur comme un étau, retenant l'amitié, la proximité qui avait toujours existée entre lui et moi, et qui me paraissait être la chose la plus naturelle au monde.

Après mes devoirs de français que j'expédiai avec la rapidité habituelle – quel bonheur d'avoir un père français ! – mon mercredi après-midi me parut terriblement vide. Je me jetai en arrière sur ma chaise et regardai tristement par la fenêtre. Habituellement, Liam et moi profitions de cet horaire pour aller courir ou juste se voir, mais avec mon humeur réticente, je ne lui avais rien proposé. Pendant un instant, j'hésitai à lui envoyer un message pour le rejoindre chez lui, mais je me résignai : il avait besoin de vivre sa vie, loin de moi.

J'en avais assez de ces questions qui tournaient en boucle dans ma tête, j'avais besoin de changer d'air, de me vider l'esprit. Sans attendre un instant de plus, je sortis mes vêtements de course et sautai dedans, bien décidée à faire un grand tour. Je m'apprêtai à partir, quand une idée me traversa l'esprit. Je m'emparai de mon téléphone et écrivis à Nikola :

Moi : Salut Nikola, c'est Diane. Je suis sur le point d'aller courir, tu veux venir avec moi ?

Il ne mit pas plus de trente secondes avant de répondre, ce qui me fit sourire, tout en m'angoissant en même temps.

Nikola : Hey ! Je partais justement de chez moi (les grands esprits se rencontrent ;-) ). Je suis chez toi dans 5 minutes.

Un sourire se dessina sur mes lèvres : ça y est, j'allais officiellement courir avec « le gars le plus canon et populaire du lycée ». Rien que ça ! J'imaginais déjà les regards plein de haine de ses indénombrables admiratrices dès qu'elles apprendraient la nouvelle : pour qui se prenait cette Diane Vidal sortie de nulle part et qui osait passer du temps avec Nikola Nielsen ? Mais même si j'étais indéniablement impressionnée, je me fichais bien de leur avis. Après tout, ce n'était pas moi qui avait insisté pour courir avec lui !

Nikola arriva rapidement et me salua d'un grand sourire. Je n'attendis même pas qu'il s'arrête pour le rejoindre et prendre son rythme : chacun de mes muscles me hurlaient de me défouler, de les épuiser au maximum jusqu'à ce qu'ils soient aussi saturés que mon esprits. Alors je ne me fis pas prier, et entraînai Nikola dans la forêt.

Son rythme était intense, mais je ne me serai arrêtée pour rien au monde. Je ne voulais pas qu'il me trouve faible ou soit déçu, et surtout, je voulais faire souffrir mon corps pour calmer les questions de mon esprit. Mes poumons s'enflammaient et je ne voyais plus qu'un flou vert au milieu duquel courrait la silhouette agile de Nikola, qui semblait à peine commencer son échauffement. Nous devions courir à 14 km/h depuis de longues minutes, ce qui n'était pas vraiment dans mes cordes. Mais je ne m'arrêtai pas.

Nikola étant devant, il prit un chemin dont je n'avais pas l'habitude, qui descendait progressivement vers une petite rivière d'eau claire. Nous la longeâmes un moment, jusqu'à un ponton de fortune, à l'équilibre aussi précaire que celui de la cabane qui détenait mes meilleurs souvenirs d'enfance.

Nikola ralentit avant de s'engager minutieusement sur les branches. Une fois de l'autre côté, il se tourna pour m'inviter à le suivre. Un pas après l'autre et avec précaution, je traversai la rivière. Arrivant presque au bout du pont, j'accélérai un peu. Ce que je n'aurais pas dû faire.

Diam [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant