Chapitre 18

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Je n'avais pas rouverts mes rideaux depuis le samedi soir. Je ne voulais pas être tentée de regarder par la fenêtre. Qu'y verrai-je ? Sûrement un jeune homme préoccupé par autre chose qu'une voisine en colère qui fut un jour sa meilleure amie. Ma chambre était plongée dans une semi-obscurité dans laquelle je me plaisais : elle était aussi sombre que mon esprit en ce mercredi.

J'aimais tellement ce jour auparavant, quand Liam venait sonner à ma porte, des affaires de sport à la main, en me demandant si je voulais jouer avec lui. Désormais, j'avais compris que notre amitié n'était basée que sur ça : un jeu. Un stupide jeu. Cap ou pas cap d'être meilleurs amis ? Le premier qui tombe amoureux a perdu ! J'avais bel et bien échoué.

Shauna m'attendait devant l'entrée du lycée. Après avoir passé la journée du mardi seule, à ruminer notre dispute et à combattre l'envie assassine qui me prenait quand Amelia croisait mon chemin, j'avais envoyé un message à mon amie pour m'excuser de mon emportement de la veille. Peu rancunière, elle l'avait immédiatement accepté et m'avait promis d'être plus tact ainsi que de m'aider.

« Je peux dire quelque chose sans que tu grimpes au mur ? me demanda-t-elle à peine fus-je arrivée.

− Oui... soupirai-je, exaspérée par cette image impulsive que tout le monde avait de moi.

− J'ai parlé à Liam, lundi soir, en l'accompagnant à la boxe. »

Mon sang se glaça. D'un autre côté, je devais bien m'y attendre. Pour ma part, ce jour-là, j'avais quitté le lycée à toute vitesse pour ne pas avoir à rentrer avec Amelia.

Je fis signe à Shauna de poursuivre, après avoir vérifié que le concerné ne se trouvait pas dans les parages.

« Il s'en veut. Il parait que la soirée s'est mal terminée, qu'il n'a plus parlé du repas.

− Pauvre chou... le plaignis-je faussement.

− C'est vrai, Diane ! Il avait les larmes aux yeux quand il m'a raconté ça, poursuivit Shauna. Il aimerait te parler...

− Il peut toujours rêver ! la coupai-je, agacée.

− Il n'est plus lui, sans toi... »

Cela m'aurait presque touché si elle n'était pas apparu dans mon champ de vision à cet instant précis. Amelia avançait doucement, timidement vers nous. Dans son regard, je voyais qu'elle avait peur. Peur de moi.

« Peut-être qu'il n'a jamais été lui avec moi, assénai-je comme si mon amie y était pour quelque chose. »

Je la plantai là, sous le regard étonné d'Amelia. Si je ne partais pas à ce moment-là, j'aurais été virée trois jours pour cause d'agression verbale et physique envers autrui. Comme si j'avais besoin de ça maintenant. Comme si mes parents avaient besoin de ça maintenant.

Je me mis alors à calculer le temps qu'il me restait à me retenir de commettre un meurtre. Il restait exactement trois jours avant les vacances, mais c'était sans compter le bal.

A cette idée, je blêmis. Je me remémorai durement ma dernière discussion avec Liam : je lui avais bel et bien déclaré que je n'irai pas au bal avec lui. Avant ça, il était ma seule raison d'y aller. Je me rappelai tristement cette période où j'attendais avec impatience qu'il me fasse danser, qu'il me protège des autres garçons et qu'il me fasse rire toute la soirée.

J'arrivais devant ma salle de physique quand je sentis la larme couler le long de ma joue. Je la chassai rapidement et me ressaisis. Je n'avais pas le choix : je devais parler à Liam, ou je n'irai pas au bal.

En sortant du lycée, Nikola m'avait naturellement proposée de venir courir avec lui dans l'après-midi. Rien ne m'avait fait plus plaisir depuis le samedi. J'avais alors répondu avec tout l'entrain que ma fierté me permettait, alors que je voyais, dans son dos, passer Liam, le regard en colère. Je l'avais ignoré du mieux que possible, mais mon cœur s'était mis à battre au ralenti, appréhendant le moindre geste de Liam, et ma discussion avec Nikola n'avait plus eu aucun intérêt. C'était sans doute pour cette raison que je ne me rappelais pas de l'heure à laquelle il m'avait donné rendez-vous.

Diam [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant