Chapitre 5

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Le week-end me parut interminable : aucune nouvelle de Liam ni de Shauna et une ambiance électrique entre mes parents qui n'attendaient que mon départ pour parler de ce que j'ignorais toujours. Le lundi matin arriva comme un soulagement, mais aussi comme une angoisse. A peine réveillée, je regardai par ma fenêtre mon meilleur ami sortir péniblement de son lit. En le voyant retirer son t-shirt, je m'obligeai à baisser les yeux et souris timidement pour moi-même. L'évidence me frappa instantanément : je devais faire le premier pas et je le ferai.

Une fois prête, je sortis mon vélo du garage et allai sonner chez mon meilleur ami, le cœur battant. Je n'avais pas envisagé la possibilité qu'il m'en veuille, et je commençais à douter que ce fusse une bonne idée quand la porte s'ouvrit sur un Liam en chemise à carreaux, à tomber par terre. Je gardais mes yeux rivés dans les siens qui brillaient d'une petite lueur d'espoir.

« Tu veux jouer avec moi ? lançai-je en tapotant mon guidon. »

Un grand sourire se dessina sur ses lèvres et ma peur s'envola : il n'était pas en colère. Sans un mot, il retourna à l'intérieur et revint avec son sac sur le dos, enfourcha son vélo et parti à pleine vitesse sans me prévenir.

« Tricheur ! criai-je en le rattrapant. »

Nous nous lançâmes dans une course poursuite jusqu'au lycée, complètement insouciants des voitures, simplement heureux de retrouver l'autre comme nous l'avions toujours connu. Nous arrivâmes au même moment devant le portail.

« Premier ! cria-t-on ensemble.

- Tu rigoles ? Je t'ai tracée tout le long ! s'exclama-t-il.

- Mais tu es parti sans prévenir ! C'est vraiment pas juste !

- Eh, oh ! On évite de s'étriper un lundi matin ! fit une voix derrière nous que nous reconnûmes sans peine. »

Shauna venait d'arriver et nous nous défendîmes chacun face à elle.

« Vous êtes de vrais gosses... soupira-t-elle. Égalité ! »

Elle s'éloigna vers les bâtiments et nous la suivîmes. Liam se pencha près de mon visage et murmura d'un air malicieux :

« C'est moi qui ai gagné. »

Je lui tirai la langue et il éclata de rire. Alors que mon cœur et ma tête avaient fonctionné au ralenti tout le week-end, ils repartirent à pleine vitesse en voyant le sourire de Liam.

Au milieu de notre première heure de cours qui nous ennuyait à mourir, Liam déchira un morceau de feuille de son cahier, y griffonna quelque chose et le plia en deux. Discrètement, il fit glisser le papier jusqu'à ma main et s'y attarda quelques instants. Intriguée et décontenancée par sa peau chaude sur la mienne, je levai les yeux vers lui. Nos regards se croisèrent une fraction de seconde et semblèrent lui produire l'effet d'un électrochoc : il retira aussitôt sa main de la mienne.

Je n'aimais pas les discussions sur ces petits bouts de papier : elles signifiaient toujours qu'un sujet était trop angoissant pour être abordé de vive voix. J'attendis quelques secondes avant de le déplier.

Tu n'es pas en colère ?

Je souris : bien sûr que non ! Quelle question ! Je m'empressai de l'écrire :

Non, évidemment ! Tu avais raison, tu n'as pas à être jaloux.

Alors que je lui tendais le papier avec enthousiasme, Liam ne parut pas aussi heureux de cette réponse, sans que je pusse expliquer pourquoi. Il fronça les sourcils et ses lèvres se pincèrent en lisant. Je l'observai un moment, tentant de comprendre cette réaction étrange, mais il m'ignora et fit mine de se concentrer à nouveau.

Diam [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant