Black Sunshine

Pour chaque fin il y a toujours un nouveau depart - Le petit Prince

Enfin, le brevet pour moi est fini, le collège pour moi est fini. Ça fait trois ans que j'attends ça, trois ans que j'aurai du quitter cet établissement, trois ans que je vois les mêmes profs me critiquant, trois ans que je vois ce même bus au même endroit. Je m'installe sur un banc vert dans la cour en prenant mon temps pour le contempler une dernière fois. Ce banc m'a vu dans mes meilleurs comme mes pires jours, je me souviendrai de mon premier jour de sixième où j'ai pu rencontrer ma bande de pote, mon premier bisous avec Cameron, mes premiers fous rires... Et toutes les fois où j'y finissais mes devoirs.
Je sors mon téléphone de ma poche et me rends sur le contact de mon père, qu'il vienne me chercher et surtout qu'il me sorte de là.

- Nora !
Je me retourne, Camille, ma meilleure amie accoure vers moi avant de se jeter dans mes bras.
- On t'as cherché partout, tu étais là ? Me dit-elle.

Je lève la tête et aperçois Cameron, le sourire aux lèvres accompagné d'Amina, Solen et Tom.
En arrivant à ma hauteur, il me prend dans ses bras et m'embrasse, sans m'éterniser, je lui rends son baiser avant de le repousser gentiment, je l'aime mais il m'étouffe parfois. Sans s'en rendre compte il s'écarte et me pose la question fatale :
- Alors, ces mathématiques Nora ? C'est bon tu l'as ton brevet ? Me demande-t-il.
- On peut arrêter de parler de cet examen ? Les gars c'est fini. Râle-je.
Nous sommes en Amérique, je viens de France. Plus précisément, nous sommes en Floride. C'était un des seuls états à proposer un collège français. Avant notre déménagement, mes parents ont insisté à ce que j'intègre cette école. Il voulait que la transition se fasse en douceur, et qu'elle soit la plus simple possible, facile à dire quand on décide de changer de vie pour deux cultures opposées.
J'ai refusé d'y aller mais je n'avais pas le choix. Je n'ai jamais compris pourquoi, on savait tous les trois que j'irai dans un lycée américain.

- C'est bon c'est une question. Répond Tom. Je vous présente donc Tom, le chiant de la bande. Il n'y a pas d'autres mots pour le décrire, il sont tous amis avec lui mais je ne lui ai jamais fait confiance. Souvent coureur de jupons, un peu alcoolique sur les bords en soirée, et adore fumer. Chose que je ne comprends décemment pas mais bon, chacun sa vie.
Je l'ignore c'est plus facile. Donc après l'avoir fixé quelques secondes, un sourire narquois sur ses lèvres et un visage sans émotions pour moi, je détourne les yeux et Cameron brise la glace.

- Bon, Mc do ? On acquiesce et prenons la route, je monte avec Cameron. En passant le portail pour la dernière fois je me rends compte que je n'ai pas envoyé le message à mon père, je le fais dans la foulée.

Nous commandons et nous mettons à manger, le bruit des clients m'agacent et hypocritement celui de mes amis aussi. Je suis tout sauf sereine, je suis complètement stressée. C'est le dernier moment pour leur annoncer. Leur annoncer que demain je pars pour la Californie, que je ne les verrai plus jamais.
Il y a un an mon père a eu une proposition d'emploi très intéressante, il est cavalier professionnel et tourne sur des épreuves 5*. Le but était de devenir le cavalier des installations du propriétaire et ensuite de racheter les écuries pour un petit prix. Il n'a pas hésité longtemps et depuis il rentre à la maison pendant deux jours une fois par mois. Il a emmené ma jument Blue Pearl il y a trois mois ainsi que mes chiens et chats. Je n'en peu plus, ça fait donc trois mois que je ne monte pas à cheval, un supplice pour une fille comme moi qui doit monter sept jours sur sept.
J'ai toujours été à la fois très froide et à la fois plutôt chaleureuse. Seule Camille a réussi à me faire baisser un peu la garde ainsi que Cameron. Et, même si les autres, j'en suis sûr, me considère comme une très bonne amie, je ne leur ai jamais fait totalement confiance.
Revenons à nos moutons, comment leur dire : "hey les amis, je vous ai pas dit ? Je pars en Californie demain, aucune chance que l'on se revoie". Impossible. Une voix qui m'est très familière me remet les pieds sur terre, celle de Solen.