Chapitre 20 : Réflexions

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Chose promise, chose due ! ;)

{3700 mots}


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Karma n'avait rien ajouté, et Nagisa n'avait pas répondu. Qu'y avait-il de plus à dire ? Les deux collégiens étaient juste restés là, dans le silence, l'un à côté de l'autre à observer la dernière demeure des Humains. Au bout d'un certain temps, ils s'assirent dans l'herbe. Pendant dix minutes, seul le bruissement du vent entre les feuilles et les ailes des grillons se fit entendre. Puis Nagisa brisa le silence :

 -Pourquoi ?

 -Pourquoi quoi ? demanda le rouge après un moment

Le bleuet hésita ; lui-même n'était pas vraiment sûr du sens de sa question. Il se donna quelques minutes d'hésitation pour reformuler son interrogation :

 - Pourquoi m'avoir emmené ici ?

 - Oh... Je pensais que tu allais demander pourquoi je déteste cet endroit.

 - Oui, ça aussi j'aimerais le savoir, mais je ne pense que que tu répondrais à cette question. C'est pourquoi je ne l'ai pas posé. Je ne veux pas te forcer à parler de ça...

 -Tu penses bien, Nagisa.

Le ton employé par Karma semblait distant. Son esprit était ailleurs, comme le représentait son regard vague se promenant sur l'horizon. Sa voix était dénuée de tout sentiment, comme si son discours sur les croyances l'avait vidé de son humanité. Il parlait d'un ton monotone, sans aucune intonation.

 - Je ne sais pas trop... Je crois... Je crois que j'avais besoin d'y voir plus clair.

 - Comment ça ?

 - Il s'est passé un tas de choses Nagisa. Pas seulement depuis le début de l'année mais surtout ces dernières semaines. Et à chaque fois qu'il nous arrive un truc, on se dit "là on est arrivé à la limite des faits invraisemblables qui nous tombent dessus en une période". Pourtant, à chaque fois il se passe encore quelque chose. Et on se laisse emporter par l'action, on s'occupe du problème présent puis on passe à autre chose parce qu'on a pas le temps de s'attarder sur ce qu'on ressent ; parce qu'il reste encore tellement de choses à faire et qu'il peut toujours nous arriver un truc. Alors on se donne pas le temps de prendre du recul, on est toujours en plein centre de l'action, à courir après les gens, mais on y est pas obligé Nagisa. On n'y est pas obligé. Parfois, il faut savoir s'arrêter et faire le point. On a besoin de se poser et de discuter, et...

Il s'arrêta un instant, cherchant ses mots.

 - Est ce que tu te rends compte de cette fuite en avant qu'on mène depuis des mois ? Est ce que t'as déjà pensé à la façon d'appréhender les choses ? Pas la manière dont tu règles le problème, mais la manière dont tu ressens le problème, dont il affecte ta vie. On est juste... tellement débordés par nos émotions qu'on ne les voit même plus, qu'on essaie même plus de les comprendre ou de leur donner un nom. Pourtant Nagisa, quand on y réfléchit vraiment . . .

Aucune fin ne vint compléter la phrase en suspens. Nagisa fronça les sourcils : que se passe-t-il lorsqu'on y réfléchit vraiment ? Il voulait savoir. Pourquoi Karma ne terminait-il pas sa phrase ? Était-il encore en train de réfléchir ; en train d'y réfléchir ? L'androgyne attendit, il patienta un certain moment, mais la bouche du sadique s'était verrouillée.

𝐖𝐡𝐨 𝐀𝐦 𝐈 ?  [ INCOMPLETE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant