Chapitre 26 : Indifférence

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TW : évocation de violence familiale et mort.


Nagisa eut le souffle coupé. Il ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Qu'était-il censé répondre à ça ? Est ce que Karma était sérieux ? Il voyait mal le rouge plaisanter sur ces choses là, et encore moins avec cette expression là.

- Tu penses que ça va, reprit le sadique, mais tu te voiles la face. T'es en train de foncer dans un mur à pleine vitesse en pensant que ce n'est pas grave tant que tu te relèves après. Mais, je suis désolé de te le dire, tu ne te relèveras pas toujours. Un jour tu ne pourras plus supporter tout ça. Un jour ce sera trop pour toi.

Pendant qu'il parlait, le rouge essayait tant bien que mal de contenir la rage dans sa voix, mais malgré tous ses efforts pour paraître plus calme qu'il ne l'était à l'intérieur, son attitude et son ton laissaient un peu transparaître qu'il ressentait. Et comme Nagisa avait au fil des années appris à lire sur les visages  —c'était une faculté de survie avec la mère qu'il avait—  il sut donc avec un peu de concentration reconnaître les émotions qu'affichait l'expression faciale du matheux.

Colère, frustration, tristesse, peur, regret, désespoir, lista mentalement le bleuté. Mais il y avait un dernier sentiment qu'il ne reconnut pas, car il n'y avait jamais vraiment fait face ; du moins pas de cette manière là. Shiota n'avait pas reçu assez d'amour dans sa vie pour comprendre que c'était ça qu'il y avait derrière le comportement perturbant de son camarade de classe.

- Je veux pas arriver en classe un jour et qu'on m'annonce que Shiota Nagisa est tragiquement mort par des "circonstances inexpliquées", et que je serais le seul à savoir que ce serait à cause d'elle.

Sa voix tremblait. Tout son corps tremblait. Il perdait le contrôle. Chaque mot lui arrachait la gorge. Chaque respiration lui déchirait les poumons. Et il maintenait les yeux fortement fermés comme s'il se trouvait dans un cauchemar dont il n'arrivait pas à se réveiller.

- Je ne veux pas débarquer chez toi un jour et tomber sur ton corps inconscient et sanglant suite à une énième dispute avec cette femme.

Nagisa fut parcouru de frissonnements désagréables en écoutant les paroles de son hôte. Il voulait qu'il arrête de parler. Il ne pourrait pas supporter un mot de plus. Il ne les supportaient déjà plus.

- Je ne veux pas assister à un autre enterrement.

Mais au lieu de lui couper la parole, au lieu de le supplier d'arrêter, au lieu de se lever et de partir, l'androgyne relâcha ses bras le long de son corps. Ces bras qu'il gardait autour de son buste pour empêcher Akabane d'avoir accès à ses blessures, il les décrispa ; et par cette action silencieuse, donna donc l'autorisation au matheux de s'approcher. Mais comme Karma ne réagit pas tout de suite, trop occupé à gérer ses propres émotions qui débordaient malgré lui, le garçon aux couettes azurs dû être un peu plus explicite.

Il attrapa la trousse à pharmacie que son vis-à-vis avait précédemment ramenée, l'ouvrit, et en sortit la pommade cicatrisante à étaler sur les bleus. Il poussa l'objet vers Karma, l'intimant silencieusement de s'en servir. Nagisa espérait que laisser le rouge s'occuper de ses blessures permettrait de le rassurer un peu de ses angoisses. Il savait que les mots ne suffiraient pas à le calmer. Alors, juste cette fois, surtout en voyant son ami aussi vulnérable, il pouvait bien céder.

Le locataire de la maison finit par rouvrir les yeux et se saisir du produit pharmaceutique avant de croiser le regard inquiet et désolé de son invité.

- Je peux ? demanda-t-il pour avoir une confirmation orale.

Un faible sourire déforma les lèvres de l'androgyne. Il trouvait que Karma avait gagné en maturité, maintenant qu'il lui demandait son consentement avant de toucher son corps. Dire que la veille à peine il lui avait retiré de force ses vêtements "pour rigoler" . . . Le collégien hocha la tête, souffla un coup, et ôta lentement son haut. Il était incapable de soutenir le regard de son vis-à-vis et maintenait donc les yeux rivés sur ses pieds. Il savait qu'il était en train de rougir à mort, mais il ne pouvait pas le cacher.

𝐖𝐡𝐨 𝐀𝐦 𝐈 ?  [ INCOMPLETE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant