Chapitre 29 : Deux Cœurs Blessés

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Ils étaient à présent assis sur le canapé dans le salon. Aucun des deux ne se rappelait quand et comment ils avaient changé de pièce, mais ils étaient là maintenant. Les sanglots du bleuté commençaient peu à peu à se calmer. Il avait dans ses mains le paquet de mouchoirs que lui avait donné son ami un peu plus tôt. Il reniflait péniblement, tentant d'ignorer le mal de crâne que lui avait donné sa crise de larmes. Ses joues étaient encore sillonnées de rivières salées, que le sadique essuyait de temps à autres par une légère caresse de ses doigts.

Akabane avait une jambe pliée et posée sur le divan pour lui permettre d'être tourné face à son invité, qui lui était assis plus traditionnellement. Ils ne disaient rien depuis un long moment. Nagisa avait même totalement oublié l'idée de rentrer chez lui. Sa mère était soudainement devenue la dernière de ses priorités.

Alors que l'androgyne mettait toute son énergie à arrêter de pleurer, son camarade avait l'esprit totalement ailleurs. Ils ne savaient pas quelle heure il était. Le bleuté en avait même oublié de rentrer chez lui.

Personne n'aurait jamais pu prévoir que les choses se passeraient ainsi. D'ailleurs, personne ne pourrait jamais croire ce qu'il se passait ici. Les piétons qui passaient devant la bâtisse familiale étaient bien loin de soupçonner toute la douleur présente dans cette maison. Et leurs camarades de classe qui profitaient de leur weekend avec leurs familles n'imaginaient sans doute pas les cris et les larmes qui s'étaient déversés ici. 

Karma soupira doucement, toujours perdu dans ses pensées. Il essayait de remonter le fil de cette histoire. Un débat dans un cimetière, une dispute sur Hiromi, une moquerie sur l'androgynie, un séjour à l'hôpital, un combat dans une attraction . . . Mais c'était quoi exactement le début de tout ça ? Quand est-ce que la situation avait dégénéré ?

Le rouge n'aimait pas ne pas avoir le contrôle. Il avait toujours vécu en ayant toutes les cartes en mains, et lorsque ce n'était pas le cas, il se battait impitoyablement pour les obtenir. Le système éducatif de l'école ne lui plaisait pas ? Soit, il avait fait en sorte d'être envoyé dans la classe E malgré ses notes irréprochables. Une bande de voyou lycéen faisait des problèmes dans le quartier ? Pas de problème, il allait prendre par surprise le boss et le menacer afin qu'il déguerpisse. Un monstre gluant menaçait de détruire la Terre ? Dans ce cas, il allait prendre la direction d'un plan d'assassinat avec un maximum de chances de réussite en utilisant chacun de ses camarades comme pantin pour arriver à ses fins.

C'était comme ça qu'il réfléchissait, et comme ça qu'il avait toujours réfléchi. Certaines situations ne se débloquaient pas facilement, c'était vrai, et parfois il s'amenait plus de problèmes que de solutions, mais la plupart du temps il arrivait adroitement à échapper aux lourdes conséquences de son égoïsme.

Mais actuellement, la situation lui échappait des doigts. Comme si la maltraitance de Nagisa n'était pas un problème assez complexe à gérer, il avait fallut que ce dernier lui rappelle une histoire que le rouge avait enterré depuis longtemps. Il n'avait jamais voulu en parler. Il détestait qu'on s'y intéresse. Il détestait qu'on pense qu'il n'était qu'une victime. Il avait survécu, il allait bien, il était loin d'être à plaindre !

Mais le voilà à devoir gérer les larmes intarissables de l'androgyne qui démontrait une compassion et une empathie sans égal. Et Akabane ne savait pas comment gérer ces émotions qui lui étaient si lointaines. Pas inconnues, non, mais tellement éloignées de lui...

Dire que tout ça était parti d'une blague, une simple taquinerie . . . Et ils étaient passés par des cris, des câlins, des coups et des pleurs. Mais quelle était leur destination ? Où allaient-ils sur se chemin zigzaguant entre la peur et la souffrance ? Ils parlaient, ils se consolaient, mais le sadique n'était pas sûr que cela puisse les mener quelque part.

𝐖𝐡𝐨 𝐀𝐦 𝐈 ?  [ INCOMPLETE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant