Chapitre 15 : Les explications

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Point de vue Lyra
Ma nuit a été des plus mouvementés, je revois encore Théo se transformer, les autres loups, la bataille entre lui et un autre, le loup couleur fauve…

Je suis pas sûre qu’il s’agisse de Liam, mais une part de moi me souffle qu’il était présent, que ce loup était lui, mais juste après ça, une question persiste : pourquoi ne pas me l’avoir dit ?!

Je tourne, encore et encore dans mon lit, je regarde une nouvelle fois l'heure présent sur mon réveil : 5h23. Avec les évènements d’hier, je ne sais pas comment j’ai fait mais, avec le violon, j’ai eu l’impression de pouvoir contrôler ses énormes loups. Plus les notes étaient fortes, plus ils étaient puissants, plus je faisais passer la colère, plus ils étaient enragés.

Comment trouver une réponse à ça ?

Sachant que je ne peux plus dormir, je mets un gilet de laine bleu ciel et descend dans le salon, contre la baie vitrée est placer un piano à queue noir de la marque Steinway, le piano de ma grand-mère. Lorsque j’y penses, presque tous les instruments que j’ai viennes d’elle, ma grand-mère, celle qui m’a élever comme sa propre fille.

De là où il est placé, les étoiles se reflètent sur le piano, le halo de la lune lui donne un aspect enchanté, l'envie de jouer se fait de plus en plus forte.

Je finis par me poser face au piano, puis après avoir caressée les touches ivoires du bout des doigts, je me mets à fermer les yeux et laisse mes mains aller et venir sur les touches, laissant une douce mélodie retentir dans le salon.

Cette mélodie, c’est ma grand-mère qui me l'a apprise, la jouer, c'est comme l'avoir à mes côtés. Je vois encore son visage parsemé de rides, ses deux grands yeux bleus. Ses cheveux blancs et long.

C’était une femme corpulente à cause de nombreux traitements, mais très attachante. Elle a été, pour moi, la présence maternelle qui me manquait.

Sur les touches ivoires, je transmets ma tristesse, ma rancœur face à ce secret, dont je suis presque certaines, que j'ai découvert bien malgré moi, je n'en reviens tout simplement pas qu'il m'ait caché quelque chose d'aussi important. Comme s'il ne me faisait pas confiance.

Alors que je joues Tallis One de Samuel Lindon je sens quelqu’un s'asseoir à côté de moi. Je ne dis rien et continue de jouer, les yeux fermer. Je me mets ensuite à jouer primavera de Ludovico Einaudi d'abord seule, puis rejoins par la personne à mes côtés.

Pendant que l'on joue, que l'on se laisse porter par la musique, le soleil se lève et se reflète doucement sur le piano. Une fois fini, je le laisse me prendre doucement dans ses bras avant de parler.

- Bonjour papa…
- Tout va bien ma puce ? Me demande-t-il en m'embrassant les cheveux.
- … T'a-t-on déjà trahi ?
- Trahis ?? Il semble surpris, après quelques secondes de réflexion il reprend. Enfaite, oui, mais pourquoi cette question ?

Dois-je lui dire la vérité ? Lui mentir ? Je ne prends que quelques secondes mais décide de faire un mélange des deux, après tout, une semi-vérité n’est pas un mensonge.

- Quelqu’un de proche me cachait quelque chose, je l'ai appris hier et… ça me fait mal de savoir qu’il ne me faisait pas assez confiance pour me le dire…
- Je vois… tu sais, parfois on a peur, on a peur de briser une amitié en révélant une partie de nous. Ce n'est pas une question de confiance, disons plus, que c'est la peur du regard de l'autre. Si tu avais un gros secret, quelque chose que tu dois garder sous silence ou dont tu as honte, iras-tu le dire ?

Plus j'y pense, plus je me dis qu’il a peut-être raison, je ressens un poids dans le cœur, dû au fait d'avoir été mise sous la touche, de ne rien savoir, mais au fond, l'aurais-je acceptée tels qu’il est, s'il me l'avait avoué plus tôt ? Pas sûre…

- Il y a autre chose ? Demande mon père en me regardant.
- Je pensais à grand-mère, tu sais, quand elle me disait que nous pouvons transmettre nos émotions et notre colère, tu penses que c’est possible ?
- Je ne sais pas ma puce, je dirais que nous avons notre propre libre arbitre, après nous pouvons influencer nos humeurs avec des paroles de chanson ou de la musique aussi, mais contrôler les autres, je n’en sais rien. Il embrasse mon front avant d’ajouter. Aller viens manger trésor.

Après avoir déjeuner avec mon père, celui-ci parti travailler, je reste donc là, sur le canapé, après avoir pris le premier roman qui me passe sous la main. Je ne réussis pas à me concentrer plus de trois minutes, je relis encore et encore la même page, les mots semblent voler devant mes yeux. J'ai compris que, tant que cette histoire n’est pas tirée au clair, je ne peux pas penser à autre chose.

Des bruits de pas attirent mon attention, je sais que c'est Liam qui descend les escaliers. Il y a toujours eu cette connexion entre nous, qui fait que je ressens ses émotions, comme si nous étions des jumeaux séparés à la naissance.

En le voyant descendre, je ressens une profonde tristesse, je ne comprends pas ce sentiment, ce n’est pas moi, mais réalise qu’il s’agit de lui au moment où je vois ses yeux. Ses yeux verts ont rougi, sûrement à cause des larmes et je l'entends faire les bruits étranges, comme un chiot qui se met à pleurer.

Je me lève doucement et cours dans ses bras pour lui faire un câlin, mes bras autour de son cou et les jambes autour de sa taille, je m’accroches à lui comme un petit à sa mère, sans que je ne contrôle quoi que ce soit, des larmes se mettent à couler.

- Pardon, pardon, pardon, pardon… ne puis-je m’empêcher de lui dire

Je ne cesse de m’excuser en continuant à pleurer silencieusement. Est-ce à cause des révélations d'hier ? Du stress ? Je n'en sais rien du tout. On finit par se séparer mais je restes, malgré tout, sans ses bras.

- Maintenant tu vas tout me raconter lui demandé-je en prenant sa tête entre mes mains. Pas de secret entre nous Liam.

Il se met à me tenir fermement les cuisses, puis à coller son front contre le mien. Alors qu’on ferme tous les deux les yeux, il se met à murmurer.

- Aucun secret

On se pose doucement sur le canapé, moi toujours sur ses jambes, et tandis qu’il me caresse doucement le dos, il commence ses explications.

- Comment te l’expliquer… tu connais déjà les légendes et, pour la plupart, elles sont vrais, je… je ne sais pas vraiment quoi dire. Je ressens le devoir de te protéger.

De quoi doit-il me protéger ? Je l'ignore, avant que je demande si nos autres amis le savent également, il me demande d'aller me préparer car il n'est pas le seul, à devoir me révéler des secrets.

La légende est réelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant