Les étoiles reposent dans tes yeux.

3- Sous les étoiles

CHAPITRE 3

ISAAC

« Sous les étoiles »

–  T'en fais pas mec, ça va bien se passer, ça fait des mois que t'es pas sorti, viens avec nous chez Matt !

– Je crois pas Liam, j'ai pas trop la tête à ça ce soir.

– Tu dis ça à chaque fois ! Alors je veux bien croire que des fois tu n'es pas d'humeur à faire la fête mais faut bien te sortir des fois....

Après la lourde insistance de mon meilleur ami, je finis par céder et me laisse conduire à cette fameuse soirée. On arrive devant une immense maison, les portes grandes ouvertes, des personnes à moitié ou même complètement saoules partout et la musique qu'on peut entendre dans tout le pâté de maison. Vous savez, c'est le genre de soirées que l'on voit seulement dans les films américains, j'ai moi-même été surpris lorsque j'ai vu qu'on pouvait retrouver ça dans une petite ville comme Port D'Orée. Matt me tend un verre rempli d'un liquide transparent dégageant une forte odeur, sûrement de la vodka. Je le prends poliment mais le repose sur une table aussitôt avant qu'il ne me voit.

J'ai décidé de ne pas boire lorsque mon frère a renversé un enfant alors qu'il était ivre. Ce jour-là, j'ai renoncé à l'alcool et à toutes sortes de drogues par peur de faire la même connerie que lui. Mon imbécile de frère a quand même décidé de prendre le volant cette soirée là.

– Isaac tu joues ?

– À quoi ?

– Bordel mais tu nous écoutes quand on parle ? On va se faire un beer pong !

– Je vous ai déjà dit que je ne bois pas.

– Allez, tu peux bien faire...

Je ne l'écoute pas terminer sa phrase et je sors prendre lair. C'est la même chose à chaque fois, c'est pour ça que je ne viens plus en soirée, surtout chez Matt. Et puis, je me sens très vite mal à l'aise lorsque je me retrouve avec des gens que je n'apprécie pas particulièrement. Dans ces moments là, la chose qui peut me rassurer est de regarder les étoiles, je m'allonge dans l'herbe pour contempler le ciel, l'astrologie me passionne depuis l'accident. Je suis sûr que ce petit gars, mort bien trop tôt, est là haut, quelque part à veiller sur sa famille comme je veille sur les étoiles tous les soirs.

Deux filles sortent de la maison, l'une est blonde avec les cheveux épais et ondulés, l'autre que je ne distingue pas trop, à l'air énervée. Elles s'approchent assez près de moi pour que je puisse entendre leur conversation, je m'assois pour regarder leur échange.

– Charlie, pourquoi t'as bu ? Tu sais très bien ce qu'il s'est passé la dernière fois !

– J'en avais besoin pour oublier, je n'ai pas bu beaucoup, juste quelques verres.

– Ça a suffit à ce que tu sois ivre, tu sais très bien que tu ne tiens pas lalcool. J'avais dit à Lukas de ne pas t'amener ici.

– Oh c'est bon, amuses toi un peu aussi, où est ma Alwena un peu fofolle à moi ?

– Elle est toujours là mais pas quand il faut veiller sur toi. Tu as vu l'état dans lequel tu es?

– Tu me protèges beaucoup trop.

La blonde, je crois qu'elle s'appelle Charlie, s'assoit par terre non loin de moi mais son amie reste debout. J'arrive mieux à la voir, elle est grande et brune, les cheveux très lisses.

– Allez Charlie, je te ramène chez Kathel.

– Non ça ira, t'en fais... attends !

Charlie se retourne et m'observe droit dans les yeux durant plusieurs secondes, je finis par tourner la tête, gêné. Je la vois se lever d'un trait et courir vers moi.

– Toi ! Je te reconnais ! Alwena regarde c'est lui !

– De quoi tu parles ? lui demande son amie.

– C'est lui qui a renversé Noah, je le reconnais. Il a des lunettes maintenant.

Elle se tourne vers moi :

– Tu as arrêté de boire j'espère ?!

– Charlie, calme toi, intervient son amie, ce n'est pas lui.

– Réponds-moi ! Ça te fait plaisir de voir comment tu as détruit ma vie, ma famille, tu m'as tout pris en prenant la vie de mon petit frère. Salaud.

– Je... non, ce n'est pas moi, je n'ai jamais bu d'alcool.

– Ne mens pas, je te reconnais. Je ne t'avais pas vu depuis l'accident mais je me rappelle très bien de toi, je reconnaîtrais ton visage entre mille.

– Tu dois vraiment faire erreur, ce n'est pas moi, je ne te connais pas.

– Je me souviens de ton regard, je men souviendrais toujours, tu avais les yeux injectés de sang et les iris aussi noirs que ta pupille. Je te déteste ! Je te déteste ! JE TE DÉTESTE !

Elle sagenouille à côté de moi, les sourcils plissés et déterminée à me gifler, mais je l'arrête et attrape sa main. Pendant quelques minutes j'avais oublié ce que mon frère avait fait, l'accident avec ce petit garçon, j'étais bien trop occupé à m'intéresser à ces deux filles.

Elle s'empresse de tirer sur son bras qui glisse de ma main en marmonnant :

– Je ne touche pas des gens comme toi.

Son amie s'approche de nous, elle attrape son amie par le bras pour la relever en s'exclamant : 

–  Bon putain Charlie Brown ! Tu arrêtes tes conneries ce n'est pas lui. Allez on sen va !

J'écarquille les yeux, ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être elle.

–  Attends, ton nom de famille cest Brown?

Charlie est debout, toujours le bras tenu par son amie, elle se tourne vers moi et me lance :

–  Tu devrais t'en souvenir pourtant.

– Merde ! Tu vas arrêter de me crier dessus comme ça, ce n'est pas moi !

Puisque je hausse le ton, elle se calme naturellement, et me regarde dire :

– Mais je viens de comprendre ce qu'il se passe, tu fais bien erreur sur la personne mais pas totalement. Ce n'est pas moi qui ai renversé ton petit frère, mais mon frère à moi. Je suis tellement désolé pour tout ce que mon frère a fait subir à ta famille, il n'a pas voulu tout ça et tu ne mérites pas de vivre avec la connerie de mon frère sur la conscience.

Sur mes mots, elle s'effondre en larmes sur le sol à côté de moi, comme si, au fond, en me confondant avec mon frère, elle espérait tout de même que ce ne soit pas lui.

Et je me rends compte que mon frère a réellement détruit cette fille.