15- Une première journée chargée

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CHAPITRE 15

CHARLIE

« Une première journée chargée »

Ce premier jour à l'université était moins stressant que je l'avais imaginé. J'ai toujours aimé les premiers jours de reprises, après les vacances, quand tu revois toutes tes copines et que tu n'as pas vraiment besoin de suivre ce que disent les professeurs. Mais aujourd'hui, ce n'était pas pareil, si tu n'écoutes pas ce que disent les profs, c'est ton problème et je ne peux même pas compter sur mes meilleures amies car on a pas les mêmes options. Je prends mon portable pour regarder l'heure et pour aussi, je l'avoue, vérifier si j'ai reçu un message. Ce mec me rend dingue, je passe mon temps à penser lui. Comment peut-on être aussi mignon et discret à la fois ?! Mince, j'ai regardé mon téléphone mais je sais toujours pas quelle heure il est... Et voilà ! Faut que je me dépêche sinon je vais arriver en retard pour mon premier jour avec Isaac.
Je viens d'arriver chez le glacier qui est actuellement vide, mais vu le bruit que fait la sonnette, quelqu'un devrait arriver assez rapidement. Cette boutique est assez petite mais fonctionnelle, il y a deux grandes vitrines remplis de glaces ainsi qu'un frigo dans un coin remplis de gâteaux glacés. La décoration est magnifique, il y a énormément de couleurs et de différents tableaux ainsi qu'une grande ardoise avec tous les parfums énumérés. J'attends à peine une minute que Isaac arrive.

– Salut, je vois que tu t'es pas perdue, me dit-il avec son sourire en coin.

– Me perdre ? Dans ce village ? Je suis mauvaise en orientation, mais pas à ce point-là.

– Viens, je vais te montrer comment la boutique fonctionne avant l'arrivée des clients.

Je suis un peu déçue qu'il redevienne sérieux aussi vite. Il m'explique qu'une journée sur deux je serai en charge de la caisse, et que les autres jours, je serais en préparation des commandes. C'est dingue, le nombre de parfum qu'ils ont. J'en ai jamais vu autant. On passe de la pistache basique, à « cocktails d'été » ou encore, « souvenir d'enfance ». Sérieusement, comment peut-on mettre le goût de l'enfance dans une glace ?

– C'est quoi, ton parfum préféré ? lui demande-je soudainement.

– J'en ai pas vraiment, et toi ?

– T'en as forcément un, c'est pas possible de tout aimer sans avoir de préférence. Aller, dis-moi, le supplie-je avec un regard de biche.

– Si je devais en choisir un, ce serait le chocolat. Contente ?, dit-il taquin. Et toi ?

– Avant j'aurais dis framboise sans hésiter, mais quand je vois tous les parfums que je n'ai jamais goûté, je pourrais vite changer d'avis.

– Oui, le but c'est de proposer un large choix de parfums entièrement fait maison...

– Et comment tu peux mettre « douceur de printemps » dans une glace ? je lui demande ironiquement.

– Ne me demande pas où ils trouvent ces idées farfelues, mais c'est notre meilleure vente avec celle-ci. D'ailleurs tu devrais l'essayer tant que les clients ne sont pas là, m'explique-t-il tout en me montrant du doigts le parfum « premier baiser »

Je rougis, il m'a eu en beauté !
D'habitude je ne suis pas du genre à rougir pour un rien mais ce garçon me fait perdre la tête. Fait-il référence à notre première tentative ratée ou est-ce vraiment l'une de ses meilleures ventes ? Je ne le saurai sûrement jamais. Je me penche avec une cuillère et prends un léger morceau que je porte à ma bouche. Et c'est une explosion de saveurs, on dirait un savant mélange entre du chocolat et des cerises.

– Alors ? Pas mal hein ? Je paris que ton parfum préféré à changer maintenant, me dit-il avec ses fossettes.

Puis il finit de m'expliquer le fonctionnement du magasin avant l'arrivée des premiers clients. Le boulot est relativement simple, et vu que c'est le début pour moi, je ne touche pas à la caisse.
Le début de soirée se passe tranquillement, et les clients se font de plus en plus rares. On prend le temps de se connaître un peu mieux tout en commençant à nettoyer la boutique. Le carillon sonne une nouvelle fois, je relève la tête avec un jolie sourire commerciale, quand je m'aperçois qu'il s'agit de Kathel et d'Arthur.

– Hey, salut vous deux, qu'est-ce que vous faîtes là ? je demande.

– Tu croyais pas que je ne passerai pas pour ton premier jour quand même ? Je ferai une très mauvaise colocataire sinon. Et j'ai croisé Arthur sur le chemin, et il voulait lui aussi te faire un petit coucou, comme ça c'est parfait.

Puis, d'un seul mouvement, elle prend son plus bel air, sourit et salue Isaac. Il lui répond plus par politesse que par intérêt mais je ne peux m'empêcher de ressentir un élan de jalousie. Une bonne colocataire hein ? Je pense surtout qu'elle est venue se rincer l'oeil. Arthur prend de mes nouvelles, il s'inquiète pour moi, comme toujours. Je remarque qu'il y a toujours une tension entre lui et Isaac, ils s'évitent, et ne s'adressent que la parole lorsqu'ils sont obligés de le faire.
Il faut vraiment que Arthur comprenne que je suis grande maintenant et qu'il faut que j'avance. Je ne peux pas vivre avec ce passé qui me ronge. J'essaie d'aller de l'avant, je me force à vivre, à sourire, et je ne peux pas le faire si on me demande toutes les cinq minutes si je vais bien. Heureusement pour moi, il ne sait pas que ma dépression d'il y a quelques années est la faute du grand frère d'Isaac.

– Bon on va y aller, on se voit à la maison. Je vais te faire de bonnes pâtes avec tout mon amour, s'écrit Kathel en passant le pas de la porte.

– On se voit en cours demain, Charlie ? Demande Arthur.

Je hoche la tête d'un mouvement avec un sourire aimable. On finit nos dernières besognes puis alors qu'il fait nuit noire, il est l'heure pour moi d'y aller. Celui qui est en charge de la caisse finit un peu plus tard, le temps de la compter. Je regarde Isaac et ne sais pas trop comment lui dire au revoir. Un bisou sur la joue ? Trop bizarre. Un câlin ? Eurk. La bise ? Trop amicale. Une poignée de main ? Sur cette pensée, j'éclate de rire et vois Isaac me regarder.

– Qu'est-ce qui te fais rire comme ça ?

– Rien, je repensais à une blague qu'on m'a racontés l'autre jour, je mens.

– J'en ai une bonne que j'ai inventée si tu veux, dit-t-il en haussant un sourcil.

– Je pense pas qu'elle sera à la hauteur de mon humour mais dis toujours, répondis-je avec un clin d'oeil.

– Qu'est-ce qu'est un chat qui mange du thon ? Tu sais pas hein ?? UN CHATON.

J'éclate de rire. C'est la pire blague que j'ai jamais entendue. Comment peut-il trouver ça drôle ?! Ce garçon est désespérant.

– Tu l'as trouvée tout seul j'espère.

– Plains toi de mon humour si tu veux, mais tu as ris. Aller, tu devrais rentrer, tu dois être épuisée après cette première journée. Mais juste avant que tu partes, je voulais savoir, ça te dirait d'aller au cinéma avec moi vendredi soir ? Après les cours et je te ramènerai pas tard promis, déblatère-t-il à toute vitesse.

– J'en serai ravie, lui répondis-je en quittant la boutique.

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant