18- J'ai besoin d'air

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CHAPITRE 18

CHARLIE

« J'ai besoin d'air. »

​​Après une dizaine de minutes de marche, nous arrivons à la fête. C'est une grande maison blanche avec la plage au bas du jardin. Une énorme piscine creusée, qui fait pratiquement mon appartement, se trouve au centre du jardin. Une baraque de riches, quoi ! Une forte musique sort des enceintes près de la maison, et des jeunes à moitié saoul sautent dans la piscine tout habillés.

– Si ça te dis pas, on peut partir, Charlie. On pourrait aller chez moi et se mater des séries...

Sa proposition est tentante et même si au début je n'étais pas vraiment motivée, je regarde Isaac, lui il a envie d'y aller, alors je lui souris et puis après tout j'ai tout de même envie de m'amuser ce soir.

– Non, j'ai envie d'aller à cette fête. Elle a l'air géniale, même si la musique est pas top !

Je tape des mains en sautant comme une petite gamine, le sourire aux lèvres. Isaac a les yeux pétillants et sa bouche dessine un sourire moqueur.

– Comme tu veux. Tiens, regarde il y a ta copine Kathel. Je te laisse avec elle, je vais voir des potes.

Il me fait un rapide baiser, ce qui provoque en moi des petits papillons dans le ventre. Je me tourne vers Kathel. En ce moment, elle m'énerve un peu. Elle est de plus en plus distante avec moi mais elle se rapproche beaucoup trop à mon goût d'Isaac. Elle me fait la bise et commence à enclencher la discussion. Elle a toujours été une bavarde !

– Coucou, ça va ? Je croyais que tu étais au cinéma avec Isaac ! T'as vu cette maison ! Elle est canon ! Comme tous les mecs ici d'ailleurs ! Tu viens avec moi ? Je vais te présenter à un certain Mathieu...

– Je...

Je n'ai pas eu le temps d'en placer une, qu'elle m'attrape par le bras et me dirige vers la maison. Du coin de l'œil, j'essaye d'apercevoir Isaac, mais impossible, il y a beaucoup trop de monde. On se fraye un chemin dans la maison et j'esquive au dernier moment un verre rempli de bière qui atterrit à côté de moi. Enfin, Kathel me plante devant un mec et disparaît comme elle est apparue. Ce gars me dit quelque chose, il doit être un pote à Isaac.

- Salut, je suis Mathieu, tu peux m'appeler Mat'. Charlie c'est ça ? Dit-il en me souriant.

- Ouais, c'est moi, Charlie.

Un silence de gêne s'installe entre nous. Ses yeux verts perçant me déstabilisent. Je ne sais vraiment pas pourquoi Kathel m'a emmenée à lui. Je commence à partir lorsque ce dernier m'attrape par le bras :

- Tu ne voudrais pas que l'on parle un peu

- Euh oui... Bien sûr, je dis en souriant timidement.

- Tu es une amie d'Isaac ?

Je réfléchis pendant un petit instant, je ne veux pas parler de petit ami alors qu'il vient tout juste de m'embrasser pour la première fois, mais il est clair qu'entre Isaac et moi c'est plus que de l'amitié. J'attends assez de temps pour laisser douter Mathieu à son tour.

- Oh tu sors avec lui !

- Non... non nous sommes amis, je réponds gênée.

- Ah Ok... Isaac et moi étions de très bons amis avant.

Je remarque pensivement le 'avant', en arquant un sourcil et attends qu'il continue.

- Écoute, faut que je te dise un truc important. Suis-moi on va dehors dans le calme.

- Pourquoi est ce que je te suivrais ? Je te connais à peine !

- J'ai bien l'impression qu'Isaac a oublié de te mentionner quelques trucs... Au sujet de l'accident de ton frère.

Mon cœur se resserre à ce mot. Malgré moi, je le suis dehors dans la fraîcheur de la soirée. On dépasse un couple en train de s'embrasser et nous nous installons sur un banc, la musique et les rires derrière nous. Même dans le noir, je peux distinguer ses yeux verts. C'est flippant n'empêche.

– Tu as de jolis yeux. Un bleu et un vert... Ça donne un petit charme. Murmure Mathieu. Je n'ai jamais connu ton frère mais j'ai beaucoup entendu parlé de lui après cet accident et à ce qu'on m'a dit, il était pétillant de joie. J'ai toujours rêvé d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Tu peux ne pas me croire, mais je n'ai jamais menti à qui que ce soit. Même aux profs lorsque j'étais en retard ou que je séchais. Dans la voiture, Adam n'était pas tout seul, j'étais à l'arrière. Trop ivre aussi pour arrêter Adam et de lui dire d'appuyer sur le frein. Depuis, je ne bois pratiquement plus. Je suis en quelque sorte responsable de l'accident et tous les soirs, je m'endors avec cette idée.

Il n'était pas tout seul dans cette foutu voiture, il était deux, mais c'était Lui au volant, c'était Adam. Mes larmes coulent en silence le long de ma joue. Les souvenirs affluent dans ma tête, mais je reste forte, comme mon papa me l'a toujours dit. Mathieu reprend d'une voix calme et posée.

– A l'avant se trouvait Isaac.

Les mots se heurte à mon esprit. Il ment, Isaac me l'aurai déjà dit.

– Arrête de dire des bêtises. Isaac ne boit pas, et il n'était pas dans la voiture. Tu mens, et je t'interdis de parler de l'accident et encore moins de rapprocher Isaac à celui-ci.

D'un bond je me lève et marche vers la maison, j'ai besoin d'un verre d'eau. Les paroles de Mathieu tourne en boucle dans ma tête. Je les repousse avec haine mais elles sont toujours là, prête à ressortir leurs griffes et me lacérer le cerveau. Je connais ce garçon depuis à peine quelques minutes et il me raconte des bêtises comme ça. C'est n'importe quoi ! Lorsque j'arrive dans la cuisine, je vois Kathel assise en tailleur avec d'autres jeunes en cercle. Une personne tourne une bouteille qui atterrit sur elle. Son voisin de gauche lui gratifie d'un sourire et lance le gage :

– Je te défie de rouler une pelle à... Isaac

Quelques rires fusent et je la vois qui se penche vers Isaac, que je n'avais pas vu auparavant. Mais sans que je ne puisse rien faire, sa bouche entre en contact avec celle de Isaac. Isaac essaie tant bien que mal de se sortir mais Kathel l'attrape par la nuque et enfourne sa langue dans celle d'Isaac. Je me jette alors sur Kathel qui retombe sur le sol. Je lui donne un coup de poing dans son nez qui pisse le sang. Folle de rage, elle me le renvoie au visage mais je l'esquive. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit d'autre, des bras musclés me soulèvent et me sortent de la cuisine. Je me retourne brusquement et je tombe nez à nez avec Isaac. La colère coule dans mes veines :

– Comment ? Comment tu as pu lui rouler une pelle ? Je croyais que nous deux c'était plus que sincère ! Et, ho mon dieu. Ce gars là, Mathieu m'a appris un truc ! Le jour de l'accident. Est ce que c'est vrai que tu y étais ? Dans la voiture avec Adam ?

Avant qu'il ne puisse répondre, je m'enfuis en courant dans la nuit. Mes pieds foulent le sable tiède. Je ne peux plus réfléchir. J'ai besoin d'air.

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant