4- Une vie silencieuse

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CHAPITRE 4

CHARLIE

« Une vie silencieuse »

« Je te déteste ! »

Les derniers mots que j'ai adressés à ce type me hantent encore. J'ai hurlé ma haine, ma tristesse, mon incompréhension sans vraiment penser à ce que lui pouvait ressentir. Je suis vraiment nulle. Et dire qu'il a essayé de me consoler quand je suis tombée au sol pour éclater en sanglots mais je l'ai rejeté et je suis partie.

L'intérieur de la voiture est calme. Alwena conduit silencieusement en direction de l'appartement dans lequel j'habite. Je décuve mais mes yeux me brûlent, et la boule qui s'est formée dans ma gorge m'étouffe. Les larmes ruissellent encore sur mes joues, laissant un long sentier humide et chaud sur ma peau. Je sens à côté de moi Alwena tendre la main pour allumer la radio mais avant même que ses doigts n'atteignent le bouton on / off je lui attrape le poing en reniflant bruyamment.

- Je suis désolée Charlie.

Je tourne la tête dans sa direction et lui sourit comme je peux en guise de réponse.

- Ne t'en fais pas ça va aller.

Ça va aller. Ça va aller Charlie.

C'est ce que je me répète sans arrêt. Ce jour là, le frère de cet homme a tué Noah, et moi en même temps. Depuis ce moment-là, je me suis mise à détester la musique, ma mère aussi d'ailleurs. Cœur de pirate ne retentit plus dans la maison de mes parents. Ma vie est devenue silencieuse et c'est la seule musique qui me fait vivre.

Silence...

Mon téléphone vibre dans ma poche, me tirant de mes pensées. Je saisis l'appareil et regarde l'écran. C'est Lukas qui me demande comment je vais. Je lui réponds que ça pourrait être mieux mais que je n'ai pas à me plaindre, je suis encore en vie moi.

–  On y est, me lance Alwena.

Je la remercie d'un signe de tête et au moment de sortir de la voiture mon amie me retient par le poignet.

– Je suis là si tu as besoin, ne l'oublie pas, hein Charlie.

– Merci, je lui murmure avant de me remettre à sangloter de plus belle.

Mon amie sort de la voiture à son tour et me prend dans ses bras. Je la serre fort, mes larmes mouillant son beau chemisier à fleur.

- Aller, va te reposer un peu. Ça te fera le plus grand bien.

Je hoche la tête, claque la portière et je rentre dans l'appartement. Il n'y a pas d'ascenseur alors je cours dans les escaliers et une fois devant la porte, je trifouille mon sac à main et y trouve mes clés. Quand je rentre dans mon chez moi je découvre Kathel avec une amie à elle, posées devant la télé. Devant mon air triste, Kathel se lève et me prend les mains.

– Oh, ça n'a pas lair d'aller toi. Tu veux en parler ?

– Non pas vraiment. Merci.

– Je comprends, ne t'en fais pas.

Elle me presse les mains avant de me lâcher et de repartir papoter avec Astrid devant une série, sans doute Pretty Little Liars, je reconnais les actrices. Je secoue la tête, comme pour me forcer à penser à autre chose. Je cours dans ma chambre, attrape mon pyjama et file dans la salle de bain. Je ferme la porte à clé et allume le petit chauffage qui fait un bruit monstrueux. Je sors mon téléphone de ma poche sans but précis. Finalement je le pose sur le lavabo. Je relève la tête et je me retrouve nez à nez avec mon portrait. Je fais pitié, et je déteste ça. Quatre ans que l'accident a eu lieu et je n'arrive toujours pas à passer à autre chose, et ce n'est pas en restant cloîtrée chez moi que ça va changer. Je reprends mon téléphone et lance une recherche sur les pages jaunes du nom de l'homme qui a ravagé ma vie, il y a 4 ans. Je tombe sur une adresse pas très loin de là où j'habite.

Ce n'est peut être pas la meilleure idée du siècle mais si je parle avec ce fameux type, j'irai peut être mieux. J'arriverai peut être à voir la réalité en face. Je prends rapidement ma douche et file dans ma chambre attraper des vêtements. Je m'habille en quatrième vitesse et je sors de l'appartement avant que Kathel me pose des questions. Je dévale les escaliers, saute sur mon scooter et je fonce chez la famille Spears. J'arrive peu avant minuit et j'appuie sur la sonnette. J'attends quelques instants avant de voir des lumières s'allumer dans la petite maison. Des voix sélèvent dans la demeure. Finalement une personne sort et viens à ma rencontre. Cest une femme qui doit avoir la cinquantaine.

– Bonsoir Madame. Est-ce que le frère d'Adam Spears est ici ?

– Oh non jeune fille, il n'y a plus d'enfants ici, Adam est partis et son frère vit seul. Si tu le cherches, tu le trouvera au cinquième étage de l'immeuble en face de la salle des fêtes de Port d'Orée.

– Merci Madame ! Désolée de vous avoir dérangée à cette heure ci.

– Ne t'en fais pas pour nous. Au revoir.

Décidément je n'ai pas de chance. J'enfile mon casque et pars en direction de la salle des fêtes. J'arrive assez rapidement devant l'immeuble. Je me gare, cherche le nom de Spears sur les sonnettes et j'appuie sur le bouton. J'attends de nouveau quand une voix sort de la sonnette.

– Bonjour, qui est ce ?

– Charlie, Charlie Brown, je réponds.

Il semble étonné de me voir ici mais me dit d'attendre le temps qu'il descende. Une fois en bas, il me demande.

– Comment tu as trouvé mon adresse ?

– Grâce à ta gentille maman. Bon écoute, je voulais juste m'excuser de m'être emportée tout à l'heure sur toi alors que... voilà je t'ai confondu je suis désolée.

– Non... Ne t'en fais pas c'est normal. Je suis désolée pour ton frère, vraiment.

Un blanc s'installe et je commence à regretter d'être venue seulement dans un but personnel. Juste pour soulager ma conscience. Qu'est-ce que je suis égoïste.

– Bon et bien je vais y aller. Bonne nuit.

– D'accord bonne nuit, dit-il avant de séloigner.

Ce garçon aussi est détruit. Il est comme moi. Cependant je suis un peu vexée qu'il parte comme ça. Pourtant c'est moi qui ait mis fin à la conversation mais j'aurai préféré qu'il reste. Tant pis. Je m'apprête à mettre mon casque et repartir mais je ne sais plus ce que je fais alors je crie en direction du garçon.

- Attends !

Il se tourne et revient sur ces pas.

– Oui ?

– Je suis désolée.

– Tu l'as déjà dit ça, me fait il remarquer.

Non mais pour qui il se prend ce type !

- Euh oui je sais, c'est pour ça que je suis venue, je lui lance.

Il fait nuit mais les lumières des réverbères éclairent légèrement le visage du garçon. Je l'observe alors et je remarque qu'il n'est pas EXACTEMENT pareil que son frère. Il a un petit grain de beauté en dessous de l'œil. Il est en pyjama mais reste tout de même assez beau sans se le cacher.

– Je peux aller dormir ? me demande-t-il d'une voix douce.

– Non, je réponds du tac au tac.

Le garçon ne répond pas mais je vois qu'il rougit et qu'il commence à devenir mal à l'aise. Je ferme les yeux un instant et j'écoute le bruit de la mer, au loin on croirait entendre une nouvelle musique. Une douce musique d'espoir. Enfin, je crois...

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant