7- Ennemi, Ami ou Amour

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CHAPITRE 7

CHARLIE

« Ennemi, Ami, ou Amour ? »

"- Charlie !"

La voix de mon petit frère me provoque un électrochoc et je reprends vite contenance. Non. Je n'ai pas l'habitude d'être lâche. Et ce n'est certainement pas aujourd'hui que cela va commencer. Encore moins quand le meurtrier de mon frère se tient face à moi et rit aux éclats. Comme si rien ne s'était passé. Non. Ça, certainement pas.

Les poings serrés je m'avance vers lui. Il ne m'a pas remarquée mais un de ses amis si. Il lui chuchote quelque chose et le monstre se retourne. Il me regarde approcher avec un sourire qui se veut confiant mais de loin je remarque qu'il est tendu. Mes cheveux blonds sont emportés par les bourrasques marines, mes pieds s'enfoncent dans le sable qui se rafraîchit au fur et à mesure que le soleil rejoint l'horizon, mais mes yeux, eux, restent fixés sur leur cible. Ces cheveux noir corbeaux, couleur de la faucheuse qui a emporté Noah. Cette grande taille qui projette une ombre démesurée. Ces yeux bruns dont les pupilles étaient si dilatées ce soir-là. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme. Alors je veux voir la culpabilité les dévorer. Le dévorer. Mais là, il semble juste craindre pour sa propre personne.

– Toi.

Il me dévisage un instant, je sens qu'il me reconnaît et s'exclame:

– Tu sais que je suis désolé, putain ! Alors arrête de me fixer comme ça !

– D. é. s. o. l. é. Tu crois vraiment que ces six putain de lettres rachètent une vie ? Qu'avec un mot prononcé en deux secondes tu peux rattraper les 8 ans que tu as fauché ?

Les poings serrés, je fulmine. Depuis l'accident j'imagine tous les jours à quoi ressemblerait Noah. J'ai beau savoir qu'il est bien là haut, je ne peux m'empêcher d'en vouloir à la vie. Il y a des jours où on fait avec et des jour où on doit faire sans... Malheureusement pour Adam, aujourd'hui c'est sans.

- Je t'en prie. Je ne pense pas que ton frère veuille que tu t'énerves comme ça... 

– De quel droit parles-tu au nom de mon frère ?

J'ai presque hurlé. Les quelques promeneurs qui longeaient l'immensité bleue qui nous fait front se retournent.

– Tu l'as tué ! Je t'interdis de prononcer son nom tu m'entends ! Pour tes amis, tu es peut être une personne qui a fait une simple bêtise, mais pour moi, tu es un monstre. Un effroyable monstre et tu le restera toute ta vie ! Tu te crois à l'abri maintenant que ça fait 4 ans. Mais jamais, au grand jamais, tu ne seras blanchi. Le ciel t'observe Adam. Tu marches sur un fil. Et il ne tient qu'à moi de te faire payer tu as compris ?! Adam, tu es un meurtrier. Et tous les "désolé" du monde n'y changeront rien.

Il ne rétorque rien et se contente de me regarder fixement. Je soutiens son regard et je ne peux m'empêcher de remarquer que ses yeux ressemblent à ceux de Noah... ou plutôt qu'avait Noah. Soudain prise de vertige je tombe au sol. J'ai envie de pleurer. Je sens les gouttes d'acide derrière mes paupières. Elles n'attendent que le moment où je baisserai entièrement ma garde pour se déverser et dévaster mon visage en laissant quelques traînées brillantes. Les larmes sont traîtresses.
Elles brillent comme des bijoux. Mais des bijoux aux rebords tranchants comme les sabres qu'utilisent les pirates. Les pirates que Noah voulait rejoindre. Noah... Je sens les fissures de mon armure se répandre. Le serpent se replie, prêt à mordre. Mais je suis fière. Trop peut-être. Je me remémore tous les problèmes que cet égo m'a causé. Les bagarres à l'école, les conflits continus avec les pestes au collège. L'ado rebelle du lycée. Et maintenant, voilà que ce même égo me sauve. L'ironie est telle que je me mets à rire. Un rire discret mais assez audible pour perturber ceux autour de moi. Je me relève alors avec l'assurance d'une reine et je balance à Adam ces quelques mots :

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant