26- Un peu de recul

29 4 0
                                    

CHAPITRE 26

CHARLIE

«Un peu de recul »

Après avoir enduré à maintes reprises les explications d'Isaac, j'ai décidé de quitter la ville et de rejoindre mes parents que je n'ai pas vu depuis longtemps, cela me permettra de prendre un peu de recul et d'y voir un peu plus clair dans notre relation.
Je suis à présent dans le tramway qui mène au petit village où mon ancienne maison m'attend, le paysage aux couleurs du crépuscule défile devant mes yeux, ça me permet en quelques sortes de m'évader un peu et d'oublier quelques minutes la réalité.
La musique qui s'échappe de mes écouteurs me rend nostalgique, cette musique qui, autrefois, m'embêtait à force de l'entendre raisonner en boucle dans la maison, « Coeur de Pirate » mon frère la passait souvent et c'est pourtant devenue une chanson dont je ne peux plus me passer, je le revois danser au rythme de la musique et me regardant comme pour me dire « Je sais que ça t'embête ! C'est fait exprès grande soeur ! ».
Une puis deux larmes s'écrasent sur mon joli pull gris en laine, et je souris parfois aux idioties qu'il pouvait faire...
La voix du tramway annonce que je suis arrivé, je mets mon sac sur mes épaules et marche quelques mètres pour arriver devant la maison.
Je toque avec hésitation, cela fait un bout de temps que je ne les ai pas vu, d'autant plus que je sais maintenant toute la vérité, eux ne savent pas que c'est le frère de « mon petit ami » qui l'a percuté...
Je sais que leur fils leur manque tout comme mon frère me manque, mais je suis venue ici pour mettre au clair toutes mes pensées et ainsi me vider la tête, alors je ne ferais que passer un moment en leur compagnie, je ne veux pas les bouleverser plus qu'ils ne le sont déjà.

– J'arrive ! Crie une voix à quelques pas de la porte.

Je me dandine un peu à cause du stress, mais quand la porte s'ouvre je ne fais plus aucun geste les yeux verts de ma mère se plongent dans les miens...
Je ne les avais pas prévenu que je passais je voulais en quelque sorte leur faire une surprise !

– Charlie ?

Elle s'avance vivement vers moi et me prends dans ses bras, je n'hésite pas à faire de même, j'en avais vraiment besoin, mes muscles se détendent instinctivement.

– Entre chérie entre !

Je lui fais un sourire chaleureux et je passe le pas de la porte.
L'odeur de cannelle me parvient aux narines, la maison a toujours eu cette odeur, c'est devenu pour moi un des critères pour définir mon chez-moi...

– Steph ? Qui est-ce ?

Je reconnais la voix de mon père appelant ma mère par son diminutif de son vrai prénom « Stéphanie ».
Ma mère ne prend pas la peine de répondre puisque nous sommes déjà dans le salon ou se trouve mon père regardant un match de hockey sur glace sur son écran plat, dans mes souvenirs, cet écran plat était ce à quoi il tenait le plus, mis à part ses enfants bien entendu !
Il détourne la tête entre deux buts puis il pose son regard bleu sur moi...
Ses yeux s'écarquillent de secondes en secondes et il saute de son fauteuil pour me prendre rapidement dans ses bras...

– Papa, tu m'étouffes un peu là !

– Mais enfin chérie pourquoi ne m'as tu pas prévenu que notre fille viendrait ? J'aurais arrangé ma barbe et échangé mon jogging contre un jean

– Oh ! Vas-tu arrêter de râler ? Et puis figure-toi que je n'étais pas prévenue non plus, c'est ce qu'on appelle les surprises !

Ma mère se tourne vers moi tout en disant :

– Tu vois ce que je dois supporter tous les jours ?

Je ris.

– Patrick aide moi à mettre la table ! Nous n'allons tout de même pas laisser notre fille mourir de faim !

Mon père obéit et j'entends la vaisselle s'entrechoquer.
Papa tient à présent quatre assiettes entre ses mains et les disposent aux quatre coins de la table, ma mère le regarde surprise puis il se rend compte de sa faute d'inattention et toute la joie présente quitta la pièce...
En effet ce n'est pas très souvent que je viens ici et les seules fois où je suis de retour, mes parents sont de nouveau heureux, mais c'est aussi un moment difficile pour eux, ils n'ont plus que leur fille, leur petit garçon est parti, et c'est parfois ces petites fautes d'inattention qui me font mal au cœur...
Tandis que ma mère reprend ce qu'elle était en train de faire, mon père reste appuyé contre le plan de travail...

– Je vais prendre l'air quelques instants, je reviens ! Dis-je pour combler le blanc...

– D'accord chérie ! Réponds ma mère.

L'air frais s'engouffre dans mes cheveux et me fait un bien fou, je lève la tête et regarde le ciel, il est dégagé ce qui nous permet de distinguer quelques étoiles... Isaac ... Il m'avait dit à quel point l'astronomie comptait beaucoup pour lui... La voix de ma mère m'interpelle de l'intérieur il est temps pour moi d'aller me nourrir...
Le dîner se passe en silence, et ce jusqu'à la fin, l'absence de mon frère se fait ressentir... Ce cauchemar prend fin lorsque je monte dans ce qui était autrefois ma chambre... Je retrouve chaque objet à leurs places, aucune poussière sur mon bureau...
Puis mon moi intérieur me guide vers la chambre à côté... Celle de Noah...
Rien n'a changé. Du moins, depuis que cette soirée où j'étais rentré bourrée pour tout casser dans la chambre de mon frère. Je suppose que maman a rangé, il n'y a plus les bouts de verres par terre, ni les peluches arrachées. Ma mère a tout rangé, tout remis à leur place. Je ne peux imaginer le mal que ça leur a fait, de me voir détruire la chambre de leur fils, de mon frère, de Noah. Je m'assois sur son lit. Sa couette bleu marine s'accorde parfaitement avec les quelques posters de voitures de sport de la même couleur... Encore des larmes, ces fichues larmes qui s'échappent sans que je ne le contrôle, j'aimerais pouvoir contrôler toutes mes émotions, mais c'est bien plus difficile qu'on ne le croit...
Je retourne dans ma chambre et me glisse dans mes draps fleuris sentant la lessive de maman et je m'endors avec les joues humides...

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant