5- Rencard improvisé

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CHAPITRE 5

ISAAC

« Rencard improvisé »

En pénétrant dans la maison de Matt où il organisait une énième soirée, je ne m'attendais pas à ce que celle-ci soit différente des précédentes, et encore moins à tomber sur elle. Sans l'avoir jamais rencontrée je connaissais son nom, son visage et son histoire. Charlie Brown. Port d'Orée est une grande ville, et sa faculté accueille des milliers détudiants - sûrement parce quelle est située au bord de la mer -, aussi je n'imaginais pas la croiser, ni à cette fête ni de toute ma vie.

Dans les nombreuses fois où mon esprit avait divagué, jusqu'à me demander comment sa vie pouvait être depuis ces 4 dernières années, j'avais imaginé qu'elle quitte cette ville. Cette ville dont chaque détail, chaque lieu et événement devaient faire ressurgir des souvenirs de lui.

« Je te déteste ! »

Les derniers mots quelle ma jeté à la figure résonnent encore dans ma tête alors que je rentre à pied à mon appartement. Et encore en gravissant les marches jusquau 5e étage. Puis aussi sous l'eau brûlante du pommeau de douche et enfin en me glissant dans mes draps glacés après avoir enfilé un pyjama.

Je me retourne dans mon lit, mais impossible de trouver le sommeil. Son visage se dessine dans ma tête lorsque je ferme mes paupières. Je n'ai pas directement deviné son identité lorsquelle s'est dirigée à moitié titubante et clairement bourrée vers moi. Même dans cet état, elle était sublime. Ses cheveux blonds bouclés encadraient son visage et ses incroyables yeux. Comment les oublier ? L'un bleu et l'autre vert. Cela m'émerveille.

Au bout d'un certain temps, je mapprête à sombrer dans les bras de Morphée lorsque l'interphone retentit. Sérieusement, qui peut bien sonner à une heure pareille ? Je jette un coup d'œil à mon téléphone, il est minuit passé. Je me traîne en grognant jusquà l'interphone grésillant, appuie sur le bouton lumineux et articule d'une voix ensommeillée :

- Bonjour, qui est-ce ?

La voix que j'avais d'abord pensé ne jamais entendre dans ma vie parvient à mes oreilles pour la deuxième fois en quelques heures en me répondant son nom. Charlie Brown. Chez moi. Enfin, au bas de chez moi. Je la préviens que j'arrive puis j'attrape mes clés, ferme la porte de mon appartement et les fourre dans ma poche de short. Je fonce dans les escaliers et les dévale quatre à quatre. Ce nest qu'en arrivant à la porte dentrée du hall de l'immeuble que je réalise que je suis toujours en pyjama. Tant pis.

Une fois devant elle, je remarque qu'elle sest changée et que ses cheveux sont humides. Un scooter est garé près delle. Je lui demande comment elle a obtenu mon adresse, et elle me répond que c'est grâce à ma mère. Ensuite, elle se confond timidement en excuses alors je me détends un peu, comprenant le motif de sa visite. Après une brève réponse de condoléances de ma part pour son petit frère, un malaise s'étire peu à peu entre nous. Charlie brise le silence en prenant congé et en me souhaitant bonne nuit, d'une voix étrangement mal assurée, alors je lui souhaite la même chose.

Je me dirige vers la porte, lorsquelle sécrit :

– Attends !

– Oui ? je réponds en me retournant

Elle sexcuse une seconde fois et je lui fais remarquer qu'elle la déjà fait. Elle rétorque une phrase en bégayant, puis commence à me dévisager et jette un bref regard à mon pyjama mais ne fait aucun commentaire.

–  Je peux aller dormir ? je demande d'une voix que j'espère douce et calme

A mon grand étonnement, elle me réplique un « non » qui ne laisse clairement pas le choix et qui me fait devenir écarlate. Puis elle ferme les yeux. Je laisse une minute s'écouler et j'observe son visage devenir plus calme peu à peu. Ses boucles s'agitent légèrement au contact de la brise marine. L'air est doux, et la mer frémit plus loin.

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant