23- Overdose

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CHAPITRE 23

ISAAC

« Overdose »

Je desserre l'emprise de mes bras autour de sa taille en sentant le goût du sang rouler sur ma langue. Ma main se porte automatiquement à ma blessure. Je sens mon pouls battre entre mes doigts lorsqu'ils atteignent ma lèvre. Une grimace traverse un instant les traits de Charlie et elle lève à son tour la main.

– Tu vas bien ? Je devine ses paroles malgré le bruit assourdissant de la musique. Elle se rapproche davantage et mes yeux se portent à ses lèvres, rien qu'une seconde, puis reviennent à son visage. Ses yeux vairons reflètent à la fois de l'inquiétude, de la tristesse et une fatigue que je connais trop bien. Ses sourcils se froncent en voyant que je ne réponds pas.

Je déglutis, laissant mon bras retomber le long de mon corps.

– Oui. J'ai vu pire même si Arthur n'y est pas allé de main morte.

– Je suis désolée. Je sais qu'il était en colère mais je ne pensais pas qu'il te ferait du mal. Je commence à me demander si il est atteint de problèmes auditifs. (Le regard de Charlie s'accroche à son tour à la vision de ma lèvre écarlate tandis qu'elle essaie de plaisanter)

Je.. Je ne cesse de lui répéter que nous deux appartient au passé et pourtant il revient tout le temps à la charge et se comporte comme mon petit ami.

Mon cœur s'accélère, rien qu'un instant et je ne peux m'empêcher de lui poser la question qui me taraude l'esprit depuis pas mal de temps.

– Tu es sûre que tu ne l'aimes plus ? Même si tu ne cesses de le répéter, tu pourrais avoir encore des sentiments pour lui. Une petite partie de toi l'aime peut être toujours.

Charlie lève les yeux au ciel et pose ses paumes sur mes joues.

– Écoute moi bien Isaac Spears. Pour rien au monde je ne t'échangerai avec Arthur.

Le coin de ses lèvres se relève pour dévoiler un sourire confiant. Sans quitter mes yeux du regard, elle dépose un baiser sur ma joue. Rien qu'en un baiser, mon corps s'embrase et me rappelle ce qui s'est passé quelques minutes plus tôt. J'en veux plus, inlassablement.

Depuis quelques secondes maintenant, nos corps semblent essayer vainement de s'attirer, communiquant par un quelconque langage secret. Cette fille est comme une drogue pour moi. J'en veux toujours plus et d'une intensité qui manque à chaque fois de faire vaciller mon cœur. Une main apparaît dans mon champ de vision, rompant la bulle qui s'était formée autour de nous. Je cligne des yeux et recule, au grand désarroi de Charlie.

Kathel a le bras tendu vers moi, tenant un sac de glaçon. Elle pousse doucement Charlie et sans me demander, applique le froid sur ma lèvre. Un frisson me traverse l'échine et je grimace sous la douleur. Je peux sentir le regard insistant de Charlie sur sa colocataire. D'un geste brutal, elle s'empare de mon avant bras et me tire tout en arrachant le sac des mains de Kathel. Celle-ci hoquette de stupeur, l'agacement traversant ses traits.

– Ne me remercie surtout pas.

Les yeux de Charlie se lèvent une nouvelle fois au ciel et sans prendre le temps de se retourner, elle m'entraîne vers la sortie.

Perdu dans notre bulle, je n'avais pas remarqué que certaines personnes s'étaient arrêtées de danser et de boire pour nous observer. Je baisse la tête, ne pouvant empêcher le malaise de m'envahir. Ces regards, pareils à des rayons laser me scrutent et me découpent dans les moindres détails. Je peux lire sur ces visages inconnus de l'amusement et du dégoût. La porte de l'appartement se referme derrière moi et la tension qui s'était accumulée dans mes muscles semble se relâcher. Je lâche un soupir et me tourne vers Charlie.

Sans me laisser le temps de dire un mot elle écrase ses lèvres sur les miennes me prenant de court. Je cesse de respirer un instant pendant qu'une explosion de sensations envahit à nouveau mon corps. Mon sang s'embrase dans mes veines et j'oublie la douleur de ma lèvre, répondant à son baiser se trouvant être d'une brutalité étonnante. Elle fait un mouvement pour se détacher mais je l'entoure de mes bras, réunissant de nouveaux nos deux bouches. Sans trop savoir comment, nous nous retrouvons contre le mur, brûlés vif par une overdose de sentiments. C'est comme tout à l'heure, je ne peux plus m'arrêter.
Les mains de Charlie repoussent mon torse au bout de quelques secondes, coupant court à notre baiser. Elle tente de reprendre sa respiration, le front collé à mon épaule gauche. Puis ses mains redescendent lentement tandis qu'elle se décale, le regard troublé et la poitrine se soulevant à un rythme encore saccadé.

– Je ne sais pas ce qui m'a prit. Je n'avais jamais réagit comme ça avant. (Elle se prend la tête dans les mains en soupirant à son tour.) Voir Kathel aussi proche de toi m'a fait ressentir de la colère. (Les yeux dans le vague elle grimace lentement.) C'est ridicule. Elle essayait juste de t'aider et je me suis comportée comme une imbécile. C'est comme si je... Elle hésite, ses joues se teintent de rouge.

– Marquais mon territoire, terminais-je à sa place.

Charlie laisse échapper un gloussement et je ne peux m'empêcher de rire à mon tour tout en me rapprochant d'elle à nouveau.

– Ça ne me dérange pas trop, surtout vu ce qui est arrivé après.

Elle fait la moue tout en posant de nouveau sa tête contre mon torse. Je cale mon menton dans ses cheveux dorés, chuchotant :

– Du moment que tu ne marques pas totalement ton territoire autour de moi, ça me va.

Je la sens sourire contre mon tee-shirt. Nous cessons de parler pendant quelques secondes, le silence laissant libre cours à la réflexion. Mes pensées s'embrouillent vite, me rappelant la raison de ma blessure. Rien qu'un instant c'est comme ci j'étais téléporté au jour de l'accident. Les bruits, le choc, la panique, l'horreur et les gyrophares assourdissants envahissent ma tête. La réalité s'impose brutalement à moi.

Les paroles d'Arthur se mettent alors au dessus de tous les bruits et tournent en boucle. Je ne peux pas croire que tu t'envoie en l'air avec le frère du gars qui a tué ton frère. Je ne peux pas croire que tu t'envoie en l'air avec le frère du gars qui a tué ton frère. Je ne peux pas croire que tu t'envoie en l'air avec le frère du gars qui a tué ton frère. Je ne peux pas croire que tu t'envoie en l'air avec le frère du gars qui a tué ton frère. Je revois le visage de l'ex de Charlie, rouge de colère, furieux. Ses lèvres bougent avec une hargne sans limite, crachant ses paroles. Le dégoût se lit facilement dans chacun de ses traits.

Puis le visage de mon frère se superpose au sien, ses yeux marrons me scrutant sans émotions.
Tout se mélange alors, les sons, les couleurs. Le sang. Je perds soudainement pied, la culpabilité m'envahit et je me sens soudain à l'étroit. Je repousse Charlie qui me fixe en fronçant les sourcils. Je ne la regarde pas directement, ferme les yeux puis les rouvre. Mes mains tremblent.

- Je suis désolé.

Stupéfaite, elle me regarde m'éloigner. Je m'en vais le plus vite possible, tentant d'arrêter la torture qui m'oppresse. Mes pieds trouvent le chemin de la sortie, mes mains poussent la porte du hall de l'immeuble. Mon cerveau semble sur le point de surchauffer tandis que le froid glacial de la nuit m'accueille. Respire. Respire. Respire. Ma vue se brouille, les larmes menaçant à tout instant de rouler le long de mes joues. Un grognement sort du plus profond de mes entrailles tandis que je m'élance. Je cours du plus vite que je peux, à en perdre haleine. La rue défile de plus en plus vite mais je ne ralentis pas pour autant, tentant de me fondre dans les ombres de la nuit. De m'oublier et d'oublier cette douleur rien qu'un moment.

Les étoiles reposent dans tes yeux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant