4 - Lune rousse

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Dans ce décor qui ravirait tous les  yeux,
Ils ne sont pas heureux.

Le grand hasard
Quand quelque part
Finit par se poser le regard
Ils ont alors pu voir
Malgré l'épais brouillard
Dans le troublant noir.

Il aurait fallu être là
Pour expérimenter ce qui les habita,
Comment leur expression se transforma,
De jolis pantins pantois !

Chaque traits
De leur figures émaciées
Par les années passées
Formaient soudain un tout horrifié.

Pourtant,
Qu'avait ce spectacle de si choquant ?
Quoi de plus naturel
Qu'avoir du mal à voler de ses propres ailes ?

Quoi de plus merveilleux
Que de voir rouler les larmes des cieux ?
La douce mélancolie
Se veut indissociable de la vie.

Ils n'ont pas compris
Les malheurs d'un bonheur éconduit
Qui vient brusquement s'échouer
Sur de terrifiants rochers.

Sur son support unique,
Voilà ses courbures magnifiques :
Elles brillent,
Le liquide luit.
Seule la cause de son apparition
Sait le  pourquoi de sa carnation.
Et ses petits cratères
Leur cachent bien des mystères.

Ils prétendent ne pas savoir apprécier
La suprême beauté
De celle non loin de la voie lactée.
En cette poétique nuitée,
Ils sont troublés
De réaliser
Ce que l'humanité
Est capable de s'infliger.

Leur air désolé s'est affiché,
Je ne saisis pas ce qu'ils ont à me reprocher.
La lune est rousse,
Mon esprit malade s'émousse
A tenter de comprendre le monde alentour
Avant qu'apparaissent les premières lueurs du jour.

Leur attitude
Réveille une soudaine lassitude,
Pourquoi ne se concentrent-ils pas sur cette fille
 Qui offre l'image d'un humain qui sourit ?

Puis, je remarque ce qu'ils fixaient
Depuis que cette étrange soirée
A commencé,
Sous le lampadaire de la vérité
Qui s'était enfin décidée
A se dévoiler.

Ils pleurent l'avant,
Se demandent comment
La cécité a troqué son déguisement
Contre l'illusion de leur enfant

J'ai adopté ce geste mécaniquement,
Mes prunelles pétillaient réellement
Et je m'épanouissais
Mais il a fallu que je vienne gâcher
Cette divine gaieté
Qui peu à peu revenait,
Peu à peu, souhaitait
De nouveau m'habiter
Et m'illuminer
Par sa douce clarté.
Je voulais garder en ma peau
Mes souvenirs d'ados
Où se mêlaient perpétuellement
Un alliage savant
Entre totale allégresse
Et infinie tristesse.

Je suis alors leur mouvement,
Pour enlever très facilement,
Les ongles de mes paumes,
Laissant apparaître des cicatrices  sans baume.
Alors que ma face est apaisée,
L'habitude fait son effet,
Je vois sur la leur
Se dessiner une grimace de douleur.

C'est léger, c'est automatique,
Tellement pratique,
A chaque colère, à chaque maux
J'enfonçais mes propres griffes plus loin dans ma peau;
Jusqu'à pouvoir nettement y distinguer
Dix petits croissants de lune rouge sang s'y étant formés.




Vie(s) de folie(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant