52 - Je veux le futur

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Je sais que je ne fais que parler du passé
Les coins à potins qu'on disait
Les vieilles qui radotent qu'on s'appelait

Chacun croit ce qu'il veut
Chacun croit ce qu'il peut
Au fond, je crois que je n'ai pas le choix

J'arrive pas à changer de sujet
Peut-être parce que j'ai rien réglé
Faire la paix avec mes blessures et regrets

Le présent est une prison
Le passé le coin dans lequel je me blottis
Le futur la lumière qui filtre à travers les barreaux

Je suis obligée de recommencer
Dans mon parloir, un interlocuteur
Je lui balance tout pendant des heures

Faut qu'il me comprenne
Je crois que je me comprend
Je comprends pas pourquoi il est parti

Les visages s'enchaînent
J'espère que le suivant restera
Pour pas devoir rembobiner

La bande de la cassette a des allures de chaînes
Plus de visiteurs
J'imagine leurs fantômes quand je veux m'exprimer

Et comment faire autrement ?
Je voudrais faire rire
Parler d'en ce moment légèrement

Mais voilà, je ne fais rien
C'est pourtant ce qu'ils demandent poliment
Il est trop monotone le quotidien d'un taulard

Alors je mens, juste un peu,
Passé révolu, futur lointain
Deviennent proches un Bescherelle à la main

Les mêmes satanés anecdotes
De l'idéalisée enfance
De la maudite adolescence

J'attends juste que quelqu'un les écoute
Pour de vrai
Jusqu'au bout, et poursuive la route

Peut-être qu'à plusieurs
On peut s'évader
Je suis lassée d'espérer

J'aime la profondeur d'une tendre mélancolie
Mais je connais trop bien les pièges de la nostalgie
J'ai usé mes cordes vocales dessus

Désormais j'écris pour descendre en rappel
On se raccroche à ce qu'on peut
J'ai tenter tant d'approches

Et dans les années d'obscurité que je tais
J'ai goûter la tasse d'un nouveau thé
Son poison s'est infusé

Je me suis tenue à en faire saigner mes mains
Au fil attaché au grappin
C'est sur moi qu'il a prise

J'ai accusé le passé
J'ai que le présent
J'ai voulu le futur

Dans mon présent trop plein
Dans mon présent d'obligations
De mon présent, j'ai voulu faire un tremplin

Direction le futur
Des promesses pour quand je serai libre
C'est con d'adorer les promesses sans pouvoir y croire

Quand aucune n'a été tenu
Quand j'ai dû briser certaines des miennes
Quand ce sont des mots et volontés sujets au temps

Le passé en perdition
Le présent prison
Le futur bourgeon

Et toujours cette obsessions triptyque
Se cramponner aux nombres
Quand on ne sait plus déchiffrer les mots

Je ne peux pas désirer autrefois
Lui aussi gangrené, c'est passé
Je suis pas bloquée dans le passé, j'en veux pas

Mais ça ils le savent pas
Ils ne m'entendent que tout conjuguer
Toujours à l'imparfait

On croit les sons qu'on entend
L'instinct qui cogne en ton sein, le triste déchirement
La mélodie des doux rêves, le cri de colère

Je ne peux pas désirer d'autres aujourd'hui
C'est trop étroit, l'écart des barreaux s'est rétreci
Plus grand chose ne passe par ici, je n'en veux pas

Je ne peux pas désirer un après
Chaque demain devient un aujourd'hui
D'autres ennuis infinis, je n'en veux plus

J'ignore comment on fait pour avoir un futur
J'ai répété que c'est ce que je veux
Je ne sais pas ce que je veux

Je veux des amis, du temps, de la vie
Je ne sais pas comment l'avoir
Je ne sais plus comment essayer

Au fond, je ne sais plus comment vouloir, 
Au fond, je ne sais plus
Au fond, je ne veux plus

Et pourtant aveugle, je cherche encore
Sourde à mes lamentations comme à leurs recommandations
Sans rien toucher, sans plus le goût de rien, comment sentir

Quand plus rien n'a de sens ?
Je sais pas, je sais plus, peut-être juste un peu
Elle est là ma quête, sans fiction, je cherche encore

Dans le néant, je veux quand même le futur
Je ramène du réel d'ailleurs
Dans ce qui n'existe pas encore mais que je veux si fort

Vie(s) de folie(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant