- Tu es sûr de toi ?
Je laisse mon regard le détailler. Je ne crois pas qu'il stresse. Il aurait toutes les raisons pourtant. Moi c'est le cas. Mais c'est un bon stress, et surtout je suis sûr de moi.
Ça ne peut plus continuer comme ça.
- Oui, tout se termine maintenant.
- Tu avais dit quelle heure déjà ?
Mes yeux se lèvent instinctivement sur l'horloge au mur. Malo suit mon regard avant de sourire légèrement, mais je ne me trompe pas, ses traits ne témoignent d'aucune forme d'amusement. Il garde néanmoins son sourire tout en continuant :
- Ouais, j'ai zappé d'en racheter une.
Mes yeux n'ont toujours pas quitté le verre fissuré de l'horloge ni son aiguille, condamnée à rester figée. S'il me fallait un dernier rappel de pourquoi je fais ça, je crois que je suis servi. Je me décide finalement à répondre, sortant mon portable du même mouvement pour vérifier l'heure.
- J'ai dit dix heures ici, donc dix-sept heures là-bas. Dans trois minutes.
Malo inspire un grand coup puis se rapproche de moi sur le fauteuil, s'assurant de rentrer dans le cadre. Je laisse une de mes mains quitter ma cuisse pour venir rejoindre la sienne.
- Quoi qu'il se passe après, c'est ce que j'aurais décidé, d'accord ? Je ne vais pas prendre peur.
Ses yeux me scrutent en silence, semblant creuser un puit sans fond dans mon regard jusqu'à me toucher de l'intérieur.
- C'est pareil pour moi, Rafael.
Après tout ce qu'il s'est passé, c'est l'unique affirmation qu'il me fallait réentendre. Je viens doucement capturer ses lèvres des miennes. Maintenant plus que jamais, je sais à quel point ce contact et cette sensation sont à chérir. Si j'ai bien appris une chose, c'est que même ce qui nous semble le plus inaltérable n'est en réalité qu'à la frontière de l'oubli.
- Oh merde, il est pile.
Je ris spontanément de l'entendre s'exclamer aussi fortement, et j'ai l'impression qu'à ce moment-là la pression quitte nos épaules en simultané. Je me penche vers la table basse, un sourire aux lèvres tandis que je murmure :
- Foutus pour foutus...
J'appuie alors sur le bouton fatidique, venant chercher la main de Malo de la mienne.
VOUS LISEZ
Links II [BxB]
Romance« N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme une personne ordinaire » ~ Oscar Wilde. Ordinaire. Au contraire, ce mot a toujours irrésistiblement attiré Rafael. Sa vie n'a jamais eu la prétention de pouvoir se revendiquer comme telle. Lui-même...