Chapter 12

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C'est une embuscade.

Je ne vois que ça comme raison rationnelle à ce qui m'arrive. J'ai bientôt réussi l'exploit de rejoindre la chambre, mais sur le passage je crois avoir littéralement fait tomber tout ce qui était à ma portée. Je suis persuadé que Malo les a volontairement déplacés pour se faire. Quelle autre explication ?

Je m'arrête devant notre porte, collant mon oreille contre cette dernière pour tenter de discerner les ronflements de monsieur. Oui, il ronfle. Occasionnellement. Adorablement. Sauf qu'étrangement ce n'est pas uniquement mon oreille que je plaque, mais bien l'ensemble de ma tête, provoquant un bruit sourd. Au moins je ne sonne pas creux.

— Je suis plein.

Cette constatation me fait sourire, seul, dans le noir, devant une porte. J'arrête alors aussitôt, puis me décide à enclencher la poignée pour entrer, sans faire le moindre bruit ce coup-ci. Mes yeux habitués à la pénombre distinguent Malo, allongé de tout son long, uniquement vêtu de son caleçon et recouvert d'un drap. Je chuchote donc du bout des lèvres, désireux de lui livrer le fond de ma pensée sur son embuscade mais ne voulant surtout pas le réveiller pour autant :

— Villain.

— Moi ? Je suis la victime là.

Mayday, mayday. Houston, nous avons un problème. Mais pourquoi Houston ne répond pas ?

— Tu... es réveillé ?

Je suis toujours dans l'encadrement de la porte quand je l'aperçois se relever sur un coude, le drap tombant exquisément sur l'une de ses hanches. Mais déjà sa voix s'élève de nouveau, forçant mes yeux à en faire de même pour croiser les siens.

— Un orchestre symphonique n'aurait pas fait autant de bruit que toi, mon cœur. Et... Tu m'as réveillé.

Je plisse les yeux en le fixant, comme si j'étais doté de rayons x pouvant filtrer son cerveau pour y trouver ce qu'il me cache. Est-ce que ça ferait de moi un X-Men ? J'ai toujours voulu être un X-Men. Ou un dresseur de Pokémons.

— Dis, tu préfères les X-Men ou Pokémon ?

— Qu–

Il ne termine pas sa phrase, comme restant en suspend tout en me fixant. Je suppose qu'il réfléchit à la question. Je sais, c'est un choix cornélien que je lui propose là. Je suis une horrible personne.

— Laisse-moi deviner, c'est le retour du chamallow humain, c'est ça ?

Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il se lève déjà, venant à ma rencontre. Sa référence me fait sourire niaisement. Je me rappelle lui avoir sorti ça, il y a un moment. Nous n'étions même pas encore ensemble. Je consens à lui retourner, un sourire perceptible jusque dans ma voix :

— J'étais bourré ce soir-là. Quel rapport ?

Son éclat de rire me parvient alors et c'est à cet instant que je me rends pleinement compte qu'il est maintenant juste à mes côtés. J'ai passé ma soirée à écouter les rires de tous, mais surtout de mes nouveaux coéquipiers provisoires. J'ai donc passé ma soirée à me dire à chaque reprise à quel point ils me vrillaient tous les tympans. Mais pas là. Pas Malo. Son rire à lui, même s'il résonne bien trop fortement, ne me dérange pas. La plus douce des mélodies seraient de l'entendre constamment, comme enregistré sur une bande son. Je m'apprête donc à lui demander s'il n'aurait pas un magnétophone et une cassette, ou même si ça existe encore quelque part. Or je suis coupé dans mon élan par son bras, celui-ci venant se positionner sur ma taille et me forçant à avancer jusqu'au lit. J'aime l'idée que je ne passerai pas le reste de la nuit dans cet encadrement de porte.

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