Les derniers jours ont été... mouvementés. Côté entrainements, la pagaille règne. Mes coéquipiers commencent à se tendre à l'arrivée des qualifications, ce que je comprends. Or il y a une différence entre se tendre et se déconcentrer. Beaucoup commettent des erreurs, de petites, mais des erreurs n'ayant pas leur place. Le coach en devient lui-même tendu, irritable. Seulement mes journées sont bien loin de se limiter à la course, quand bien même je le voudrais. Rajoutez-y la fin du semestre, amenant nécessairement les examens. Réussir mon semestre n'est pas une option. Je n'irais pas jusqu'à dire que ma carrière sportive dépend de mes notes, j'ai déjà depuis bien longtemps dépassé ce stade, avant même d'entrer en équipe de France. Je ne peux néanmoins continuer à jongler avec les deux encore bien longtemps en tenant la cadence. Cette année est ma dernière avant mon diplôme, je ne compte pas continuer mes études au-delà. Après cette année, l'ensemble de mon temps sera consacré à la course. Alors non, je ne peux me permettre de ne pas réussir.
Seulement il y a encore plus. Bien, bien plus.
J'en ai assez des personnes contrôlant ma vie sans y être invitées. Assez. Peut-être que si Malo m'avait écouté, que si nous n'étions pas entrés dans leur jeu, que si lui n'avait pas flanché, alors peut-être aurions-nous pu tout éviter. Or il est maintenant trop tard pour ces interrogations, ce ne sont pas elles qui feront avancer la situation, pas celles nous apportant la solution. Je ne suis pas buté, je sais réadapter mes positions. Le temps est à l'action.
Le problème, c'est que l'entièreté du plan de Leo repose sur ma personne. L'entièreté de l'attention. Je n'ai jamais aimé ça. La pression n'est mon amie qu'uniquement quand mes pieds sont équipés de crampons de course. Or encore une fois il n'est plus l'heure pour l'indécision. Quand je dis que les derniers jours ont été mouvementés, je le maintiens plus que jamais.
Leo est pragmatique, et surtout il n'a pas peur de la démesure. Pour lui la situation n'était réellement pas si bouchée que nous le prétendions. Nous étions tous familiers du problème, l'ayant retourné à maintes reprises sous tous ses angles. Mon ami a néanmoins tenu à nous le présenter à nouveau, s'assurant que nous suivions son raisonnement et s'épargnant je suppose des questions inutiles de notre part. La situation en France pour ma famille était depuis déjà un certain moment dans tous les journaux, y compris télévisés, sans que l'intérêt ne semble s'essouffler. Au contraire, c'est à se demander si le pic est réellement atteignable ou si rien ne se calmera jamais. Toujours est-il que la situation est connue de tous, mais uniquement du point de vue de mon grand-père. Selon Leo, là se situe la plus grosse faille.
Mon père pourrait intervenir publiquement, mais à quoi bon ? Il n'est qu'un dirigeant de plus, sa version n'aurait pas plus d'importance et mon grand-père possède bien plus de poids dans l'opinion publique. Ma mère serait bien trop facilement attaquable sur sa santé, sa pertinence ne tiendrait pas plus de quelques minutes. Les journaux ont déjà été témoins de la perte de contrôle de Malo et de son geste de violence. C'est donc un non de plus. Sam... n'est pas inconnue du public. Elle est très active sur les réseaux, très militante, mais aussi et surtout très à l'encontre de mes parents. Sa prise de position est déjà connue mais ne surprend personne pour ainsi dire. Elle ne possède donc pas de réel poids dans cette histoire.
Ce qui nous laisse... moi.
J'ai toujours intrigué, je le sais. Malo a intégré la boite de mes parents, Sam s'y oppose publiquement à la moindre opportunité, mais moi ? Les seules fois où mon nom apparaît, c'est pour mes succès dans la course. J'ai eu une fois droit à un article concernant ma relation avec Malo de longs mois auparavant, cependant la situation a été très rapidement gérée et étouffée par mes parents, je doute même que beaucoup aient eu vent de l'affaire. Je ne suis qu'un fantôme tout au plus sur les réseaux sociaux. Alors oui, personne ne sait rien sur l'aîné de la famille Garnier. Je suis vu comme raisonnable, sérieux, ne s'impliquant pas.
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Romance« N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme une personne ordinaire » ~ Oscar Wilde. Ordinaire. Au contraire, ce mot a toujours irrésistiblement attiré Rafael. Sa vie n'a jamais eu la prétention de pouvoir se revendiquer comme telle. Lui-même...