— Du coup... Ton mec il est gay, on est d'accord ?
— Je... quoi ?
Je regarde Nate avec de gros yeux, manquant avaler de travers ma gorgée. Je suis prêt à parier que personne d'autre ne nous a entendu, et pour cause, il s'est assuré de se pencher en avant pour me chuchoter cette ridicule question. En a t-il lui-même conscience, raison de sa discrétion ? Je le vois rougir de ma réaction, ses traits se faisant plus bougons alors que je déchiffre tant bien que mal les mots franchissant tout juste ses lèvres :
— Ta pote m'a raconté à quel point Amber avait... tu vois quoi.
Mon rire se fait aussi instantané que la lumière en moi. C'est donc ça. Je laisse mon regard dériver vers Malo, à l'extérieur de la maison et en discussion animée avec Katherine et d'autres de ses amis. Il paraît léger, allégé d'un poids n'ayant fait que croître ces dernières semaines. Il paraît simplement heureux. Je souris en le regardant quelques secondes supplémentaires, gardant ce sourire intacte tout en refaisant face à mon ami.
— Ce n'est pas moi qui vais reprocher à Am de l'avoir trouvé attirant. Mais aux dernières nouvelles, il est avec moi. Et je te rappelle que nous rentrons tous les deux et demis en France demain, donc vraiment, tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Maxine s'amuse juste un peu trop de la situation.
— Je sais que j'arrive en cours de route mais... deux et demis ?
Amber arrive en effet derrière Nate, elle aussi un verre de ponch à la main et prenant rapidement place à ses côtés. Les joues de mon ancien capitaine d'équipe se colorent à nouveau immédiatement. Il va même jusqu'à légèrement se redresser, lui adressant d'une voix incertaine :
— Amber tu... tu es là depuis longtemps ?
— Juste à l'instant. Pourquoi, j'ai raté quelque chose ?
Je me suis mille fois trouvé dans une situation où la gène me faisait perdre mes moyens, bien au-delà du millième de fois même. Alors non seulement je comprends ce ressenti, mais également je ne le souhaite à personne. Je viens donc directement en aide à Nate, axant volontairement la conversation ailleurs.
— Un et demi parce que Falcon nous accompagne. Malo a enfin obtenu le certificat il y a deux jours, tout est en ordre.
— Je vous envie... La situation je veux dire ! Ne va pas croire que Mr Nash, enfin...
— Que je quoi ?
Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que Malo s'est lui aussi joint à notre conversation, je sens par ailleurs presque aussitôt ses mains se positionner doucement sur mes épaules, l'une d'elle me caressant distraitement la base du cou. La maison de Bill est bien loin d'égaler la véritable villa de mes parents, il n'empêche que sa taille est tout à fait acceptable. Bien qu'elle soit à l'heure actuelle emplie d'une vingtaine de personnes, toutes présentes pour notre pot de départ, il faut nécessairement que les principaux concernés s'invitent à notre conversation aux moments les plus délicats. Ma vie cessera-t-elle un jour de m'inclure dans ses situations toutes plus sournoises les unes que les autres, touchant inévitablement ceux me côtoyant ? À croire que je suis plus de l'ordre du virus que de l'humain. Un seul regard en direction de mes deux amis me suffit pour confirmer mes craintes : s'ils pouvaient tous deux s'enterrer profondément, très profondément, nul doute qu'ils le feraient.
— Je... Je disais simplement à Raf que je vous envie, non pas lui, mais tous les deux. Maintenant que je le sais, ça me paraît évident que vous êtes fait l'un pour l'autre, et vous avez l'air d'être revenus de loin du peu que j'en sais, et vous partez avec votre chien, et vous partez ensemble, et vous êtes beaux ensemble, vraiment beaux, vraiment amoureux, et je ne sais pas pourquoi je parle enc—
VOUS LISEZ
Links II [BxB]
Storie d'amore« N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme une personne ordinaire » ~ Oscar Wilde. Ordinaire. Au contraire, ce mot a toujours irrésistiblement attiré Rafael. Sa vie n'a jamais eu la prétention de pouvoir se revendiquer comme telle. Lui-même...