Chapter 20

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Je sais que Katherine est restée squatter l'appartement de Malo en attendant notre départ. Je lui ai moi-même acheté les billets, elle n'en avait pas les moyens et le geste me faisait plaisir. Néanmoins elle a donc été contrainte de repartir en ma compagnie et non celle de Malo. Je ne sais pas son point de vue sur la question, or elle est si protectrice envers lui que je doute de recevoir un bon accueil. Si j'ai bien appris une chose les connaissant, c'est que les Nashenback se soutiennent qu'importe les circonstances. Dire que je suis surpris de la voir m'enlacer à son arrivée à l'aéroport serait donc un bien bel euphémisme. Je me secoue néanmoins mentalement pour réagir, passant mes bras autour de sa taille pour lui rendre son étreinte.

— On aurait pu se donner rendez-vous chez tes parents plutôt, le trajet pour l'aéroport m'a paru interminable.

Elle me regarde de ses petits yeux de chiot. Je ne peux m'empêcher de détailler son regard et son visage, y cherchant une quelconque trace d'animosité. Je sais qu'il est question de Katherine, qu'elle voit continuellement le bien dans toutes choses. Mais je me suis tellement préparé à recevoir ses reproches que je suis déstabilisé. Elle doit le percevoir, je ne suis pas le plus doué pour cacher mes émotions. Ses traits s'adoucissent alors encore un peu plus tandis qu'elle me sourit presque tendrement.

— Je n'ai rien contre toi Raffa. Je ne t'en veux pas, et... Malo non plus d'ailleurs.

Je manque lui rétorquer qu'il n'a pas à m'en vouloir, c'est lui qui a tenu à ce que l'on se sépare. «Provisoirement». Je ne suis pas du genre à faire dans les breaks, donc techniquement oui je suis celui y ayant mis un véritable terme. Mais il ne m'a pas retenu pour autant. Seulement si je n'ai pour l'heure aucune envie de m'éterniser sur ma relation passée, il serait hypocrite de dire que je ne m'inquiète pas pour lui. C'est pourquoi, après avoir repris place sur l'un des sièges de la salle d'attente, j'ose demander du bout des lèvres à mon amie :

— Comment il va ?

— Il essaie de faire ce qu'il faut tu sais. À aucun moment il ne pense à mal. Mais il te comprend, il t'a même défendu.

— Il va bien alors ?

— Pas exactement... non.

C'est quel genre de réponse ça ? A-t-on déjà vu plus vague ? Seulement au fond je pense ne pas réellement vouloir de détails. Le savoir parfaitement remis me tuerait, le savoir au fond du trou me tuerait. Je me racle alors la gorge, tentant de chasser les pensées en fusion dans ma tête, de me concentrer sur autre chose.

— Et toi ? As-tu oui ou non rencontré Jean-Paul Gautier cette semaine ?

— Tu crois qu'il suffit de sonner au portail ? Non, bien sûr que non je ne l'ai pas rencontré. Par contre il y avait les portes ouvertes d'une maison de haute couture. Tu verrais, j'ai littéralement un carnet rempli de notes. Et de croquis. Je crois que la France est le berceau de l'inspiration.

— Tu serais capable de t'y installer ? En France je veux dire, à Paris ? Ou même en province d'ailleurs.

Elle ne m'a pas répondu, s'est contentée d'hausser une épaule en souriant simplement. Le vol est long jusqu'aux États-Unis. Pourtant pas une seule fois elle n'a ramené le sujet de Malo sur le tapis. Je ne sais pas comment je me sens par rapport à ça. Je répète à tout va que je ne veux pas aborder le sujet, surtout pas. Je devrais donc m'en sentir soulagé. Mais je crois que s'en est au contraire pire. Si l'on réfléchi bien je ne connais Katherine que de part mon affiliation à Malo. Sans lui je ne l'aurai jamais rencontrée. Devoir maintenant enlever Malo de l'équation me paraît comme contre-nature, soulignant toujours un peu plus le fait que quelque chose ne va pas, ne va plus.

Une fois arrivés sur le sol américain, il aurait fallut être en déficit d'un bon paquet de neurones pour ne pas comprendre que Katherine était mal à l'aise. Son regard ne cessait de faire des allers-retours entre moi et ma valise. Peut-être se croyait-elle discrète or elle ne l'était à aucun moment. Il ne fallait pas être Einstein ou être diplômé en physique quantique pour comprendre de quoi il retournait, aussi l'ai-je presque immédiatement rassurée quand bien même elle n'avait émis aucun mot. Je lui ai annoncé que j'avais déjà réfléchi à la situation, et que Leo avait accepté de m'héberger pour les deux mois à venir.

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